jeudi 18 février 2016

La philosophie d'El Khomri



La gauche de gouvernement vient de lancer une bataille idéologique d'une ampleur inédite, non pas contre la droite (ce n'est pas l'adversaire politique qui doit décider de nos débats internes), mais au sein de son propre camp. Ce n'est pas nouveau, mais le curseur est placé beaucoup plus haut cette fois. De quoi s'agit ? De ce qui se prépare depuis quelques mois, depuis Badinter l'été dernier, avec Macron à l'Economie, l'un et l'autre repris par la ministre du Travail, Myriam El Khomri (à lire, son entretien dans le journal Les Echos, édition d'hier) : le débat va être très nourri, dit-elle, car il y a un changement de philosophie important. C'est un euphémisme ! Dans les prochains mois, la gauche va être sous tension idéologique, comme elle ne l'a peut-être jamais été, mais l'issue de la bataille sera décisive.

L'objet, c'est la réforme du droit du travail, la réécriture de son Code. La difficulté, ce sont les dispositions juridiques, techniques qui ne rendent pas lisibles le débat, qu'il faudra tirer vers le haut, la clarification politique. On dit souvent que tout a été essayé contre le chômage, sauf l'extrême droite. C'est faux : la gauche libérale, social-libérale, social-démocrate, appelez-là comme vous voudrez, n'a pas été essayée, mais est en train de l'être. Comme on apprend à marcher en marchant, cette gauche inhabituelle en France se construit en gouvernant. Rien ne dit qu'elle réussira, mais nous devons l'engager à aller jusqu'au bout de sa démarche. Son contrepoint, c'est la gauche traditionnelle, dirigiste, étatiste qui a échoué depuis 1981 à faire reculer significativement le chômage, l'injustice suprême. C'est ce qui légitime et justifie cette voie nouvelle ouverte par cette gauche nouvelle, qui existe depuis longtemps, mais qui n'avait jamais réussi jusqu'à présent à s'imposer vraiment, à dominer idéologiquement dans son camp.

Le paradigme du changement de philosophie proposé par Myriam El Khomri et le gouvernement, je le formulerais sous forme de paradoxe : il faut mieux licencier pour mieux embaucher ! Soit les entreprises n'embauchent pas, pour ne pas prendre de risque, soit elles prennent des CDD dont elles se débarrassent à la première difficulté. L'emploi n'est pas favorisé et la précarité se développe. On fait quoi ? On ne touche à rien ? On laisse faire ? Ok, très bien : dans dix ans, nous aurons six millions de chômeurs et huit millions de précaires, un monde à la Trepalium, l'excellente série qui passe en ce moment sur Arte.

Est-ce que c'est ce que la gauche veut ? On ne peut pas se contenter d'attendre pieusement la croissance ou d'espérer en des emplois d'avenir : l'économie est un univers incertain où seul le risque est productif. Il faut encourager le risque calculé, en lui donnant des garanties, car le risque n'est pas l'imprudence. Le conservatisme patronal n'incite pas à l'embauche. Il faut assouplir les procédures de licenciement, pour que l'embauche ne soit plus un carcan et que l'emploi devienne durable, que le CDI soit la norme (ce qu'il n'est plus aujourd'hui). Le risque ne peut être suscité que dans la liberté, pas sous la contrainte administrative, qui l'étouffe. La création d'emplois sera le résultat de la compétitivité des entreprises. Cette bataille a été, depuis trente ans, perdue. C'est à la gauche réformiste qu'il revient de la gagner.

Le deuxième point de ce changement de philosophie, c'est le compromis avec le patronat, qui doit se poursuivre, s'accentuer, sachant que ce compromis, comme tout compromis, est conflictuel, incertain, risqué lui aussi, électoralement douloureux ! Vu de gauche, c'est une révolution, pour certains un reniement, un supplice. Mais il faut savoir ce qu'on veut, là encore, et quels partenaires on se donne pour mener la bataille de l'emploi.

Le troisième point, c'est le référendum d'entreprise, qui ira en se multipliant, sur divers sujets. La gauche française n'a jamais su ou pu favoriser une social-démocratie à l'européenne, avec en son cœur des syndicats puissants, influents, négociateurs. Aujourd'hui, un syndicat est représentatif de quoi, de qui ? D'une histoire, de certaines valeurs, et c'est précieux. Mais les salariés vivent à côté, ont leur propre histoire, leurs valeurs et leurs intérêts. C'est de plus en plus à eux qu'il faudra s'adresser : quand la démocratie représentative est en crise, il faut se tourner vers la démocratie directe.

