lundi 8 février 2016

Coup de jeune à droite



Thomas Dudebout, conseiller départemental à 27 ans ; Frédérique Macarez, maire de Saint-Quentin à 37 ans ; Julien Dive, investi hier pour les élections législatives à 31 ans : la droite locale a fait le choix du rajeunissement. Nous assistons à un changement de génération dans l'attribution des responsabilités. Démagogie ou intelligence politique ?

Je ne crois pas à la valeur déterminante de l'âge, ni en politique, ni dans la vie. Brassens avait raison : "l'âge ne fait rien à l'affaire ..." Je travaille avec des jeunes, ils ne sont pas meilleurs que les moins jeunes. Le jeunisme de notre société vieillissante m'exaspère : les roucoulades de vieux pigeons devant les tourtereaux sont ridicules. Je ne crois ni à la sagesse du vieillard, ni à la nouveauté de la jeunesse. En politique, ce qui prévaut, ce sont les convictions, pas l'état civil, l'âge des artères ou le stade biologique.

Ceci dit, il est bon qu'un parti politique renouvelle ses troupes, ses cadres et ses candidats. Ce n'est pas un gage de vertu, pas même une garantie de réussite, mais c'est un signe d'avenir. Un jeune peut être aussi con qu'un vieux, mais il est certain, sauf accident, qu'il vit beaucoup plus longtemps. Et dans une activité, telle la politique, qui nécessite de la durée, ce n'est pas rien. La jeunesse n'est pas une qualité morale, mais c'est quand même un atout électoral. François Mitterrand l'avait compris : quand il a fondé le Parti socialiste, il a fait monter des jeunes, pour remplacer les gérontes de la SFIO.

Et puis, il y a une question d'image, dans une société beaucoup plus marquée par l'image, les médias qu'autrefois. Si la vieillesse ne manque pas de ressort ni d'énergie intérieure, l'apparence de la jeunesse renvoie au dynamisme et à l'audace. Dans ce monde qui est le nôtre, c'est à prendre en compte. Pour ma part, je préfère un élève rebelle, même un peu stupide, à un vieux soumis, conformiste, suiveur. La jeunesse est une excuse, pas la vieillesse. L'Histoire aussi le confirme : les grands révolutionnaires de 1789 étaient incroyablement jeunes.

Une autre donnée, c'est l'effet trentenaire, une génération qui a sa culture, ses codes : Dive, Macarez, Dudebout sont de ce monde-là, qui n'est pas supérieur à un autre, mais qui colle bien à notre époque. Moi-même, quinqua, ma culture politique n'est pas la leur, est très datée, appartient aux années 70. La rédaction de ce blog s'en ressent. L'audience est bonne, j'ai la faiblesse de croire que mes billets sont de qualité, mais le succès est d'estime, de curiosité, pas d'adhésion. J'intéresse mais je n'entraîne pas. Car mes réflexes, ma façon de m'exprimer ou de penser ne sont plus ceux d'aujourd'hui. On admire peut-être, mais on sourit en même temps, et ça ne fait pas mes affaires ...

Les trentenaires, eux, apportent quelque chose de nouveau, sont plus réceptifs. La politique autrement, c'est un slogan, mais pour la jeune génération, c'est une aspiration et une réalité. De ce point de vue, Frédérique Macarez nous étonnera et posera un vrai problème à la gauche, beaucoup plus que Xavier Bertrand, encore old school. Les trentenaires sont pragmatiques, ouverts, souples ; mes billets de quinqua sont marqués par l'idéologie, la raideur, une trop grande assurance, une certaine brutalité, une ironie pas toujours bien placée. Il ne faut jamais renier ce qu'on est, surtout lorsque ce n'est pas déshonorant, mais il faut en reconnaître les limites.

