jeudi 21 avril 2016

Emmanuel, comme un soleil



Le ministre de l'Economie et des Finances est au firmament. Les sondages le propulsent dans les étoiles. Libération d'aujourd'hui le place en tête des préférés pour devenir président de la République, autant chez les sympathisants de gauche que pour l'ensemble des Français. Mais attention aux fusées qui montent trop vite et explosent en vol : cela se voit régulièrement en politique. Peu importe d'ailleurs : ce qui compte, c'est le moteur, la propulsion, l'énergie. Celle de Macron est atomique. Un soleil se lève à gauche, de plusieurs mégatonnes : gare à ceux qui vont y brûler leurs ailes !

Dans l'édition d'hier du quotidien belge Le Soir, Emmanuel Macron continue à esquisser cette nouvelle culture politique qu'il a explicitée lors du lancement de son mouvement En Marche. Carriériste, il ne l'est pas. Nulle intention chez lui de prendre un ticket dans la file pour avoir un jour une bonne circo, une place au chaud pour la députation, pris en main par un ancien qui vous laisse le siège. Macron a une tête d'ange, pas de dauphin. Quand on est le soleil, on n'a pas besoin de se chercher une place au soleil.

Sur France 2, il y a une semaine, Emmanuel Macron s'est fait le défenseur de la bienveillance en politique, une vertu pas ordinaire dans le secteur, qu'il a résumée ainsi : "Je n'ai pas besoin de m'opposer aux autres pour exister". Et ce n'est pas parce que c'est dit par une gueule d'ange que c'est de l'angélisme : c'est au contraire réaliste, souhaitable, utile, ça nous change de la vieille gauche rhumatisante, cynique, jalouse et méchante. Macron est un personnage solaire, lumineux, positif, optimiste, qui tranche avec les affreux, les bourricots, les scrogneugneux.

Sa dernière sortie a torché le nez à l'ISF, impôt de solidarité sur la fortune, que paient les riches. Manuel Valls, de son air sombre, inquiet et inquisiteur, a dénoncé une "faute". Réfléchissons un peu : l'ISF a été créé en 1981, c'était une mesure symbolique pour montrer que les nantis devaient participer à l'effort collectif. Il y a 35 ans, c'était très bien. Mais quel est le bilan aujourd'hui ? Combien rapporte cet impôt dans les caisses de l'Etat (parce que c'est quand même pour ça qu'est d'abord fait un impôt) ? Toujours plus que s'il n'existait pas, c'est certain. Mais encore ? Pas grand chose en vérité.

Mais surtout, et un homme de gauche est sensible à ça, est-ce que l'ISF a réduit les inégalités en France ? Est-ce qu'avec lui les riches sont moins riches et les pauvres moins pauvres ? Réfléchissez à ça, faites un peu moins de morale punitive et un peu plus de politique, de justice sociale. Surtout, soyez honnêtes, engagez-vous dans la réflexion que lance Macron en prenant bien en compte deux éléments : le premier, c'est que la gauche promet depuis une éternité une grande réforme de la fiscalité qui ne vient jamais.

Le deuxième élément, c'est qu'une vraie réforme de gauche en matière d'impôts ne se focalise pas sur l'ISF, le revenu, mais sur l'héritage, la rente. Car l'inégalité criante, l'insupportable injustice vient de là : cet argent qui dort, comme disait François Mitterrand, qui ne s'investit pas, qui reste dans les familles, qui se transmet de génération en génération, qui gonfle les fortunes sans travail, sans mérite, sans intelligence. Quand on sait que les Etats-Unis, affreusement capitalistes, taxent beaucoup plus l'héritage que la France tellement sociale, mais encore marquée par son passé aristocratique, où l'héritage est sacré ...

Taxer l'héritage : est-ce libéral ? oui ; est-ce social ? oui aussi. Un peu de libéralisme conduit à beaucoup de socialisme : c'est finalement la philosophie du ministre présidentiable. La vraie sortie de Macron ne porte pas sur la suppression de l'ISF, mais sur la taxation de l'héritage. Même les Nuit Debout ne sont pas assez révolutionnaires pour proposer ça ! Mais c'est la lune qui éclaire leurs débats, pas le soleil.

18 commentaires:

H a dit…

Taxer l'héritage, bon sang, mais c'est bien sûr !
Tout le mal vient de là !
Ne l'est-il pas déjà ?
Ah bon !
S'il suffisait de taxer l'héritage pour faire redémarrer l'économie, il est étrange que personne n'en parle depuis que ça va mal (or ça va mal depuis que je suis en âge de comprendre)...
Bon, allons-y et taxons l'héritage, ça ne me gène pas (je n'ai rien à espérer de ce côté et rien à léguer ma fin venue).
Et on verra bien ce qui en résultera !
En marche pour taxer l'héritage !

Philippe a dit…

Une idée saugrenue !
On supprime les héritages ou on leur inflige un impôt fixé à 75 %.
Les biens divers s'ils ne vont pas à des héritiers vont à l’État.
A l'issue de 2, 3 ou 4 générations, selon l'option, l’État possède tout …
Plus exactement, précisons le mot « État », le monde politique élu, ou coopté, ou tiré au sort ou « de naissance » possède tout.
Le week-end ses membres rejoignent leurs datchas dans leur voiture de fonction après avoir fait leurs courses dans des magasins réservés …
J'ai l'impression d'avoir déjà entendu cette musique ...