Le dernier point de ce nouveau paradigme social, ce sont les droits des salariés, qui ne peuvent plus être conçus et renforcés à la manière d'autrefois, de façon uniforme, homogène et théorique. A quoi sert d'avoir inscrit le droit au travail dans la Constitution, si c'est pour se retrouver avec des millions de chômeurs ? La tendance de notre société, c'est d'aller vers un droit social de plus en plus personnel, concret, effectif, qui ne renvoie pas seulement à un idéal, mais à une possibilité de réalisation. C'est tout l'enjeu du compte personnel d'activité, qui inclut par exemple la formation et la pénibilité.

Cette société qui se dessine sous nos yeux, je ne dis pas que c'est la mienne, celle qui a ma préférence. Cette gauche qui devient libérale, social-démocrate, je ne prétends pas qu'elle détient la vérité. Ses intuitions sont anciennes, remontent à Mendès-France et à Michel Rocard. Mais j'ai fait ce choix-là, depuis mon engagement socialiste derrière Lionel Jospin. Il justifie aussi ma méfiance envers une gauche bien-pensante, politiquement correcte, dont les discours plaisent à l'oreille mais qui n'a jamais fait ses preuves historiquement. Ce changement de philosophie important annoncé par la ministre du Travail Myriam El Khomri, que j'ai seulement esquissé dans ce billet avec mes mots à moi, je le soutiens totalement et nous aurons l'occasion d'y revenir, sur ce blog, dans les prochaines semaines.

52 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

Je ne suis pas d'accord avec toi, parce que j'ai une vision plus globale que toi, non comme toi dans le réel que tu penses, alors qu'il s'agit en réalité d'une vision à court terme. Pour faire court, le social réformisme ou tout autre terme que l'on voudra, à la Macron, permettra peut-être à court terme de réduire le chômage en France en réduisant le coût du travail. Mais à long terme si les pays émergents continuent de produire à très bas coût, nous ne parviendrons jamais à rivaliser avec eux. Donc mécaniquement nous continuerons à essayer de réduire le coût du travail en France, avec la constitution d'une nouvelle classe de travailleurs pauvres, la disparition de la classe moyenne, les délocalisations dans les pays où la main d'œuvre est moins chère, et aussi la désindustrialisation du pays, tout cela est déjà bien entamé. De plus logiquement et mécaniquement, c'est l'Allemagne qui a tout misé depuis longtemps sur une politique de l'offre, a réussi à négocier des sacrifices pour la classe des travailleurs allemands, qui acceptent souvent de travailler plus pour gagner moins, préservant ainsi son secteur industriel ; les Allemands ont ainsi réduit leur coût du travail grâce à la négociation, là où les syndicats français mettent des blocages, ceci étant dû certainement à leur héritage lointain et communiste, à leur idéal égalitaire et social, qui se réduit en peau de chagrin. Nous ne sommes plus compétitifs avec les Allemands et ne pourront rattraper notre retard, qu'au prix de sacrifices exorbitants pour les travailleurs français, car nous n'avons pas su ou pu réformer à temps comme les Allemands. Je me situe dans une vision plus globale, en disant qu'il faut tout miser sur l'aide au développement des pays émergents, afin qu'ils augmentent leur coût du travail, par l'augmentation des salaires et l'établissement de droits sociaux, afin de sortir de la crise par le haut et non par le bas. En incitant tous les pays du monde à une politique de la demande, qui pourra aboutir à l'enrichissement de la population mondiale plutôt qu'à son appauvrissement mondial. Car pour l'instant ce sont les pays riches qui s'alignent sur les pays pauvres, avec la destruction du droit du travail, alors que cela devraient être les pays pauvres qui s'alignent sur les pays riches avec la constitution d'un droit du travail. Tout cela est absurde et constitue une régression sociale que dénonce Mélenchon par exemple. On se laisse entraîner vers le bas, alors que l'on pourrait s'en sortir par le haut. C'est comme si un noyé cherchait son salut au fond de la piscine, au lieu de le chercher hors de l'eau. Il faudrait une sorte de plan Marshall à l'échelle de la planète, et dénué de ses sous-entendus impérialistes, comme c'était le cas pour le plan Marshall. Disant cela je suis finalement plus réaliste que toi, qui pense à trop court terme, et de façon non globale, à l'échelle de la France et non planétaire.

D. a dit…

Une centaine de lignes pour ne même pas pouvoir expliciter un projet qui est fumeux, voilà qui doit rendre plus que circonspect le lecteur de ce laïus à la gloire d'une ministre au petit doigt sur la couture du pantalon...
S'il repasse, le Président, l'aura réussi non pas par son machiavélisme qui est aussi certain que son cynisme, mais par le désordre de ceux qui lui sont supposément opposés.

