mardi 19 avril 2016

Macron à votre porte



Dring dring, toc toc, vous ouvrez, et qui voilà ? Non, ce n'est pas l'archange Gabriel, même s'il a une annonciation à faire ; c'est Emmanuel Macron. Lui ou bien l'un de ses marcheurs, membres du mouvement politique qu'il a fondé dernièrement, En Marche, et qui a décidé de se lancer, en mai, dans une vaste opération de porte-à-porte. L'initiative a pu faire sourire : normal, quand un ange passe ... Mais c'est que l'image de Macron est associée à des cercles de réflexion, des dorures ministérielles, pas à des cages d'escalier. Il faudra s'y faire, ça va changer.

L'idée n'est pas nouvelle ? Si, complètement ! Certes, le porte-à-porte est une technique ancienne, qui a même été redécouverte ces dernières années. Mais l'opération de Macron est inédite dans son genre. Jusqu'à présent, le porte-à-porte procédait d'une intention électorale : les militants vous souhaitaient le bonjour parce qu'ils avaient des voix à mendier. Aussitôt l'élection passée, plus de porte, plus de porte à porte, plus de militant : je me suis toujours opposé à cette façon de faire, désobligeante, intéressée et, au demeurant, inefficace.

A Saint-Quentin, la gauche peut s'essouffler à rabattre des voix en allant d'appartement en appartement, ça ne lui rapporte strictement rien. Ce n'est pas dans le court laps de temps d'une campagne électorale qu'on prend son bâton de pèlerin (ou qu'on fait semblant, car combien de ces porte-à-porte sont effectifs ?), c'est en dehors, dans le temps beaucoup plus long où l'on cherche sincèrement à se pencher sur les problèmes des gens, à aller à leur rencontre, à discuter avec eux. Les porte-à-porte d'Emmanuel Macron ne seront pas la mise sur pattes de vendeurs ambulants chargés de refourguer leur camelote électorale.

Non, il s'agit d'aller au devant des citoyens, de faire état de leurs revendications, de cerner leurs aspirations en vue de constituer un projet politique qui soit conforme à ce que souhaite l'opinion. On peut parler, si on veut, de cahiers de doléances, même si l'expression n'est pas très adaptée. Je crois que ce type d'initiative n'a jamais été pris dans notre vie politique. Sur quoi va-t-elle déboucher ? Va-t-elle réussir ? Je n'en sais rien, Macron non plus. Mais il n'est pas besoin d'espérer pour entreprendre. Et puis, nous n'avons pas d'autre issue que tenter quelque chose de neuf, tant les partis politiques classiques sont désertés et discrédités.

Alors, si vous entendez dring dring ou toc toc, allez ouvrir, vous me verrez peut-être , ou un autre marcheur (Emmanuel Macron, je ne vous promets pas, même s'il n'y a pas loin d'Amiens à Saint-Quentin). Nous ne referons pas le monde : la chose a déjà été essayée et a dramatiquement foiré. Nous ne resterons pas entre nous, comme place de la République à Paris. Mais nous essaierons, plus modestement, d'aller vers ceux qui ne partagent pas nos idées, qui en sont parfois très loin (je pense aux électeurs du FN), mais qui ont quelque chose à dire. Parce que c'est ça, en définitive, la politique : discuter avec ceux qui ont quelque chose à dire et voir après ce qu'on peut en faire. En marche !

