dimanche 10 avril 2016

Vive la primaire !



En politique, je change rarement d'avis. C'est peut-être un défaut, en tout cas pour réussir. Pourtant, cela m'arrive, par exemple pas plus tard qu'hier. Jusque-là, j'étais hostile à une primaire pour la désignation du candidat socialiste à la présidentielle de l'an prochain. Mon argument, c'était qu'un parti au pouvoir à un candidat naturel, contrairement à ce même parti dans l'opposition. Mais j'ai changé, je me suis rendu aux raisons des partisans de la primaire. Pourquoi ?

D'abord parce que le Parti socialiste a adopté hier, à l'unanimité, ce principe des primaires, en fixant même le rendez-vous pour décembre prochain. Or, l'unanimité est rarissime au PS, ce qui est normal dans une organisation démocratique, où il y a toujours des opposants. L'existence même de cette unanimité m'a conduit à réfléchir : il faut forcément que l'idée des primaires soit bonne pour que tout le monde s'y rallie. N'y aurait-il que cet argument-là, il justifierait mon changement d'opinion. Mais il n'y a pas que celui-là.

Pour qu'une primaire à gauche soit efficace et cohérente, il faut que tous les partis de gauche acceptent son principe. En l'état actuel, c'est loin d'être le cas, puisque Mélenchon a déjà dit non, et les écologistes n'ont pas encore dit oui. Dans ces conditions, il me convient assez d'être en accord avec une idée que je désapprouve mais qui, de toute façon, ne sera jamais appliquée. Il sera alors toujours temps et facile de faire porter la responsabilité aux autres.

Et puis, en supposant que la primaire se tienne malgré tout, chaque parti reste libre d'y envoyer ou non un candidat. Laissons donc communistes, écologistes et autres se départager entre eux, choisir le meilleur, alors que François Hollande, au dessus du lot en tant que chef de l'Etat, pourra toujours concourir de son côté, en se déclarant bien après que les primaires aient désigné leur candidat. Le bénéfice pour Hollande ? Réduire le nombre de "petits" candidats sur sa gauche, ne pas retomber dans la dispersion des candidatures de 2002, qui avait entraîné la défaite de Lionel Jospin. Les primaires ne seront profitables à Hollande que s'il n'y participe pas, tout en les encourageant vivement.

Enfin, dernière hypothèse, à ne pas négliger : François Hollande ne se représente pas, faute d'avoir réussi à inverser la courbe du chômage, sa condition sine qua non. Alors, le PS n'a plus de candidat naturel, il lui revient donc de participer à la primaire, dont il ne peut ressortir que vainqueur, en toute logique électorale. Dans cette perspective, j'imagine facilement Emmanuel Macron, l'homme le plus populaire à gauche, rafler la mise à l'issue de la primaire et se voir soutenu à l'élection présidentielle par le PCF, les Verts et autres formations de la gauche radicale. Oui, ce serait plaisant à voir. Qu'est-ce que j'ai été bête, sur ce blog, à plusieurs reprises, depuis quelques mois, à dire que les primaires étaient une mauvaise idée pour cette présidentielle-ci : c'est une excellente idée. Vive la primaire !

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Emmanuel,

Une primaire à gauche est inutile dans la mesure où les "perdants" devraient se rallier au "gagnant". Or, la fracture entre l'aile libérale et l'aile progressiste est trop grande. Je ne vois pas un candidat de l'aile gauche ou un parti situé à gauche du PS soutenir des t..., pardon Messieurs Macron, Valls ou Hollande. Ceci est inconcevable.
Il serait plus judicieux de faire une primaire sans les "gouvernants" actuels, car ils sont d'avance hors jeu, n'ont plus aucune légitimité idéologique à l'égard de ceux qui ont voté et fait voté Hollande et ne seront présents que dans l'objectif de nuire à la gauche pour la réalisation de leurs ambitions personnelles.
Donc, non, pas de primaire avec la SFIO, pardon, le PS.

Laurent

Emmanuel Mousset a dit…

Je suis d'accord avec ta conclusion, même si nous n'avons pas les mêmes raisons. Comme quoi, en politique, on peut se mettre d'accord sans être d'accord ...

D a dit…

Je ne crois pas être en erreur : le principe de la "primaire" a été inclus dans les statuts associatifs du PS. La 1ère chose à faire dans une association serait au moins de respecter les statuts librement votés.
Sinon, convoquer une assemblée extraordinaire pour modifier les statuts en question dans le sens souhaité.
Il n'y a pas de question de changer d'avis ou de rester sur sa position ou alors on quitte l'association, le parti, Monsieur Mousset.

Emmanuel Mousset a dit…

Ceux qui parlent le plus des statuts sont ceux qui les respectent le moins. Mon expérience personnelle le confirme.

Philippe a dit…

Je n'ai pas lu .... merci mon dieu ... les statuts du PS n'étant plus socialiste depuis au moins une décennie.
Mais ce que dit D est-il exact ?
Cette clause a-t-elle été ajoutée ?

Le futur a dit…

Je pense que Macron peut gagner que s'il est soutenu par Valls