lundi 8 août 2016

Confidences dans les nuages



C'est un exercice que les hommes politiques connaissent bien et que les journalistes pratiquent volontiers : au retour d'un voyage, dans l'avion, s'épancher auprès de la presse, distiller quelques informations, faire part de certaines réactions, d'une façon très libre, informelle. Ce n'est pas un entretien en bonne et due forme, ni un reportage, mais une sorte de confession en plein ciel. Samedi, François Hollande, venant des JO de Rio, s'est prêté à ce petit jeu dont il est l'initiateur. Et qui débouche sur quoi, ce matin, dans les journaux ? Sur rien.

C'est à peu près comme confesse à un prêtre : on murmure sous le sceau du secret, mais les péchés sont connus d'avance, ce sont tous les mêmes, et ils se répètent désespérément. Tout ce qu'a dit notre président, nous le savons déjà : il s'exprimera sur sa candidature en décembre ; s'il y va, ce sera sur un projet, pas seulement sur un bilan ; il souhaite le moins de candidatures possibles à gauche ; il compte sur son art de la synthèse pour prouver éventuellement qu'il est le meilleur ; il combattra la tentation autoritaire ; il dira quelle France il souhaite.

Voilà, rien de neuf sous le soleil, même à plusieurs milliers de mètres d'altitude. Mais quand une parole est dite au creux d'une oreille, elle prend toute son importance, surtout quand elle n'en a guère. L'espace clos et restreint d'un avion favorise les fausses confidences. La dimension est celle d'un confessionnal collectif. Derrière la grille du prêtre, les enfants s'inventent parfois de petits péchés qui cachent les grosses fautes.

Ce que je retiens cependant, c'est cette référence à la synthèse, à laquelle Hollande tient beaucoup, qui est sa marque de fabrique, sur laquelle on l'a beaucoup moqué, à tort : cette tactique lui a permis de se maintenir plus longtemps qu'un autre à la tête du Parti socialiste ; elle lui a aussi ouvert les portes de l'Elysée, à l'issue d'une primaire dans laquelle il ne partait pourtant pas favori. François Hollande compte encore sur sa fameuse capacité de synthèse pour se faire réélire. Et je crois qu'il en est capable !

C'est que la synthèse, chez lui, est plus qu'une simple tactique de rassemblement, d'union ou de compromis (tous les politiques s'y adonnent) : une façon d'être, un art de vivre, une modalité de l'existence, une morale et une philosophie, une sorte de chimie et peut-être d'alchimie, concilier les inconciliables, transformer le plomb de la défaite en or de la victoire. Alors que la politique incite plutôt à l'adversité et à l'exclusion, François Hollande, toute sa vie, a usé d'une arme fatale, redoutable : la sympathie, la bonhommie, une forme de légèreté, de distance et de bienveillance dans les rapports humains.

Cet homme-là n'est pas idéologue pour un sou : il sait que la politique est plus une affaire d'hommes que d'idées. Il n'y a que dans les romans ou chez certains fanatiques qu'on se bat et qu'on meurt pour une cause, où l'on va jusqu'au bout de ses idées. La plupart des êtres humains réagissent autrement : un compliment, une flatterie, une marque d'estime, un simple intérêt porté sur eux, même un rire, voilà qui leur convient, qui leur suffit. Il n'y a pas besoin, finalement, de grand chose pour rallier quelqu'un à soi : une petite promesse, un vague espoir, une gentillesse et le tour est joué.

Dire à chacun ce qu'il veut entendre, ne jamais se braquer avec personne, laisser toujours une porte ouverte, qui permet d'entrer ou de partir : c'est le grand art de François Hollande, auquel aucun être humain ne peut résister. Je le répète : soyez sympathique avec quelqu'un, vous ferez de lui ce que vous voudrez. On ne résiste pas à la sympathie, je l'ai constaté plusieurs fois. La politique n'est pas ce qu'on croit : c'est une lutte, oui, mais une lutte d'édredons, ce qui n'empêche pas certains, les plus coriaces, de mourir étouffés. Hollande a vu ça et a fait ça toute sa vie : il n'y a pas de raison qu'il ne continue pas, dans le temps politique qui lui reste à vivre.

2 commentaires:

Philippe a dit…

Hollande a deux faces contradictoires, il fais son « djihad » anti-musulman en Afrique et Moyen Orient en y déversant des bombes et flatte cette religion en France.
Il bombarde de la main droite et prêche le vivre ensemble de la main gauche !!!!!!!!!!!!!!!!!!

Anonyme a dit…

fausses confidences, quel marivaudage !