lundi 22 février 2016

Gare à Gazpar




Le conseil municipal de ce soir, à Saint-Quentin, était très attendu. La politique, c'est aussi une affaire de style. Après Xavier Bertrand et Pierre André, quel allait être celui du nouveau maire, Frédérique Macarez ? Nous n'avons pas été déçus. Pour une fois sans foulard, elle a commencé, tout en sourire, par un rappel à l'ordre sur les prises de parole. En résumé : pas de polémique, pas de politique. La suite en a été la démonstration : des échanges très techniques, dans lesquels l'alter ego du maire dans l'opposition, Olivier Tournay, PCF, est très à l'aise, en costume cravate gris clair, s'il vous plaît. Question autorité, Macarez a enfoncé le clou, sur la tête de Mathieu Gressier, ex-directeur général des services : "j'ai mis fin à ses fonctions, comme vous le savez ..." A bon entendeur, salut !

L'assemblée a été très calme, très sage. Des interventions pas trop longues, très fluides, les réponses du maire claires, minimales, une douce ambiance, agréable. Le temps des bagarreurs semble terminé (à confirmer). Un changement d'époque : plus de SMS bourrés de fautes qui défilent en bas de l'écran, plus de laborieuses explications aux téléspectateurs. Tant mieux, ce système télévisé n'avait pas là sa place. La séance a été rapide et s'est conclue sans façons, sans conclusion. Pas de temps à perdre en discours inutiles : c'est ça aussi, la nouvelle génération.

Olivier Tournay s'est montré égal à lui-même, d'une fermeté cette fois-ci courtoise : il n'a plus le grand méchant loup XB devant lui (mais quand même dans la salle, qui ne consulte sa tablette que d'un œil, au cas où ...) Premier dossier un peu chaud : l'aide financière aux commerçants, que le jeune élu communiste verrait mieux affectée aux précaires. Question de choix, de priorité, comme toujours en politique. Mais son assaut le plus original aura été contre les compteurs à gaz, d'une espèce nouvelle, Gazpar, dont j'ignorais totalement et le nom, et l'existence, et les dangers. Savez-vous que ces bêtes-là sont devenues "intelligentes" (c'est le terme qui a été employé) ?

Jusqu'à présent, je trouvais que mon compteur à gaz était un peu con, se bornant à mesurer ma consommation. Les nouveaux ont nettement évolué : ils sont capables d'enregistrer vos invités, votre lever et votre coucher, les prises de douche (tout ça est véridique) et peut-être bien le nombre de fois que vous faites l'amour en une nuit. Un pauvre compteur à gaz, moche comme tout, est désormais un péril pour la vie privée (il parait que les compteurs électriques d'aujourd'hui ne sont guère mieux). C'est affolant et effrayant.

Une vingtaine de villes ont refusé Gazpar, Olivier Tournay demande à ce que Saint-Quentin rejoigne les rebelles. Je ne sais pas, mais je vais regarder d'un autre œil l'engin chez moi. Pour une fois, l'élu communiste a été soutenu par l'élu anticommuniste Vincent Savelli, qui en a rajouté en matière d'inquiétude : les hackers peuvent nous mettre "tout nu", prenant le contrôle de nos téléphones, ordinateurs, télévisions, éclairage électrique ... Ce n'était plus un conseil municipal, mais un récit de science-fiction, ou un film d'horreur.

Le Centre social Saint-Martin va enfin recevoir des locaux dignes de ce nom, et plus les préfabriqués qui venaient du chantier d'Eurotunnel ! Sylvie Saillard, élue FN, en voulant déplorer que l'entreprise chargée de la construction vienne de Roubaix, a commis un joli lapsus qui a fait rire (même moi, qui pourtant ne rit jamais à ce que dit le FN) : société "française" au lieu de "locale". Eh oui, quand on est nationaliste, ça tape sur le cerveau. Voilà le résultat de l'ambiance inédite, très détendue, qu'a instaurée Frédérique Macarez : les propos de l'extrême droite amuse. Un seul continue à fiche la trouille : pas Xavier Bertrand, ancien méchant maintenant silencieux, mais Gazpar, nouvelle menace.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Emmanuel,

Le souci avec ces nouveaux compteurs, c'est qu'ils sont installés aussi par des entreprises privés non françaises ou françaises mais "utilisant" de la main d'œuvre étrangère et payée au ras des pâquerettes, comme le fut un temps les nouveaux compteurs électriques.

Dommage que seul le PC seul, porte de vrais combats et de vraies propositions. Où est le PS ? Longe venerunt , et in tenebris (et oui, je me suis amusé avec le latin, tout comme la réforme de Madame la Ministre).

Laurent ELIE

Anonyme a dit…

A rapprocher de certaines installations top secret dans la ligne "Maginot" par une entreprise germanique bien connue et encore de ce monde. Entraînant paraît-il l'Etat Major allemand à se décider de contourner ladite ligne et passer par la Belgique...
Bah... Contournera t-on le compteur à gaz de notre philosophe préféré pour on ne sait encore trop quel motif ? Mais sait-on jamais ?

Philippe a dit…

Les gazpars vont faire transiter les infos par la toile "WWW".
Donc un méchant éventuellement surdoué va pouvoir mettre de la pagaille dans la pagaille ...
bof un peu plus un peu moins ...
Par contre gazpar va-t-il être facturé à l'abonné ?
bof vous allez me dire une taxe déguisée de plus ...

Anonyme a dit…

MouMous n'est pas philosphe mais prof de philo #nuance

Emmanuel Mousset a dit…

C'est une querelle de mots et de jalousie dans l'appropriation d'un titre. Dans le langage ordinaire de l'Education nationale, les profs d'histoire, d'économie ou de philosophie sont qualifiés d'"historiens", d'"économistes" et de "philosophes". A l'extérieur, un "philosophe" désigne le créateur d'une pensée et le rédacteur d'une oeuvre. Mais l'homme sage peut être aussi qualifié de "philosophe", même s'il n'a jamais fait de philosophie.

Le mieux est de laisser chacun se définir librement, un titre n'étant la propriété de personne.