Anonyme a dit…

Ouais, vachement batte ! Avec Emmanuel Macron, c'est l'avenir radieux en marche ?

Anonyme a dit…

Emmmanuel Macron , un soleil comme le Roi-Soleil ? Formidable ! Vivement qu'il arrive au pouvoir pour nous éclairer de son génie, de sa pensée inouïe, et tellement novatrice pour nous humbles citoyens les pieds dans la glaise. Longue Vie à Emmanuel Macron ! Qu'il vive 100 ans ! Qu'il nous gouverne longtemps pour réaliser notre bonheur.

Erwan Blesbois a dit…

Macron est une comète de marketing, un produit standardisé voué à l’obsolescence programmée, c'est à peine un être humain, je me demande même parfois si ce n'est pas un robot très bien fait et dont le programme est conçu pour servir les intérêts du grand capital. Encore une de tes chimères, parce que tu as la flemme ou que tu es maintenant trop vieux et que tu appartiens à une génération de merde dans un monde de merde, pour remettre en question, en profondeur le système. Activité qui serait de toute façon aussi vaine, et finalement moins confortable que la posture que tu as prise.

Philippe a dit…

Résumons les dernières amourettes de notre cœur d'artichaut :
DSK puis Hollande puis Valls puis Macron …
"cœur d'artichaut, une feuille pour tout le monde"
A ce rythme il y aura un jour une feuille pour la belle Marion !
Quoiqu'une femme … dans cette brochette de mâles çà ferait désordre !

Anonyme a dit…

Heureusement que le ridicule ne tue pas ! Vous seriez mort, Monsieur Mousset ! Vous ne vous rendez pas compte de votre grandiloquence de courtisan du Roi-Soleil Macron. Tout clinicien pourrait faire le diagnostic d'une macronite aigüe que vous pouvez soignez sans grever le budget de la Sécu en écoutant les avis judicieux d'Erwan Blesbois.

Anonyme a dit…

L'ISF c'est précisément la rente, l'héritage et non le revenu. Vous ne comprenez rien.

Emmanuel Mousset a dit…

C'est Macron qui n'y comprend rien, puisque c'est lui qui oppose la rente, l'héritage à l'ISF. Mais je suis sûr que vous, vous comprenez tout.

Anonyme a dit…

Oh non, votre chouchou Macron n'a pas dit tout à fait ça. L'ISF n'est pas la taxation du revenu.

Je ne dirais pas que je comprends tout, mais il faut un peu se renseigner sur l'ISF avant de faire le malin.

Emmanuel Mousset a dit…

Macron n'a pas opposé la rente, l'ISF à l'héritage ? Comme vous voulez. Mais vous êtes pour ou contre Macron ? Parce que là, pour le coup, je ne comprends pas bien. Mais je suis sûr qu'on va finir par se comprendre.

Anonyme a dit…

Vous associez ISF et revenu sur votre billet, je vous réponds que vous avez tort. Le pour ou contre Macron n'a pas lieu d'être ici, je pointe juste vos incohérences.

Emmanuel Mousset a dit…

Je suis honoré par l'intérêt que vous me portez, mais mon billet ne fait que répéter et défendre le point de vue de Macron. Et je ne comprends pas pourquoi vous refusez la distinction banale entre l'ISF, la taxation du revenu et la taxation de l'héritage. Mais comme vous ne vous expliquez pas ...

Anonyme a dit…

L'ISF n'est pas la taxation du revenu !

Emmanuel Mousset a dit…

Il est évident que l'impôt sur le revenu, que je paie, n'est pas l'ISF, que je ne paie pas. La "fortune" dépasse largement le "revenu". Mais la préoccupation de Macron, c'est l'héritage, qui n'est ni la fortune, ni le revenu, et que Macron veut taxer davantage, parce qu'il trouve ça plus juste. Si j'ai bien compris, vous refusez d'entrer dans ce débat, vous en restez à des remarques sur les mots et les définitions. Pourquoi pas, mais ce n'est pas très intéressant politiquement.

Anonyme a dit…

Les mots et définitions doivent être justes avant d'entrer dans le débat. L'ISF prend en compte le patrimoine.

Emmanuel Mousset a dit…

Vous pouvez acquérir un patrimoine par votre travail. Il est alors juste de ne pas le taxer (ou le surtaxer). Vous pouvez acquérir un patrimoine par héritage. Et là, la taxation est juste.

D. a dit…

Je suis pour que les termes employés soient toujours les plus exacts possible lorsqu'on débat.
Ici, il y a des "juste" qui sont en cause.
Relire "Les Justes"...
Une taxe peut-elle être juste ou injuste ?
Une taxe est légale ou illégale.
Rien de plus.
En République démocratique, tout doit partir de la loi.
Les taxes doivent être votées par les législateurs.
Elles sont donc légales lorsqu'elles existent.
Justes ? C'est un tout autre débat à rapprocher de celui du sexe des anges.