samedi 14 novembre 2015

La guerre



J'aime me promener dans Paris. Je suis amoureux de cette ville, où j'ai vécu pendant 14 ans. Paris, c'est la liberté, la culture, la beauté. C'est aussi une capitale du monde. J'aime tous ses quartiers, surtout le jardin de Luxembourg, Saint-Germain-des-Prés, la librairie Gibert. A Paris, l'air est plus léger qu'ailleurs. Et puis, Paris est une ville très politique, chargée d'histoire. Je n'aime pas qu'on s'en prenne à Paris, qu'on la critique. Quand on y commet des massacres, comme hier soir, c'est la guerre qui monte en moi.

Nous sommes en guerre, c'est un fait. Depuis plusieurs mois, la France intervient militairement en Syrie, contre l'Etat islamiste, totalitaire et criminel. Mais cette guerre est lointaine. Depuis hier, elle s'est rendue sur notre sol, de la façon la plus barbare qui soit : le meurtre délibéré de plus d'une centaine de civils. La tuerie de Charlie, c'était différent : quelques égarés qui voulaient venger leur prophète. Hier, c'était un acte de guerre, planifié, rationnel, calmement exécuté.

A la guerre, il faut répondre par la guerre : c'est une question de dignité et d'efficacité. Ce ne sera pas facile. En janvier dernier, l'opinion est descendue en masse dans la rue pour défendre la liberté d'expression. Mais pour faire la guerre ? Pourtant, on sent bien qu'on ne pourra pas en rester très longtemps au discours victimaire, compassionnel et sécuritaire qui tourne en boucle dans les médias depuis quelques heures.

La France devra riposter aux massacres de Paris, aller punir leurs commanditaires dans l'antre de Daech. La réaction ne peut être que militaire. Jusqu'à présent, notre engagement en Syrie a été limité. Il faudra sans doute l'intensifier. Nous sommes une puissance nucléaire, l'une des armées les mieux équipées au monde. L'Etat islamiste, à côté, n'est rien du tout : une bande de tueurs chez eux et à travers la planète, qui n'ont pour eux que la force des faibles et des lâches. Nous le serions à notre tour en ne faisant rien alors que nous disposons d'énormes moyens.

Solution militaire, mais aussi politique, diplomatique, géostratégique : Bachar el-Assad est un tyran sanguinaire, mais le seul rempart contre les djihadistes. Il faut s'appuyer sur lui, comme les Alliés en leur temps ont soutenu Staline pour vaincre Hitler. La Russie de Poutine n'est pas une démocratie parfaite, sa politique étrangère est contestable, mais il n'est plus possible de se priver de ce partenaire pour combattre l'Etat islamiste.

Et chez nous, que peut-on faire ? Surtout ne rien changer du tout, maintenir nos activités habituelles, poursuivre notre vie démocratique, montrer aux terroristes qu'ils n'ont pas gagné, que la population n'a pas peur, que le pays n'est pas désorganisé. Car l'objectif des terroristes est bien celui-là : répandre la mort pour semer la terreur. Envers et contre tout, nous continuerons à nous promener dans l'air léger de Paris.

Il y a aussi une illusion à dissiper : celle de l'impossible sécurité. On ne pourra jamais poster des forces de l'ordre un peu partout en laissant croire qu'on protégerait ainsi les citoyens. A ce jeu-là, les terroristes seront toujours les plus forts. Pensez un peu : ils ont mis en place en plein cœur de la capitale une opération paramilitaire d'envergure, sans que les autorités ne la repèrent ni ne la dissuadent. Il y a de quoi faire réfléchir ! Le terrorisme ne peut être vaincu qu'en frappant à la source, pas en se protégeant vainement de ses conséquences. L'autre illusion à dissiper, c'est la toute puissance de la technologie : il n'y a que dans les films américains qu'une liaison satellite repère des appels téléphoniques ou suit un tueur à la trace.

J'espère que le président Hollande nous annoncera très vite l'initiative diplomatique, notamment en direction des Russes et des Syriens, et l'intervention militaire qui rendra justice.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Les groupes islamistes prolifèrent sur les continents africain et asiatique, tout en menaçant l’Europe et les Etats-Unis : Al Qaida, Aqmi, Boko Haram, l’Etat Islamique, et j’en passe… En fait, la violence des extrémistes chiites ou sunnites, s’est déchaînée ces dernières décennies avec un acharnement inouï, mue par une folie meurtrière qui tire sa source autant dans la volonté de puissance que dans le fanatisme religieux, également attisée, il est vrai, par les interventions occidentales et russe dans la région. Depuis la révolution iranienne de 1979, les deux communautés se livrent à une véritable surenchère à l’islamité qui s’est transformée au fil du temps en une course à l’abîme… Cette rivalité est au cœur de la dérive terroriste, on l’oublie trop souvent, les commentateurs préférant insister sur la responsabilité des Etats-Unis, en oubliant au passage l’intervention soviétique en Afghanistan, pourtant à la source de la mobilisation planétaire des mouvements islamistes…

Anonyme a dit…

Nos dirigeants se sont aveuglés depuis près de 4 ans par obsession anti Bachar el Assad puisque nous avons livré des armes aux terroristes "modérés" d'Al Nosra, filiale locale d'Al qaida et même le Ministre des Affaires qui lui sont étrangères Laurent Fabuis a déclaré le 20 août que ces derniers (Al nosra) faisait du bon boulot sur le terrain syrien!
Déjà en 2011 le prédécesseur d'Hollande avait détruit la Libye de Khadafi, parce que c'était un affreux dictateur comme Bachar, comme un petit bushiste, en y semant l'anarchie, la mort et la progression des islamistes. Il y a 2 ans Hollande-Fabius, avec le même moralisme à très courte vue, voulaient que la France bombarde la Syrie de Bachar. Heureusement qu'Obama et Poutine les en ont empêché.
La fin de la guerre passe aussi par une négociation politique avec tous les acteurs régionaux et mondiaux pour réintégrer les 7 millions de Sunnites qui ont rallié l'Etat islamique parce que reniés dans les états irakiens et syriens. Il faut couper toutes leurs sources de financement extérieur par la vente du pétrole notamment, avec la complaisance de la Turquie d'Erdogan qui préfère bombarder les Kurdes plutôt que les Islamistes.

R a dit…

En fait l'alternative bien comprise se réduit à :
option n° 1 : la France envahit (seule ou avec l'aide d'une coalition) puis écrase si possible le califat âgé de deux années bien tristement ensanglantées...
option n° 2 : la France déclare se retirer de toute intervention au moyen orient, en Afrique et ailleurs, rapatrie toutes ses troupes actuellement sur un théâtre dit extérieur...
La politique, ça peut être simple si on le veut.
Mais toujours appliquer la règle romaine qui sera éternellement d'actualité pour les nations majeures : pour viser la paix, il est nécessaire de toujours se préparer à la guerre.

Emmanuel Mousset a dit…

Entièrement d'accord avec le dernier commentaire.