Erwan Blesbois a dit…

En fait je pense que cette gauche cherche réellement des solutions, honnêtement, de façon réaliste, en vertu du principe de réalité, alors qu'il faudrait réintroduire un peu d'idéal, d'utopie. Mais ce gouvernement n' a d'autre choix que de penser à très court terme, en "adulte" et avons nous encore les moyens d'imposer notre vision au monde, alors que le libéralisme d'origine anglaise s'est imposé partout de façon mondialisée ? Le réformisme à la Macron constitue l'acceptation de notre capitulation face à notre ennemi de toujours, l'Anglais au sens du type nietzschéen et non raciste ni stigmatisant, et avec ce terme tout ce que cela constitue d'idéologie libérale conforme à l'éthique du protestantisme, qui a donne l'éthique du capitalisme ; le salut de nos âmes par l'enrichissement matériel personnel et non partagé, "ça a d'la gueule !" comme dirait l'auteur de ce blog. De plus l'auteur de ce blog ne reconnaîtra jamais sa défaite dialectique sur moi, car le monde vieux, triste et sans espoir donne raison à des gens comme lui, et il s'accroche comme une moule à son rocher à la petite position de pouvoir que le réel lui a donné.

Jean M a dit…

Semaine pouvant aller jusque 60h au lieu de 48h
Durée du travail d'un apprenti jusque 40h
Fin des 11h de repos consécutives entre 2 jours de travail.

De belles réformes de gauche !

Emmanuel Mousset a dit…

Approche évidemment partielle, partiale et malhonnête. Vous auriez été encore plus efficace en disant que nous revenons au servage du Moyen Age et à l'esclavage de l'Antiquité. Il vous reste donc des progrès à faire en matière d'antisocialisme.

Erwan Blesbois a dit…

Emmanuel est un excellent journaliste de revue de presse, consciencieux, rigoureux, très bien renseigné, avec une ligne éditoriale sans surprise et toujours prévisible. On en apprend beaucoup plus en lisant son blog qu'en regardant le journal de 20 heures. Mais où diable est le philosophe ?

Emmanuel Mousset a dit…

J'essaie d'être cohérent et persévérant. Je suis chroniqueur engagé, mais pas journaliste ni philosophe.

Anonyme a dit…

Emmanuel,

Tiens, tu m'apprends que la Gauche "étatiste" a été au pouvoir depuis 1981... Je croyais justement que c'était entre 81 et 83. Aaaah, sacré Rocard, on aurait jamais pu croire qu'il était si gauchiste que ça.

Laurent

Marc a dit…

Complètement d'accord avec toi Emmanuel : c'est certain que le monde baigne dans le virtuel : ce n'est pas la vraie vie. Je pourrais en donner des exemples lorsque d'une vieille friche dans laquelle on ne pouvais même plus rentrer, j'en ai refait sur plusieurs années un verger de 2000 m2. Les gens ne veulent plus travailler, ils préfèrent vivre d'allocations. Mieux vaut travailler pour 1000 euros par mois, 500 même, que de vivre d'allocations.
Cela peut s'appliquer aussi au travail intellectuel, le vrai, pas les zozos ! Etre bon en théologie, en philosophie, en sociologie, en économie, etc ... ça suppose aussi beaucoup de travail de recherche, de réflexion, etc ...
Pour terminer avec l'enseignement dans l'Evangile de Saint Jean qui va bien avec le vrai travail, la vraie vie : "le travail vous rendra libre".
Bonne vacances à tous et à toutes et bonne continuation à toi Emmanuel ! Bonne chance aussi !

Emmanuel Mousset a dit…

1- Laurent, Rocard a été Premier ministre, mais c'est Mitterrand qui définissait la politique à suivre et la majorité parlementaire n'était pas social-démocrate.

2- Marc, je ne pense pas comme vous que les gens ne veulent plus travailler, mais qu'on ne leur propose plus de travail. Le but de la réforme du code du travail est justement de relancer l'emploi.
D'autre part, votre citation de saint Jean est fausse : "la VERITE vous rendra libre", telle est la formule exacte. La vôtre se trouvait à l'entrée du camp de concentration d'Auschwitz. Lapsus révélateur ?

Marc a dit…

On peut rire de tout mais pas avec n'importe qui !

Emmanuel Mousset a dit…

Présentement, je ne ris pas. Et quand je ris, c'est avec n'importe qui.

C a dit…

Que ce soit la vérité, que ce soit le travail, que ce soit autre chose...
C'est le reste du propos qu'il faut considérer : rendre libre...
Cela sous-entendrait que l'être humain ne naît pas libre par essence.
Revoir la déclaration (universelle ou pas) des droits de l'homme...
L'homme naît libre, un point, c'est tout.

