dimanche 3 avril 2016

Ma réponse est NON



C'est une réforme dont vous n'avez pas entendu parler sur BFMTV. Pas assez spectaculaire. C'est pourtant un progrès social. Mais une certain gauche, y compris à l'intérieur du Parti socialiste, dénie cette qualité à la politique gouvernementale. Vous n'en entendrez donc pas parler. Et puis, c'est une réforme qui a été décidée il y a trois ans, expérimentée depuis et généralisée aujourd'hui : il faut à l'opinion publique, qui a une mémoire de poisson rouge, du neuf. Mais est-on obligé de la suivre ? Non. Je vais donc vous parler, moi, de la réforme des pensions alimentaires.

C'est concret, utile, social : 40% des femmes divorcées ne reçoivent pas de leur ex la pension à laquelle elles ont droit pour élever leurs enfants, avec les conséquences qu'on imagine. C'est un vrai problème, qui n'avait pas trouvé de solution jusqu'à présent. C'est fait maintenant, grâce au gouvernement, qui a décidé que le versement serait assuré par l'Etat, les CAF (Caisses d'allocations familiales), en attendant que le mauvais payeur soit sanctionné. Voilà qui va dans le bon sens, et tout le monde ne peut qu'applaudir à cette mesure, qui n'a pas été si facile que ça à concevoir techniquement.

Vendredi dernier, sur RTL, radio très populaire, au journal de 7h30 du matin, heure de grande écoute, une dame divorcée, avec deux enfants, dont l'ancien mari ne verse plus la pension alimentaire depuis quelques mois, est interrogée. Je m'attendais à ce qu'elle se réjouisse de la réforme dont elle va être la bénéficiaire, qu'elle félicite éventuellement le président, son Premier ministre et le gouvernement : eh bien non !

Au début, elle a tout de même reconnu que l'idée était bonne, qu'elle en profitait mais, tenez-vous bien, que faire payer les pensions par les contribuables et non par les récalcitrants était ... INJUSTE. Patatras ! Une mesure juste devenait injuste, une préoccupation sociale devenait critiquable, Hollande, Valls et consorts avaient de nouveau tout faux. Vendredi, c'était le Premier avril : j'aurais pu croire à une plaisanterie. Mais non, c'était bien vrai : les êtres humains sont bouffons par nature, et l'époque les y encourage. Me vient à l'esprit cette boutade de Woody Allen, qui résume à peu près la tare actuelle : "Je ne sais pas quelle est votre question, mais ma réponse est non".

Certes, pour une mécontente, combien de satisfaites ? En tout cas, ce sont les grognons qu'on interroge, qu'on retient et qui influencent. L'impopularité du gouvernement ne me surprend pas : c'est un phénomène de société, personne n'est jamais content de rien, de Sarkozy hier, d'Hollande aujourd'hui et d'un autre demain. Je n'exposerais pas dans ce billet les causes profondes, sociologiques et psychologiques, d'un mécontentement systématique, généralisé, contradictoire et finalement irrationnel. Je me borne à le constater ici, à souligner combien il est devenu difficilement de gouverner, autant pour la gauche que pour la droite, dans ces conditions.

D'autres exemples pourraient être donnés, comme la généralisation du tiers-payant, qui devrait normalement satisfaire tout le monde, sauf les médecins. Eh bien là aussi, un fort pourcentage de patients, attesté par sondages, se révèlent hostiles à cette mesure. Si le sujet n'était pas sérieux, on pourrait presque parler de masochisme.

Y a-t-il un remède à cette maladie qu'on a du mal à discerner ? Je n'en vois qu'un, rappelé par Manuel Valls ce matin dans le Journal du Dimanche, à propos des réformes gouvernementales dans leur ensemble : EXPLIQUER. Car il n'est pas normal que des dispositions socialement incontestables soient contestées. J'ajouterais que c'est au Parti socialiste, au premier chef, de se faire le pédagogue de la réforme, de mobiliser ses sections en vue de convaincre l'opinion. Dans l'impopularité du chef de l'Etat, chacun a sa part de responsabilité.

3 commentaires:

Philippe a dit…

Je viens dns le sujet "au-dessus" de donner un avis le monde politique étant en général pour ne pas dire à 100% "franc comme un âne qui recule".
Le mensonge y règne en maître. Ils ne sont pas tous pourris mais il y a encore beaucoup plus de menteurs que de pourris !
Ma réflexion précèdente est valable :
Pourquoi dès 1981 et avant ce problème des impayés n'a jamais été réglé ? ... le dernier Président assume l'héritage ... comme dans la vie en général !

Ci-dessous avis que l'on peut adapter à toutes les situations gérées par les politiques.
Philippe a dit...

On ne sait déjà pas l'origine réelle des projets de loi.
Qui a entendu un jour celui qui présente au public un projet de loi dire : cette fois il s'agit de faire passer dans notre code français la directive européenne de telle ou telle date pour laquelle le commissaire européen concerné a reçu et entendu les lobbyistes X, W, Z représentant les firmes etc.
Des précisions on en a jamais ...
Concernant les paradis fiscaux on nous parle de minuscules Etats (un escadrons de GI et on en parle plus !
mais qui parle des affairistes qui crèchent au Delaware ?
RÉFÉRENCE :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Delaware
Protégés par l'Empire ...et ses têtes nucléaires .................
5 avril 2016 à 11:34

Anonyme a dit…

Formidable: une alouette de progrès social pour un cheval de régression sociale avec 600000 chômeurs de plus. Un raisonnement de type cédétiste voire démocrate-chrétien à la Jacques Delors. La généralisation de la précarité pour la salariat avec la Loi-Travail portée par Madame El KHomri.
Si les explications ne fonctionnent pas c'est qu'il y a un vice de fonds dans "la marchandise" que le gouvernement essaie de vendre aux français. Il n'y a qu'un inconditionnel, un godillot, comme Emmanuel Mousset pour ne pas voir, savoir, ni entendre la profond mécontentement généralisé.
D'ailleurs son mentor et ministre préféré, le banquier libéral, Emmanuel vient de lancer son mouvement "En Marche" domicilié chez le lobby patronal "Institut Montaigne" de Claude Bébéar.
Toujours incapable de se remettre en question, Monsieur Mousset! Vous allez finir à droite comme Macron et tous ceux qui dénient le clivage droite/gauche.Vous avez déjà voté à droite plusieurs fois, l'an prochain vous le ferez en votant Juppé au second tour de la présidentielle. Pour vous cela semble normal puisque vous ne voulez pas voir que votre parti "socialiste" n'a cessé de se droitiser depuis 1983? puis 2005, Europe oblige.

D. a dit…

Qu'EM s'en aille voir si à droite l'herbe est plus verte et a meilleur goût, on ne le lui reprochera pas. Il pourra toujours se déjuger et revenir à sa prairie antérieure.
Il est beaucoup plus dommageable que tout un groupe, presque tout un parti, une proportion majoritaire du PS, s'en aille brouter à droite.
On l'a vu avec les radicaux.
Ceux qui ont choisi la droite (en se disant d'un pseudo centre à la réalité jamais prouvée, n'en sont jamais revenus.
En Vème république, il n'y a place que pour deux courants majoritaires à tour de rôle et des groupuscules qui ne verront jamais le pouvoir.
On 'est plus loin de s'apercevoir que ces deux courants sont la droite et l'extrême droite.
Et c'est bien triste pour les progressistes devenant de fait des corpuscules.