samedi 13 août 2016
Déni de justice
La République est un régime politique qui repose sur quelques principes simples, qui permettent de l'identifier. L'un d'entre eux est l'indépendance de la justice : le pouvoir judiciaire est séparé du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif. Sa négation engendre la république bananière ou le régime totalitaire. C'est un rappel très scolaire. Pourtant, certains hommes politiques ne respectent pas ce principe de séparation entre la justice et la politique. Les réactions dans l'affaire Jacqueline Sauvage le prouvent une fois de plus.
Cette personne et ses proches ont vécu en enfer, confrontés à un mari violent, violeur, incestueux. Elle a décidé de le tuer. Beaucoup d'entre nous auraient peut-être fait de même. Mais il y a des lois, qui condamnent le meurtre, tout en reconsidérant sa qualification quand il y a circonstances atténuantes ou légitime défense. C'est le travail des juges et des jurés d'en juger : ce n'est pas à l'opinion publique, aux médias, ni aux responsables politiques. Malgré la grâce présidentielle partielle, la justice a choisi hier de maintenir en prison Jacqueline Sauvage. Quelle que soit notre compassion, nous devons respecter cette décision, au premier chef les élus. Sinon, il n'y a plus de justice.
Jean-Luc Mélenchon, Nathalie Kosciusko-Morizet et quelques autres se sont livrés hier à un déni de justice, en contestant le travail et la responsabilité des tribunaux. Quand on prétend à devenir président(e) de la République, c'est grave, et particulièrement irresponsable, car c'est un encouragement auprès de nos concitoyens à dénigrer la justice. Dans cette triste et tragique affaire, Jacqueline Sauvage aura été bien mal servie par ses défendeurs. En politisant et médiatisant ce dossier judiciaire, la sérénité nécessaire pour juger aura été perturbée. Les avocats eux-mêmes ont très mal joué, en croyant bon de s'appuyer sur l'opinion contre l'institution, en faisant de Jacqueline Sauvage une pure et simple victime, alors que la justice ne reconnaît que des innocents et des coupables.
On peut supposer que si les avocats avaient plaidé une part de culpabilité en même temps que réclamé la clémence (qui est aussi une vertu de la justice) et si personne d'autre ne s'en était mêlé, madame Sauvage serait aujourd'hui libre. Hier, une avocate a eu cette réflexion consternante, aberrante : "Faut-il égorger des prêtres pour être libéré ?" dans une allusion fausse et indécente au crime de Saint-Etienne-du-Rouvray et son assassin, placé alors sous contrôle judiciaire et bracelet électronique. Avec un tel défenseur, on n'a plus besoin d'un procureur !
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3 commentaires:
Bravo, bien dit, cette fois.
République = séparation des pouvoirs.
Mais continuez votre chemin et reconnaissez que l'exécutif n'a pas non plus à proposer des lois.
Proposer des lois doit être l'exclusivité du parlement en république telle que réfléchie par nos philosophes du passé.
Vous savez, les philosophes, il ne faut pas toujours écouter ce qu'ils disent ... Si l'exécutif ne propose plus de lois, il va faire quoi ?
exemple de n'importe quoi : "le peuple est cette partie de l'état qui ne sait pas ce qu'elle veut" ( HEGEL, principes de la philosophie du droit )
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