Marc a dit…

Tu rirais en présence de Marine Le Pen, et avec Marine Le Pen ?
Par contre on peut rire de tout en ta présence, car tu es modéré dans ta pensée, même se moquer de saint Jean, en lui faisant citer une formule auschwitzienne . Je ris par là-même de deux choses ; de la religion judéo-chrétienne, et aussi du tabou absolu de notre société, le tabou auschwitzien. Donc je ris de tout et même du pire, mais pas avec n'importe qui, c'est-à-dire avec quelqu'un de modéré, qui je l'espère ne me fera pas de procès ou n'essaiera pas d'attenter à ma vie ou mon intégrité physique. Mais peut-être me trompe-je, peut-être es-tu un fanatique ?

Emmanuel Mousset a dit…

1- A C : d'accord avec vous. La liberté est un inconditionné. Non seulement le travail ne rend pas libre, mais il opprime.

2- A Marc : oui, je rirais en présence de Le Pen, pour me foutre de sa gueule. Quant à la morale judéo-chrétienne, vous en êtes le militant, pas le moqueur, à ce que je sache ?

Marc a dit…

Oui c'est mon rôle d'être un militant judéo-chrétien, et j'y crois sincèrement. Mais parfois je me moque de moi-même, c'est ce qu'on appelle l'humour, se tourner soi-même en dérision, c'est Erwan qui m'a appris ça.

Erwan Blesbois a dit…

A propos du rire. La France est malheureusement le pays de Molière, et l'Angleterre celui de Shakespeare ; là comme dans bien d'autres domaines les Anglais nous dépassent. Effectivement Molière n'a pas d'humour, il est moqueur, c'est un intriguant qui voulait plaire à la cour du roi soleil, pour cela il voulait faire rire, mais pas en se moquant de lui-même, mais en se moquant des autres, toujours les autres. Ce rire là est féroce en France, notamment chez Charlie, qui se moque très rarement de lui-même. En France le rire sert à détruire l'autre et à se faire sa petite place au soleil. Comme pour Molière se moquer des autres intrigants de la cour, comme lui, mais dont il ne se moquait pas (de lui-même), c'était pour les évincer et prendre leur place, les parasites comme lui au fond ; alors que l'humour ne sert pas à se moquer, si ce n'est de soi-même, ce que je crois ne faisait pas Molière, et encore moins Charlie. Par contre Shakespeare, malgré lui peut-être, et qu'il fut un auteur tragique, était drôle, car il avait de l'humour. Nietzsche disait de lui ; "combien a-t-il fallu que cet homme souffre pour faire à ce point le bouffon !"

Emmanuel Mousset a dit…

"L'humour, c'est la politesse du désespoir". Je ne sais plus qui a dit ça, mais j'adhère. C'est pourquoi un homme normal, équilibré, heureux (si cela existe) ne ressent pas le besoin de rire. J'ai toujours trouvé qu'il y avait quelque chose de pathologique et de pathétique chez celui qui rit (je ne parle pas bien sûr de ceux qui rient par accident, très ponctuellement, ce que nous faisons tous).

Erwan Blesbois a dit…

Les héritiers de Molière sont Timsit, Dubosq, Boon, Dieudonné, Charlie... ils sont innombrables en France, vous l'aurez remarqué, ils sont très forts pour se moquer des autres, mais ils ne sont pas drôle. L'humour anglais à la Monty pyton est beaucoup plus drôle. Les véritables héritiers de Shakespeare sont Chaplin et Pasolini par exemple, capables de se moquer d'eux-mêmes et de la condition humaine, capables de faire pleurer et rire en même temps ; là où le rire français est féroce, ne fait pas pleurer ni rire, mais ricaner, c'est-à-dire détruire l'adversaire pour se faire sa petite place... au soleil.

Erwan Blesbois a dit…

"C'est pourquoi un homme normal, équilibré, heureux (si cela existe) ne ressent pas le besoin de rire. J'ai toujours trouvé qu'il y avait quelque chose de pathologique et de pathétique chez celui qui rit" ; ce que tu dis est très vrai, et si notre société a besoin de tant rire, puisqu'il n'y a pratiquement plus que des émissions de divertissement, c'est qu'il y a quelque chose de pathologique dans nos comportements, dans l'évolution des mœurs, et donc dans notre société. Comparons les émissions des années 70, sérieuses, un peu grises et austères, et les nôtres. Où même des émissions qui se veulent sérieuse et veulent traiter du fond, recèlent des bouffons pathétiques comme Ruquier par exemple (il symbolise à lui tout seul de mal de l'époque), qui sont là pour mettre de l'ambiance.