4 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

Comme le disait Paul Valéry la civilisation occidentale a trouvé un équilibre littéraire et philosophique vers le début du XXème siècle, la technique emballant tout, la littérature et la philosophie se détériorent, une certaine intelligence faite d'équilibre et de raison disparaît au profit de l'emballement technique qui ne permet plus de réfléchir. C'est la réalité actuelle, la pensée humaine est déjà dépassée par l'accélération technologique, cela se vérifie dans la vie de tous les jours. Les penseurs et les politiques aujourd'hui n'ont plus la profondeur des écrivains et philosophes du début du siècle, ils écrivent et réfléchissent déjà comme des machines. Certains optimistes pensent que la modernité est peuplé de philosophes de la trempe de Descartes, Spinoza, Leibniz, Kant, Hegel, Nietzsche, Heidegger... ou encore Marx ou Freud pour ne citer que les plus grands, désolé de vous décevoir... mais non ! Si c'était le contraire cela se saurait. Que l'aspect messianique de l'idéologie de Marx ait eu des conséquences désastreuses, cela fournit l'alibi pour rejeter aujourd'hui toute sa philosophie, qui reste cependant plus proche de la vérité que l'idéologie libérale malgré ce que dit Emmanuel Mousset : " Nous ne referons pas le monde : la chose a déjà été essayée et a dramatiquement foiré. " Si les hommes ne se soucient plus de vérité mais de rentabilité et d'efficacité, c'est plus dû à l'emballement technoscientifique, qu'à une réelle prise de conscience des conséquences funestes de l'aspect messianique du communisme. Les conséquences désastreuses du communisme sont d'ailleurs le fait en grande partie de la mauvaise volonté de la bourgeoisie internationale à procéder au partage de la valeur ajoutée apportée par le travail des masses laborieuse : problème qui est toujours d'actualité. C'est toujours un fait qu'une minorité de personnes et d'actionnaires qui ne travaillent pas, possèdent pratiquement tout ; et qu'une grande majorité de personnes qui travaillent ne possèdent pratiquement rien. Le peuple s'est laissé enfumé par beaucoup de penseurs et de philosophes qui en condamnant les crimes réels du communisme, ont oublié de dire à quel point il est réel de dire que la conscience d'un individu est le fait de la conscience qu'il développe au travail, c'est-à-dire dans les rapports de production, et à quel point il y a encore tellement de travailleurs exploités et qui vivent en situation d'esclavage à travers le monde. Qui dira les crimes réels du libéralisme qui sont certainement supérieurs aux crimes du communisme ? On a de grands commentateurs, de grands historiens de la philosophie, cela pullule, mais de philosophes véritables, qui inventent des mondes nouveaux nada ! Toute la pensée, y compris la pensée politique est à l'ère de la rentabilité, donc machiniste, point barre ! Non de mon médiocre point de vue je constate la mort de la philosophie et même de la politique remplacée par le soucis de rentabilité d'essence technoscientifique. Pour conclure : l'initiative de Macron est un gadget de plus voué à l'obsolescence programmée.

Erwan Blesbois a dit…

Alain Badiou semble être un funeste philosophe qui a soutenu Pol Pot, et qui ne souhaite qu'une chose, le chaos et la destruction de l'Occident, afin qu'un nouveau prolétariat planétaire prenne la relève, ailleurs qu'en Occident si possible. Le mérite de Badiou cependant est de soulever le problème des inégalités à l'échelle du globe qui ne cessent de s'accroître, modestement à mon petit niveau, c'est ainsi que j'envisage l'hypothèse communiste : Je ne suis pas à proprement parler communiste, ce qui est important c'est de gommer l'aspect messianique et prophétique du communisme, comme si il s'agissait d'une doctrine inéluctable, mais il faut en retenir certaines grands piliers : d'abord évidemment que le capitalisme génère des inégalités insupportables, voire la mort dans des conditions d'esclavages d'enfants et de travailleurs, dans les pays dits émergents. Ensuite que même en matière économique on doit plus se soucier de vérité que de rentabilité et d'efficacité. Or la vérité est notamment que ceux qui possèdent l'appareil de production ne redistribuent que très peu et de moins en moins la valeur ajoutée apportée par le travail, aux travailleurs. Enfin Gandhi a gagné par la non violence, et il faut absolument gagner par la non violence contre le capitalisme, sinon le mouvement - si tant est qu'il y ait le moindre mouvement allant dans le sens de l'hypothèse communiste - sera discrédité par le crime, comme toutes les initiatives communistes précédentes.

T a dit…

Dring dring, toc toc...
Les "bonnes" chaussures sont fournies ?
Dring dring, toc toc...
Pour nous dire quoi de neuf ?
Dring dring, toc toc...
Cela durera ce que durent les roses...
Dring dring, toc toc...
Tiens, justement, ça se passe chez moi !
Dring dring, toc toc...
C'était le voisin pour m'informer que j'ai laissé les veilleuses allumées sur ma voiture.
Dommage, j'aurais bien aimé voir la tête de ce "cher" Emmanuel, ce soir...

Maxime a dit…

A Erwan: j'espère que vous n'êtes pas prof de philo, parce que vos classes, cela doit ressembler aux Jeunesses communistes...