Quand Frédérique Macarez dit que son objectif, c'est de "prendre soin des gens", c'est une sensibilité typiquement trentenaire. Il ne me viendrait jamais à l'idée de dire ça, de l'écrire, de définir ainsi l'action politique. Ce n'est pas que j'ai tort ; mais c'est elle qui est dans l'air du temps. Maintenant, sur le fond politique des convictions, rien ne bouge : Dive, Macarez et Dudebout peuvent y mettre les formes, leur engagement reste à droite et le mien à gauche.

C'est pourquoi la gauche locale, à son tour, doit se poser la question de son renouvellement et de son rajeunissement, entre autres questions. La réponse ne la fera pas gagner, mais y contribuera. Sinon, ce sera ajouter une difficulté aux difficultés, déjà nombreuses.

6 commentaires:

Philippe a dit…

"L'Histoire aussi le confirme : les grands révolutionnaires de 1789 étaient incroyablement jeunes"
pour compléter
et incroyablement non installés socialement ... vie professionnelle nulle ou balbutiante, célibataires souvent, parfois en rupture ou opposition familiale (grands ados).
Ils ont imposé leur loi sanglante de septembre 92 à juillet 1794.

Emmanuel Mousset a dit…

Votre psychologie de bazar ne correspond pas à la réalité : Robespierre, Mirabeau et quelques autres ne présentent pas ce tableau.

ORJOL Monique a dit…

Je ne sais pas si tu vas te souvenir de moi.
J'étais au PS avec toi, et je suis partie en Bretagne en 2000. Mon mari était en Bretagne depuis Octobre 1999 et nous allions parfois au ciné ensemble, voir "le Gone du Shaaba" notamment, où tu avais tellement souffert lorsque le gamin avait été circoncis! :-D
Te souviens-tu de la Zététique? Le proviseur du Lycée ne voulait pas en entendre parler! :-D
J'avais envie de t'envoyer un signe d'amitié mais n'étant pas sur Facebook, c'était difficile.
Un ami de mon mari lui a envoyé 3 exemplaires de St-Quentin Mag et j'ai vu ta rubrique. Ca m'a fait sourire.
Je ne suis plus au PS, je trouve qu'ils ont trahi leurs électeurs et qu'il est définitivement passé à droite.
Je te donnerais bien mon adresse courriel mais je ne sais comment faire. C'est personnel quand même! :-)
Enfin, maintenant, je vais pouvoir te suivre à travers ce blog, c'est sympa.
Amitiés
Monique ORJOL


Philippe a dit…

Mirabeau se montrait nu au balcon de sa maïtresse pour emm..... sa famille
Robespierre a vaguement défendu qq moines délinquants du monastère ST Vaast et produisait comme un ado boutonneux qq sonnets à la socièté des Rosatis .............
etc.
Mais cela ne leur enlève rien pour moi car ils se sont vengés au maximum de leurs possibilités des dominants de l'époque ... surtout Robespierre ... qui d'ailleurs avait été laissé sous la pluie au pied du carosse royal où il avait été envoyé pour débiter des compliments au couple royal quand il était à Louis le Grand ............
Quant à connaître "la réalité" vaste programme ...

Emmanuel Mousset a dit…

Monique,

L'affaire de la zététique était remontée jusqu'au recteur, qui a dit non sur un contresens, croyant que c'était pour promouvoir les croyances irrationnelles, alors que c'était exactement l'inverse !

J'ai quitté la section de Saint-Quentin, parce qu'il ne s'y passe plus rien, mais je reste socialiste fervent.

Au plaisir de te lire,

emmanuel.mousset@wanadoo.fr

M a dit…

"Quand Frédérique Macarez dit que son objectif, c'est de "prendre soin des gens", c'est une sensibilité typiquement trentenaire."
Et le "care" ?
Ce n'est pas des trentenaires d'aujourd'hui !
Prendre soin des autres, ça n'a jamais été de la politique.
C'est prendre les autres du haut de ses propres prétendues qualités (à vérifier)...