lundi 1 août 2016

Le "pacte", c'est le concordat



Durant ce week-end, nos écrans de télévision nous ont montré des prêtres en train de dire la messe et des femmes voilées participer, en apportant leur soutien. En quelques semaines, l'image qu'une bonne partie de l'opinion publique se faisait des uns et des autres a été bouleversée. Les curés étaient associés à la pédophilie : de bourreaux, ils sont devenus martyrs. Les femmes voilées évoquaient l'asservissement de la femme et la revendication identitaire : les attentats qui ont endeuillé le mois de juillet ont tout changé.

De même, Manuel Valls a levé un tabou au sein de la gauche laïque, en proposant "un pacte avec l'islam de France". Le Premier ministre se défend certes de toute "tentation néo-concordataire", mais c'est bien de cela dont il s'agit, si les mots ont un sens : celui de "pacte" est très fort, et il signifie bel et bien le retour de l'idée concordataire, appliquée au temps présent, qui n'est évidemment plus celui de Napoléon. Le "pacte" contredit l'idée de "séparation", au cœur de la loi de 1905.

Le débat est légitime, Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, l'avait initié. Le régime républicain n'est pas un régime religieux ; la démocratie n'est pas une théocratie ; les lois ne sont pas des dogmes : aucune n'est sacrée, y compris celle de 1905 séparant les églises et l'Etat. Pour ma part, je suis favorable à son maintien et hostile au néo-concordat. Non par principe, mais par pragmatisme : je ne crois pas qu'un "pacte" avec l'islam, s'il est possible, changerait quoi que ce soit et rendrait plus efficace la lutte contre le terrorisme.

Fermer les mosquées salafistes serait contraire à l'Etat de droit, qui garantit la liberté d'expression. Les salafistes sont à l'islam ce que les intégristes sont au catholicisme : ça ne fait pas des uns ou des autres des individus forcément dangereux. Les criminels n'ont pas besoin du salafisme pour passer à l'acte. Contre les fanatiques qui prêchent la violence, il suffit d'appliquer les lois existantes, qui sont suffisantes. Pas besoin d'un quelconque concordat pour ça.

De même, l'interdiction du financement étranger des mosquées n'aurait guère de conséquences sur les voyous qui deviennent assassins. Et puis, nous sommes en économie libérale : le financement étranger de quelque activité que ce soit n'est pas répréhensible. Bien des musulmans n'auraient aucun lieu de culte décent s'ils ne bénéficiaient pas du soutien financier de certains pays du Maghreb.

La riposte efficace au terrorisme, je l'ai soulevée dans les derniers billets : c'est la solution militaire, que nos responsables publics, de gauche comme de droite, abordent trop peu. Trois questions sont à mettre au débat : quel soutien faut-il apporter au régime syrien pour que celui-ci retrouve l'intégralité de son territoire, amputé actuellement par l'Etat islamique ? Quelle alliance faut-il nouer avec la Russie pour que Daech soit mis hors d'état de nuire ? Quelle participation française à un envoi de troupes au sol est-elle envisageable, sachant que les bombardement ne seront jamais suffisant pour vaincre ? Avec ces questions, nous sommes bien loin du "pacte" ou du concordat, comme vous préférez l'appeler ...

3 commentaires:

P a dit…

Pour être en capacité de signer un pacte il faut au moins deux signataires.
Si on peut voir clairement du côté de l'état qui est en mesure de signer, on se demande bien avec qui il pourra conclure.
Qui sont les dirigeants des diverses branches de la religion initiée par le prophète d'Arabie ?
Il était aisé pour Napoléon Bonaparte de trouver le chef de la religion avec laquelle il désirait traiter.
C'est une autre paire de manches cette fois que de trouver les chefs crédibles avec qui faire le pacte.

citoyen a dit…

les politiques devraient être d'une grande vigilance: toutes les religions professent que la loi de dieu est supérieure à la loi de l'homme et ce débat est remis à l'ordre du jour;il me semble avoir lu qu'un évêque avait déclaré que la plus grande erreur avait été de réserver à la sphère privée tout ce qui touchait à la foi;on devine le sous-entendu: la laïcité est un concept d'un autre temps qu'il faut bannir des valeurs de la - notre- république

C a dit…

"la loi de dieu est supérieure à la loi de l'homme"...
Oui, encore très récemment, le prélat-évêque-cardinal de Paris a rappelé ce thème...
Devant tout un panel de soi-disant républicains qui, apparemment, n'ont rien trouvé à redire à cela...
Cette "loi de Dieu", qui l'a définie ?
Dieu ?
Laissez-nous rire !
Ce sont des hommes, illuminés ou non, qui ont établi cette plus qu'hypothétique loi divine !
Nous devrions même dire "ces" lois divines vu qu'il y a plusieurs...
Et ce n'est peut-être pas fini...
Dans un état, une seule loi doit prévaloir : celles des hommes.
Pas de l'homme...
Des hommes...
Donc établie par consensus.
Vive la République !
Vive la France !