samedi 9 avril 2016
Que valent nos valeurs ?
Depuis quelques années, la déploration d'une "perte des valeurs" est fréquente dans le débat public. Certains commentateurs annoncent une prochaine campagne présidentielle qui serait axée sur le thème des valeurs, plutôt que sur l'économie, où l'on a l'impression de ne plus pouvoir grand chose. A Saint-Quentin, lors de la récente législative partielle, un candidat avait pris pour slogan : "Défendons nos valeurs". Le sujet est de mode. La bibliothèque municipale m'a demandé cet après-midi de faire une conférence philosophique sur le thème des valeurs, que j'ai intitulée : Que valent nos valeurs ?
Il fallait commencer par une définition de la valeur : c'est quelque chose à quoi on accorde de l'importance, à quoi on attribue un sens particulier. La valeur est synonyme de bien. Dans le monde matériel, elle correspond à un prix. Mais c'est la valeur humaine qui m'intéressait. Si l'on reprend la distinction classique entre nature et culture, je crois que la valeur est à ranger dans la seconde : il n'y a pas de valeur qui soit strictement naturelle, spontanée, innée. Toute valeur est une création des hommes. La famille est une réalité biologique, pas en soi une valeur ; mais la représentation qu'on s'en fait relève de la valeur, par exemple la Manif pour tous, qui a soutenu la valeur, la norme, le modèle du couple hétérosexuel.
L'origine d'une valeur n'est pas rationnelle. Ce n'est pas un produit de l'intelligence, mais plutôt une croyance, un sentiment, une adhésion intuitive qu'on doit beaucoup à l'éducation, qui est le lieu de transmission des valeurs. Je pense aussi qu'une valeur est extérieure à soi, à ses intérêts, à son plaisir : le courage n'est pas une valeur quand on prend plaisir à ce qu'on fait. Il n'y a de valeur absolue, unique, totale, incontestable : une valeur est toujours relative. La fidélité est une valeur magnifique, qui devient lamentable lorsqu'on est fidèle à un salaud.
A quoi une valeur est-elle relative ? A une ou plusieurs valeurs, qui lui donnent tout son sens. Une valeur n'existe qu'à travers un système de valeurs, qu'on peut appeler morale. Exemple : liberté, égalité, fraternité ou bien travail, famille, patrie sont des systèmes de valeurs largement opposés. Nous rêverions à des valeurs éternelles, immuables, logées dans le cœur humain ou la conscience universelle. Mais j'en doute : parce qu'elles sont créées, les valeurs évoluent, changent, se renouvellent.
A quoi servent-elles ? A rapprocher et unir les hommes, qui se retrouvent ainsi autour de mêmes valeurs. Sauf que le lien devient difficile à l'ère de l'individualisme, où chacun est à lui-même sa propre valeur. Mais rien ne peut effacer la nécessité de valeurs collectives. Au contraire : plus l'individualisme est puissant, plus le collectif est indispensable. Inversement, les valeurs sont un moyen de distinction sociale. On se souvient d'une publicité pour une marque de rillettes : "Nous n'avons pas les mêmes valeurs", prononcé avec une aristocratique condescendance. Alors, les valeurs sont un instrument de domination des classes dirigeantes. Au lieu d'une "perte des valeurs", c'est plutôt d'une confrontation entre les valeurs qu'il faudrait évoquer.
Bien sûr, des valeurs disparaissent : honneur, fidélité, sacrifice appartiennent à un autre temps, féodal et chrétien. D'autres sont dévalorisées. Pourtant, je les apprécie, mais elles sont devenues de petites valeurs : prudence, discrétion, gentillesse, modestie. En creusant un peu, pas trop, elles sont considérées comme des défauts. Et puis, de nouvelles valeurs surgissent : la sincérité, le respect, l'empathie, très répandues aujourd'hui. Le plus étonnant, c'est la réactivation de certaines valeurs chrétiennes, mais sécularisées, notamment la contrition, le mea culpa, désormais très bien porté, mais en dehors des confessionnaux, et généralement appliqué aux hommes publics.
Pour ma part, je n'ai aucun problème de valeurs. Les miennes sont anciennes et bien ancrées. Mais la société dans laquelle je vis craint manifestement de perdre les siennes. Crise d'identité, mouvement de décadence ou bien phase d'évolution ? Nous verrons.
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6 commentaires:
Foutez nous la paix avec les curés , il y a maintenant plus d’imams que de curetons en FRANCE et on va racheter les églises pour les transformer en mosquées , c'est comme ça que on va renflouer les caisses de HOLLANDE .......
Vous n'allez pas bien.
Liberté ... je suis libre ...
Mais alors pourquoi m'oblige-t-on moi le divorcé à payer à ma femme la pension alimentaire due pour nos deux enfants (Famille)?
Mais alors pourquoi m'oblige-t-on à payer mes impôts en France alors que je préférerais les payer à Monaco (Patrie)?
Mais alors pourquoi m'oblige-t-on à travailler pour payer mon loyer et ma bouffe alors que ceux qui aiment travailler pourrait le faire (Travail) ?
Bref les autorités, y compris celles qu'ils ador les roses) font respecter le ternaire de Vichy manu militari mais chut selon notre bloggeur ...
Qu'il est pas "beau" ce ternaire (Travail Famille Patrie)
Cette remarque pour souligner les limites vites atteintes des "grands Principes" pardon des Valeurs ;;;
Je suggère à Philippe d'ajouter une quatrième donnée (et même une cinquième) à son "Travail - Famille - Patrie"...
Le Respect.
L'Orthographe.
Une faute par ci par là, ça peut s'accepter.
Un texte truffé de fautes d'orthographe, c'est manquer de respect envers les lectrices et les lecteurs.
Ce n'est pas bien grave.
à O
J'ai déjà dit dans d'autres commentaires et d'autres internantes l'ont dit avant moi ...
quand on pas d'argument de fond à opposer dans un débat ... pan ... l'orthographe
et si on est acculé et que l'autre s'en fout de l'ortomachin (comme notre Ministre de l'ortomachin) ... pan ...il a droit à ... nazillon ... disciple de Vichy etc.etc.
Un grand classique mon cher "O"
Ceci dit j'ai le tort de ne pas passer par un fichier word avec correcteur puis de copier coller dans la zone commentaire ... je reste un homme pressé ... et je vais voir ailleurs
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