vendredi 17 février 2017

Faux frères



Benoit Hamon et Jean-Luc Mélenchon vont enfin se rencontrer, aujourd'hui même. Prendront-ils un café, comme le Français insoumis l'a suggéré ? Je ne leur conseille pas. C'est trop vite bu, la discussion va tourner court. Une mousse conviendrait mieux : la dégustation est plus longue, on peut remettre une tournée, l'alcool détend, c'est bien. Mais l'alcool excite aussi, et c'est moins bien. Je ne proposerais pas un whisky ou un cognac, qui sont des boissons de droite. La vodka est réservée au FN poutinien. Alors, un jus de fruit ? Non, c'est pour les écolos. Je pencherais plutôt pour un verre de vin, rouge ou rosé. Surtout pas du blanc ! Souvenir fâcheux de la cuvée du redressement, qu'Hamon avait siroté en compagnie de Montebourg, avec pour résultat de se faire virer tous les deux du gouvernement.

Benoit Hamon et Jean-Luc Mélenchon vont se rencontrer aujourd'hui, mais au fait pourquoi ? Pour échanger, négocier, se rassembler, voir si une candidature commune à la présidentielle est possible ? Oui, je pense que c'est pour ça. Sinon, à quoi bon se rencontrer, surtout quand on est des hommes en campagne, très occupés ? Au soir de sa désignation, Hamon l'avait promis : dès ma victoire, j'appelai Mélenchon et Jadot (le candidat écolo). Macron, tintin ! Pas à gauche pour lui. Mais le coup de fil, aux dires de Mélenchon, n'est jamais venu. Hamon dit pourtant qu'il lui a déjà "parlé". Le candidat insoumis ne s'en souviendrait plus ? Il a des problèmes d'oreilles, mais tout de même ...

Bon, l'essentiel est que Benoit Hamon et Jean-Luc Mélenchon se rencontrent aujourd'hui. Mais pour aboutir à quoi ? A rien, bien entendu. Hamon ne va pas renoncer à son programme, ni Mélenchon renoncer à sa candidature. Même en vue des législatives, l'un et l'autre ne sont pas prêts à s'effacer l'un pour l'autre. Alors, à quoi bon perdre un temps précieux à une rencontre inutile ? Parce que Hamon et Mélenchon sont les deux candidats de la gauche vintage, l'un un peu plus rouge que l'autre. Cette gauche-là vit dans la nostalgie de l'union de la gauche, du Programme commun. Pour elle, l'union est un combat, aujourd'hui autour d'une tasse de café. Elle doit sacrifier au rituel, pour continuer de croire en elle-même.

Drôle d'histoire : c'est Mélenchon qui finit par fixer la date, de guerre lasse, et Hamon qui s'y rend en trainant des pieds. A l'issue, ils vont se mettre d'accord sur le fait qu'ils ne sont pas d'accord. Mais Benoit Hamon pourra toujours dire qu'il a rencontré Jean-Luc Mélenchon, et Jean-Luc Mélenchon pourra toujours dire qu'il a rencontré Benoit Hamon. En politique, il n'y a parfois que les intentions qui comptent.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Hamon comme Macron est un leurre de l'oligarchie pour empêcher une véritable alternative de gauche à la cogestion avec la droite de la mondialisation et de l'Europe néolibéraes. Emmanuel Mousset peut toujours broder une fiction qui ne fait diversion pour ceux qui sont assez naïf pour y croire.
Mélechon est une réformiste et l'actuelle querelle entre gauches irréconciliables n' a rien de neuf, pas plus qu'autant où le PCF faisait 20% des voix et cela n'a pas empêché des gouvernements progressistes comme celui du Front Populaire en 1936 puis à la Libération pour application du programme du Conseil National de la Résistance élaboré sous l'égide du général de Gaule alors que la France était ruinée par 4 ans d'occupation allemande. Il n'est pas inutile, loin s'en faut, de rappeler, que le gouvernement de Léon Blum a su rompre en octobre 1936 avec un dogme monétaire malfaisant celui de la parité dite intouchable entre le Franc et l'or. De nos jours le parti qui se dit socialiste n'a aucun courage de rompre avec un dogme monétaire de la monnaie forte érigée en mars 1983 par le gouvernement de l'époque avec l'alibi européen.

