mercredi 24 août 2016
L'école de la peur
Dans une semaine, c'est la rentrée scolaire. Deux ministres l'ont présentée aujourd'hui : celle de l'Education nationale, celui de l'Intérieur, le sourire bien connu de Najat Vallaud-Belkacem, la gravité bien connue de Bernard Cazeneuve. Mais c'est celui-ci qui l'a emporté sur celle-là, terrorisme oblige. La "priorité absolue", c'est-à-dire qu'il n'y en a pas d'autre, c'est "la sécurité" : des patrouilles, des exercices, dont celui du "confinement" (j'adore ce mot, qu'on réserve habituellement à la volaille à protéger d'un virus). Plus fort : la simulation d'un attentat avec intrusion, comme dans les films, mais là, ce ne sera pas du cinéma. Pour chapoter le tout, à la guerre comme à la guerre, un "état-major" sera constitué dans chaque département, pour protéger nos écoles.
Avec toutes ces mesures, sommes-nous au moins rassurés ? Ce n'est pas sûr, puisque depuis les attentats du Bataclan s'est développée l'idée que "n'importe qui, n'importe où peut être victime du terrorisme". Allez lutter contre ça ! Pourtant, cette idée est fausse, nous devrions la sortir de nos têtes : la probabilité de mourir sous un acte terroriste est infime. Mais le mensonge se poursuit, comme si on prenait plaisir à se faire peur. Surtout, c'est l'idée des terroristes, qu'il est tout de même embêtant de partager et de propager !
Il parait aussi que Daech, après avoir assassiné un prêtre, veut tuer des enseignants. Est-il indécent, présomptueux, irresponsable ou obscène de ma part d'avouer que je n'ai pas peur ? Tant pis, je prends ce risque, ce sera le seul ... Najat Vallaud-Belkacem veut "développer dans l'institution scolaire une culture pérenne du risque et de la sécurité". Pour moi, la seule culture qu'on enseigne à l'école est scientifique, littéraire, artistique et sportive. Les comportements de prudence élémentaire relèvent de l'éducation familiale. Ils ne dépendent d'ailleurs pas des événements extérieurs : le monde a toujours été violent et menaçant.
Nos ministres ont raison d'être inquiets et de prendre toutes les précautions nécessaires. Mais il ne faut pas faire peur à nos enfants, il ne faut pas cultiver dans nos écoles l'anxiété et l'hystérie qui circulent dans la société, il ne faut pas aller dans le sens de certains médias qui sur-jouent la peur du terrorisme. Il faut au contraire leur apprendre le détachement, la sérénité et par dessus tout la vérité sur une actualité déformée par sa mise en spectacle. Ce qui n'empêche pas, bien sûr, de faire les exercices de sécurité qui s'imposent et qui d'ailleurs ont toujours existé. Mais sans en rajouter. Sinon, comment pourrez-vous me souhaiter et comment pourrais-je souhaiter à vos enfants, la semaine prochaine, le traditionnel "bonne rentrée" ?
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4 commentaires:
Le confinement est bien connu, aussi, de l'industrie nucléaire. Le paradoxe, c'est que je n'y pensais plus, à la peur. Au 7 janvier 2015, au 14 juillet dernier, notamment. Ce post me l'aura rappelé. Bonne rentrée
Pessimiste, je crains que tout ça soit contre-productif.
On ferait mieux de blinder les jeunes cerveaux de certitudes à propos de nos valeurs républicaines.
Et les cervelles plus âgées aussi si nécessaire.
N'ayez pas peur : celle là n'a jamais fait éviter le danger, il me semble...
Vous nous dites : Nos ministres ont raison d'être inquiets et de prendre toutes les précautions nécessaires. Mais il ne faut pas faire peur à nos enfants, il ne faut pas cultiver dans nos écoles l'anxiété et l'hystérie qui circulent dans la société...
J'ai un peu de bouteille et je vote depuis plus de quarante ans (vous voyez à peu près de quelle génération je fais partie) et je n'ai entendu dans les programmes des candidats des idées de protection des gens que depuis l'avènement au plus haut niveau des possibilités électorales du Front National, (ou alors j'ai zappé des choses).
UMP et maintenant LR...
Et ce sont eux qui ont démantelé la police de proximité...
Je pensais que la gauche éviterait cet écueil, mais vous, vous foncez droit dessus.
Il ne vous reste plus qu'à rejoindre cette "famille" qui ne pense que sécurité sans s'en donner les moyens (école, formation, service civique ou militaire et police au plus proche des populations)...
Dans tous les cas une attaque terroriste dans une école ou un lycée se solderait par un massacre. Et ce ne sont pas les exercices ridicules imposés par le Ministère qui y changeront quoi que ce soit. Il est largement préférable de faire protéger l'entrée des établissements par des policiers ou des réservistes... Quant à la peur, autant que les élèves s'y habituent.
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