Emmanuel Mousset a dit…

Dans les années 70, la dérision existait, ressentie plus violemment qu'aujourd'hui, mais elle s'exerçait en des lieux bien identifiés, "Charlie" ou, à la télé, "Le Petit Rapporteur". Aujourd'hui, elle s'est à la fois répandue partout et affaiblie (Ruquier n'est pas scandaleux, subversif).
Mon pauvre Erwan, sais-tu que j'ai moi-même bien changé, que je pratique aussi la dérision sur la classe politique locale, dans un petit journal gratuit ... La rubrique s'appelle "L'œil de Mousset" (sic !), que tu peux retrouver sur internet. "La politesse du désespoir", je te dis ...

Anonyme a dit…

Dérision sélective , vous avez esquivé plein d'infos sur les prochaines élections à la députation qui sont une parodie sans doute pour vous ...

Erwan Blesbois a dit…

Tu es bien un enfant des années 70, et moi des années 80. Je préfère largement ton époque à la mienne, et encore je ne sais même pas ce que signifie enfant des années 90 ou 2000. Quant à ta pitié "mon pauvre Erwan", je n'en veux pas, je n'ai que ce que je mérite. Quant au changement de caractère je n'y crois pas, en cela je suis pessimiste et Schopenhaurien. Je pourrais te rétorquer, "mon pauvre Emmanuel", tu vis avec cette illusion d'avoir changé ; mais la vie est tragique, nous vivons avec un destin auquel nous ne pouvons échapper, qui se joue de nous. Mon pauvre Emmanuel, toi et ton progressisme, cela me fait bien rire, je n'ai jamais rencontré personne qui avait changé, au contraire, notre tempérament, notre caractère s'aggravent avec l'âge. Tu étais plus lucide quand je t'ai connu, tu disais "on ne change pas !", quand moi je croyais au changement. Arrête de jouer un rôle et de mentir à tes lecteurs. Ceux qui croient au changement de caractère sont ceux qui croient aux miracles et qui sont judéo-chrétiens, et au fond de mon caractère, je le suis plus que toi. Donc une fois de plus tu perds et n'as rien à me répondre. La dérision c'est comme le rire, si cela ne s'applique pas à soi-même, cela devient méchant, dirigé contre l'autre, un ricanement... ce qui était déjà le cas dans la dérision des années 70, un ricanement en germes te dis-je. Quand seras tu capable, Emmanuel de te moquer de toi-même, dans une vision tragique de la vie, au lieu de tourner en dérision le monde qui t'entoure, rire féroce et méchant ?

Emmanuel Mousset a dit…

1- Non, une élection n'est jamais une parodie (et de quoi serait-elle la parodie ?) Je ne tourne en dérision QUE ce qui est dérisoire.

2- "Mon pauvre ..." n'est pas une formule de mépris, mais une façon familière de s'adresser à quelqu'un. Ce qui significatif, c'est que nous vivons dans une société où l'hypersensibilité fait que beaucoup de gens se sentent fréquemment "méprisés", alors qu'il n'en est rien. Mais c'est aussi une forme de défense immunitaire, une façon de se "victimiser" en se présentant comme objet de mépris de la part d'autrui.
"On ne change pas" : je continue à le penser, et ça me fait plaisir que tu me rappelles que sur ce sujet-là, comme sur d'autres, je n'ai pas ... changé. En revanche, si la nature humaine ne change pas, les sociétés changent, pour le meilleur ou pour le pire. C'est pourquoi je suis de gauche, pour que la société change (pour le meilleur).

Erwan Blesbois a dit…

Tu n'as pas changé, quand je t'ai connu à la fac, tu étais déjà fort avec les faibles, et "faible" ou soumis avec les forts, je ne citerai aucun nom de prof envers qui tu avais un comportement servile, mais je n'en pense pas moins. C'est ce caractère d'ambitieux qui t'a permis de réussir, là encore tu obéis à ton destin, ou à ton caractère si tu n'aimes pas le terme de "destin" (connoté trop gréco-latin), mais tu n'en as pas conscience, ou alors tu te mens à toi-même, tu n'as pas une âme de résistant intransigeant comme moi (peut-être et je souhaite que là j'en fais un peu trop et que si le kaïros se présentait, j'en tirerais partie, car sinon c'est être borné et idiot). Alors évidemment je souffre un peu que la société apporte sa considération à toi plutôt qu'à moi, mais je ne te jalouse pas, bien au contraire, je suis moi aussi nietzschéen, Nietzsche qui nous dit qu'il faut apprendre à aimer son "fatum".

Emmanuel Mousset a dit…

Erwan, les forts, les faibles, mon fatum, mon ambition et ma réussite : tout ça m'amuse, car ça ne me correspond pas du tout. Mais je lis, je publie et je réfléchis : ce n'est pas à moi de faire mon portrait. Beaucoup de personnes, là où je vis, sont sans doute très surprises par la description que tu fais. Ceci dit, j'aimerais qu'on revienne à la politique, et pas à ma ou à ta psychologie.