J L a dit…

La S F I O des débuts du siècle qui nous amené deux guerres abominables sur notre sol français, était un amalgame entre Guesdistes et Jaurèso-Briandiens, c'est à dire des socialistes révolutionnaires pour les uns menés par Jules Guesde et des socialistes réformistes pour les autres emmenés par Aristide Briand et Jean Jaurès pour les autres.
Cette S F I O a survécu à la création du Parti Communiste. Elle a duré jusqu'à la fin des années de Gaulle.
Tout ça peut à nouveau s'entendre sur le superficiel et réaliser des choses intéressantes pour l'humanité (l'humanité car les avancées sociales n'ont en rien concerné que les gens dits de gauche : tous les français ont pu profiter desdites avancées sociales - faut-il rappeler qu'il y a un siècle, quatre générations, on en était à chercher à un modus vivendi pour pouvoir ne travailler pas plus que 11 heures par jour ?)
Si on voit bien qui représentent actuellement les Jaurèsiens et Briandiens (spectre allant de Macron à Mélenchon), où sont les Guesdistes actuels ?
Du côté de Mme Artaud ou de M Poutou...
Et on n'est pas près de voir prendre un café (ni autre chose) ensemble Nathalie, Emmanuel, Benoît, Manuel, François, Vincent, Martine, Ségolène et Jean-Luc.
Emmanuel Mousset brasse du vent en montant en épingle une rencontre sans portée entre Mélenchon et Hamon.
Il répondra éventuellement : "Lutte Ouvrière, combien de divisions ?"
Si ça peut lui faire plaisir...
Nathalie n'a pas de divisions : en 2017, les ouvriers, les prolétaires, sont du côté du front et c'est bien triste à constater.
Leur camp est pourtant bel et bien de l'autre côté.

J G a dit…

"Benoit Hamon et Jean-Luc Mélenchon vont se rencontrer aujourd'hui, mais au fait pourquoi ? Pour échanger, négocier, se rassembler, voir si une candidature commune à la présidentielle est possible ? Oui, je pense que c'est pour ça."
Ils sont, même s'ils le nient ou l'ignorent, du même bord.
Du même bord encore, Hollande, Vals, Royal, Strauss-Kahn, Aubry, Peillon, Montebourg...
Vous en voulez d'autres ?
Macron, Pinel, Baylet, Bartolone, Fabius, Mousset...
Ce sont des réformistes.
Pas des anarchistes...
Pas des révolutionnaires...
Pas des marxistes...
Pourquoi ne pourraient-ils se parler ? Il est logique qu'ils se parlent et qu'ils parlent à Macron, à Vals ou à Aubry ou même Hollande, qu'est ce qui les différencie vraiment à part leurs "egos" ?
L'article d'Emmanuel Mousset est juste de la poudre aux yeux...
Il fait partie des essais de placer plus haut que les autres la tendance "En Marche" et en particulier les frondeurs de Benoît et les hologrammes de Jean Luc...
Pour remonter à un vrai clivage gauche / gauche, il ne faut pas hésiter à remonter le cours du temps jusqu'à l'époque qui a vu s'opposer avant de s'allier (tout en conservant jusqu'aux années 30 les deux options, réformer ou révolutionner) Jules Guesde d'une part et Jean Jaurès dont le flambeau fut repris par Aristide Briand, le premier étant à l'instar du syndicat "rouge" pour "changer tout" et abolir le capitalisme patronal (moindre risque) et agioteur, c'est à dire la rente (pire risque) et les autres dans le droit fil du syndicat "jaune" pour concilier le patronat et les ouvriers et employés dans le cadre de la réforme du "système" (déjà).
A l'heure actuelle, même les communistes, alliés de Mélenchon, ne sont pas les héritiers de Jules Guesde, des anarchistes et des "rouges" de la fin du XIXème et du début du XXème.

MF a dit…

ous sommes dans une situation ubuesque pour ne pas dire merdique:
- la droite française que l'on a souvent- et à raison- qualifiée comme étant la plus bête du monde reste égale à elle -même mais elle vient d'être rattrapée par la gauche qui est en train de lui disputer cette 1ere place
- l’extrême-gauche, comme habitude, reste dans l'invective imitée en cela par son alter-ego d'extrême droite le front national( je ne mets pas de majuscule à front ça serait lui faire trop d'honneur)
- et au milieu ( du moins essaye-t-on de nous le faire croire) coule une rivière ( le Macron) qui cherche son cours sans trop savoir où elle va ,essayant de creuser son lit mais avec des berges bien friables et pas assez sûres pour beaucoup d'électeurs
et je ne peux m’empêcher de penser à ce proverbe ( qu'on dit suisse): quand on voit ce qu'on voit et qu'on entend ce qu'on entend on a bien raison de penser ce qu'on pense
fermez le ban,l'arrière-ban et m..il va falloir voter quand même