Erwan Blesbois a dit…

Et puis "je ne veux pas de ta pitié", mais je ne confonds pas pitié et mépris, je trouve que la pitié est un sentiment noble, comparable à la compassion. Alors que le mépris est le sentiment vil des puissants, des forts, des vainqueurs qui sont inscrits dans le principe de réalité. Je ne comprends pas ce sentiment quand il vient dans la tête des puissants, mais vient-il gratuitement ? Personnellement je ne méprise pas ceux qui sont plus bas que moi, je ne méprise que ceux qui me méprisent, où dont j'ai l'impression qu'ils me méprisent, donc généralement des plus hauts placés que moi. Mais peut-être les puissants, les responsables, ont-ils le sentiment, pas faux, que le peuple les méprise... C'est si vrai par les temps qui courent ! Et là je reviens comme sur me pieds... à la politique, et au ressenti des gens face à la politique ! Et à l'explication de la montée du FN, explication trop simple selon toi, que tu ne veux pas entendre.

Emmanuel Mousset a dit…

Le problème ne vient pas tant du mépris (sentiment aristocratique plutôt rare dans une société démocratique) que du sentiment d'être méprisé (sentiment très fréquent dans une société démocratique, où l'idée de supériorité insupporte, où l'individualisme narcissique est très répandu). Il m'arrive de mépriser (pour ceux qui le méritent, je m'en sens le devoir), mais jamais je ne me sens méprisé (y compris par ceux qui sans doute me méprisent) Quant à ceux qui votent FN, ils sont dans l'incapacité de mépriser comme d'aimer : ce sont des merdes qui voudraient sentir bon. Qu'ils ne comptent pas sur moi pour les parfumer.

Erwan Blesbois a dit…

Le vote FN pour moi n'est pas condamnable, il est l'expression d'un symptôme. Ce ne sont pas les malades qu'il faut combattre, c'est la maladie. Dans le cas du nazisme, on a fait le boulot trop tard et on a dû combattre les malades. Mais c'est avant tout la première guerre mondiale qui avait créé ces malades. Or la première guerre mondiale avait pour cause l'impérialisme des nation, c'est cette maladie qu'il aurait fallu combattre. Tout comme aujourd'hui la maladie c'est la vision la plus libérale du commerce mondialisé et apatride, qu'il faut combattre. Nous n'avons pas la même interprétation des phénomènes.

Emmanuel Mousset a dit…

En effet, pas du tout. Pour moi, le FN n'est pas le symptôme, c'est le mal lui-même : ressentiment, nationalisme, racisme. Ton diagnostic est vicieux, pervers : le nazisme, c'est la faute à l'impérialisme ; le vote FN, c'est la faute à la crise économique et à la classe politique. Tu dédouanes les fachos de toute responsabilité. Tu les encourages même à poursuivre, puisque ce sont des "victimes", n'est-ce pas ? Erwan, il est temps d'aller te faire soigner (politiquement)

Erwan Blesbois a dit…

Je suis au moins logique avec moi-même, je ne crois pas beaucoup en la liberté et en la libre volonté, je pense que nous sommes mus par quelque chose qui se trame derrière nous. Comme le calcul égoïste à l'œuvre dans la technique par exemple. Je fais une interprétation gréco-latine du monde. Toi c'est plus cartésien, plus moderne, avec une subjectivité, selon toi libre et pleinement autonome, dont tu fais le fondement du monde qui nous entoure ; tu en appelles à la responsabilité et à la conscience de chacun. Bien sûr que le monde est pervers et de plus en plus pervers, à cause de la technique qui nous transforme en "devenir-reptile" ou "devenir-insecte", qu'il se joue quelque chose derrière nous qui nous dépasse. Je n'ai pas de réponse pour résister à ça, peut-être plus de bonté collective, être fidèle à notre condition de mammifère. Nous avons deux visions radicalement différentes du monde. Tiens je vais te faire plaisir, de Fontenay dirait que tu es plus honnête et probe que moi, qui me décharge de ma responsabilité. Et puis c'est vrai que j'ai un petit côté pervers, j'aime voir enfler tes veines à ton cou quand tu parles du FN.

Erwan Blesbois a dit…

Bien sûr que les nazis étaient des victimes, des malades. C'est pourquoi un homme normal, équilibré, heureux (si cela existe) ne ressent pas le besoin d'être un monstre. Or les nazis étaient des monstres donc des victimes. Où se situe la responsabilité ? Dans les débuts des temps modernes, avec Descartes et Bacon, avec l'idée d'une subjectivité libre et pleinement autonome et responsable, et que clôt Heidegger qui prône le retour à une subjectivité gréco-latine, plus détachée, moins intéressée, et que personne n'écoute, car il a eu simplement le tort de vivre en même temps que Hitler, et dans le pays du nazisme. Je ne crois pas un seul instant que Heidegger fut impliqué en quoi que ce soit dans les crimes du nazisme, ni qu'il en eu partagé l'idéologie.

bil36 a dit…

Vous devenez ultra libéral M Mousset il est vrai qu'avec vos 45 heures hebdo de prof (dont je fais parti) réparties sur 36 semaines vous ne serez pas touché... Je me demande si vous avez déjà travaillé dans le privé ou si vous avez déjà vu des apprentis épuisés (euphémisme) par le rythme de l'alternance, moi si !

Ce que la gauche fait actuellement c'est revenir 50 ans en arrière, les accords de branche ou d'entreprise sont suicidaires car ils entrainent une compétition entre employeurs là ou justement "entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime, et le droit qui libère" Lacordaire

Vous voulez que la gauche mène à fond ses réformes qui n'ont rien données depuis le début du quinquennat : c'est exactement l'argument évoqués par les Khmers rouges pour mener à bien leur génocide.

Le droit du travail Français n'est nullement en cause, les Français sont les plus productifs d'Europe http://www.les-crises.fr/les-ultra-liberaux-en-ont-reve-la-droite-socialiste-le-fait/#!prettyPhoto

Enfin, pour les masochistes ( ou arrivistes) qui voudraient aduler cette réforme voici un test intéressant http://www.20minutes.fr/economie/1789407-20160218-saurez-distinguer-code-travail-version-el-khomri-droit-travail-anglais-chinois

La réforme comme elle se présente va abaisser les salaires, et s'inscrit donc dans la continuité de la politique de l'offre de ce gouvernement ( qui a abaissé les charges des patrons pour augmenter celles des ménages, abaissant ainsi la consommation et entrainant ainsi plus de chômage)

Bien cordialement

Emmanuel Mousset a dit…

Cher Monsieur,

Autant éviter des remarques d'ordre privées dans un débat politique. Mais puisque vous y tenez : oui, j'ai travaillé dans le secteur privé, avant de devenir enseignant à l'âge de 33 ans.

Je vais vous "choquer", mais tant pis : quand on travaille vraiment, on est forcément "épuisé", pour reprendre la terminologie contemporaine, qui n'est pas innocente.

Quant à ma volonté politique, vous la rapprochez de celle des Khmers rouges. C'est le genre d'argument qui me ravit : après, je n'ai plus qu'à me taire et à vous laisser parler.

Bien cordialement de même



Erwan Blesbois a dit…

Rectification bil36, 45 heures mensuelles. A-t-on déjà vu un prof travailler 45 heures dans la semaine ? C'est pour cela qu'Emmanuel Mousset a tant d'énergie pour faire autre chose... que son boulot. Mais j'appartiens moi aussi à cette corporation privilégiée.

Erwan Blesbois a dit…

Dans nos conversations nous atteignons souvent le point Godwin, quand par manque d'arguments, l'un des protagonistes traite son interlocuteur de fasciste ou de nazi. Tout le monde est toujours le fasciste de quelqu'un d'autre.

Philippe a dit…

Il y a me semble-t-il plusieurs extrêmes droites incompatibles les unes avec les autres comme il existe plusieurs extrêmes gauches incompatibles les unes avec les autres.
Celle qui semble faire l'objet de la ire de notre ami blogueur (ici ou sur St Quentin Mag) est un parti politique s'inscrivant dans le système dit de la démocratie représentative ... c'est à dire se présentant aux suffrages citoyens. Il est patriotique en ce sens qu'il pense que l'adhésion aux valeurs de la culture française, à l'histoire de la France (depuis Clovis en passant par Jeanne d'Arc, Clemenceau, Pétain, de Gaulle etc. j'en passe !!!!), donc que cette adhésion est nécessaire pour être et être reconnu comme français.
Dans cette conception un musulman, un juif, un agnostique, un athée que sais-je ... peut être français s'il s'assimile c'est à dire s'il adhère … à la « France Éternelle » peu importe qu'il y soit né ou qu'il soit « de souche ».
Ce parti politique ne semble pas être impérialiste (pour l'instant …..) dans la mesure où il critique et est opposé aux interventions militaires hors de France.
Il existe me semble-t-il une autre extrême droite qui semble ou se dit incompatible avec la précédente, avec des passerelles entre elles (comme à l'extrême gauche d'ailleurs) passerelles faites d'égos blessés ou surdimensionnés ou de réelles fâcheries idéologiques.
Dans la mouvance de cette autre extrême droite il existe des partis ou mouvements politiques dits « identitaires » s'interdisant toute assimilation pour ceux qui ne seraient pas « de souche ». Certains y sont convaincu que le « Grand Remplacement » (voir sur wikipédia) est en cours ils préconisent la « Remigration » comme solution.
Le point commun entre tout cela c'est la croyance, comme certains croient en « l'Immaculée Conception », que les valeurs de la France sont toutes respectables et dignes d'une Universelle Admiration, mais ce point est largement partagé avec d'autres qui se disent « non extrêmes » !!!!!!!!!!!!!!!

Emmanuel Mousset a dit…

- Philippe, je n'ignore pas les nuances et les incompatibilités de l'extrême droite, mais je les combats toutes, sans distinction.

- Erwan, parle pour toi, fasciste qui a son fasciste (puisque c'est toi qui le dis). Mais je ne me reconnais pas dans cette formule. La grande majorité des citoyens et des militants sont républicains et pas fascistes du tout, comme moi. Le jeu des similitudes, les effets de miroir, je te le laisse.

Erwan Blesbois a dit…

Je n'ai pas dit "fasciste qui a son fasciste". Pour avoir raison tu déformes mes propos. J'ai parlé de cet étrange phénomène qu'on appelle le point Godwin et que tu ne peux nier. Je m'estime plus proche des Grecs antiques que des fascistes. Mais que sait-on encore des Grecs antiques ? Et je n'ai pas la prétention d'en savoir plus que n'importe qui.

Erwan Blesbois a dit…

Ceci dit j'ai discuté avec certains de tes "amis" de facebook. Il paraît que tu es vraiment un excellent prof, passionné, et tout et tout et tout... Je pense que cela peut suffire à satisfaire n'importe qui. Tu es tout simplement un être passionné. Mais encore une fois, je ne te jalouse pas.

Philippe a dit…

Emmanuel votre fixation sur l'extrême droite sans distinction est du même niveau que la mienne vis à vis des socialistes sans distinction ... qui date de loin 1956/57 et de leurs exploits sur les patriotes algériens.

Erwan Blesbois a dit…

Philippe votre ton m'est familier. N'étiez-vous pas par hasard informaticien, habitant du côté de Versailles en mai 1998 ?

Erwan Blesbois a dit…

"La grande majorité des citoyens et des militants sont républicains et pas fascistes du tout, comme moi", pour combien de temps Emmanuel, pour combien de temps ?

Emmanuel Mousset a dit…

Sur mon boulot : je fais le job, c'est tout. Mes atouts, c'est sans doute que je suis plus pédagogue que professeur et que j'ai un sens de l'autorité que les jeunes générations d'enseignants n'ont pas toujours.

Anonyme a dit…

Ah le truc du vieux.... Quel ringard ce MOUSSET !!!

Emmanuel Mousset a dit…

Non, je ne suis pas dans ce truc-là. C'est simplement un constat sociologique que je fais : l'image du prof copain.

D a dit…

"Parlez moi d'moi, y qu'ça qui m'intéresse !"
C'est bien triste à lire toute cette logorrhée récurrente !

Emmanuel Mousset a dit…

Vous voudriez peut-être qu'on s'intéresse à vous ? Jaloux !

Philippe a dit…

http://www.leparisien.fr/politique/reforme-du-code-du-travail-on-y-voit-des-choses-hallucinantes-selon-attali-19-02-2016-5560151.php#xtor=AD-1481423629

je propose donc 12 heures de travail par jour pour les prof de philo.

Emmanuel Mousset a dit…

Attali est une mauvaise référence, du point de vue de ce que vous défendez. Preuve que les esprits s'embrouillent. Quant au maximum de 12 heures par jour, il est dans l'actuel code du travail. Agent de sécurité il y a 20 ans, mes vacations étaient de 12 heures, accompagnées par d'avantageux "repos compensateurs". Je ne regrette pas cette période de ma vie, mais je travaille beaucoup plus aujourd'hui.

Philippe a dit…

Bien sûr qu'Attali n'est pas une référence.
En ce qui me concerne je ne crois pas en la fable sussurant que le Code du Travail soit un obstacle à l'empoi.
Les causes sont multiples. Comme causes, nombreuses, il y a la perte de l'outil industriel, de la mécanisation de celui qui reste, l'appauvrissement des consommateurs etc. tous se mélangent et s'aggravent les uns les autres.
Je ne parle pas de l'abandon des circuits courts agricoles pour favoriser l'industrie agricole intensives et industrialisée... (à l'époque à la demande le la RFA domaine complexe et peu connu selon certains spécialistes pointus de ce monde, qui n'est la le mien)





Emmanuel Mousset a dit…

C'est vrai, mais je n'ai jamais inventé la fable que vous dites. Le Code du Travail ne crée pas l'emploi, mais c'est un élément qui peut favoriser.