mardi 23 février 2016

Une nouvelle expo de Tibo




Au moment où se déroulait l'évacuation du camp des migrants à Calais, le photographe Tibo, dont nous avions apprécié l'an dernier l'exposition sur Fukushima, inaugurait ce soir dans la galerie Saint-Jacques une nouvelle série de ses œuvres, consacrées au parcours d'Ahmad, un réfugié avec lequel il a parcouru la "jungle", pour nous en montrer la vie quotidienne. Le support est de simple papier, volontairement, pour qu'une matière pauvre rende compte de la pauvreté.

Est-il d'accord avec l'opération qui a lieu en ce moment ? Non, Tibo pense qu'elle ne règlera rien, que les migrants iront ailleurs, que les containers d'habitation qu'on leur propose manquent d'intimité. Sa solution, alors ? Un accueil décent, ailleurs, dans des structures adaptées. Dans l'assistance (vignette 2), Jocelyne Nardi et Marcel Ouillon, de l'ASTI (association de solidarité avec les travailleurs immigrés), expliquent l'aide qu'ils apportent, depuis de nombreuses années, aux étrangers et à leur famille.

L'avocate Sylvie Racle me dit que les titres de séjour vont être bloqués, que les expulsions vont se multiplier. Un peu surpris par la présence du colonel Maurice Dutel, je le taquine sur la présence du général Piquemal, à Calais, au milieu de nazillons. Nullement gêné, il me répond que les militaires ont une fâcheuse tendance à s'égarer en politique, surtout la haute hiérarchie, à une notable exception selon lui, de Gaulle évidemment.

Nazillons à Calais, fachos à Saint-Quentin : pendant le vernissage de l'expo, des militants du Front national, les élus municipaux en tête, Sylvie Saillard et Florian Demarcq, distribuaient des tracts devant Saint-Jacques. Ils savent que plus personne désormais ne leur dispute la rue, ils en profitent. Leur papier est infect, un vrai torche-cul, dont je vous laisse apprécier le début : "Ce soir, champagne et petits-fours pour se donner bonne conscience en compatissant aux malheurs d'Ahmad qui rêve d'Angleterre et de liberté". Tout le reste est à l'avenant : monter les Français contre les migrants, opposer les pauvres aux pauvres, jouer avec la misère des gens. Saillard et Demarcq, dans leurs habits bien coupés, rêvent de pouvoir et d'honorabilité bourgeoise. Il faut les renvoyer à leur vomi : ce tract pue la haine, la xénophobie.


PS : ni champagne, ni petits-fours lors de ce vernissage, mais cidre, jus d'orange et biscuits apéritif. Les fachos n'en sont pas à un mensonge près pour salir une belle initiative.

2 commentaires:

Philippe a dit…

Nos dirigeants politiques sont entièrement responsables de l'existence de la « jungle » de Calais et d'ailleurs !
Il me semble qu'en Europe les partis extrémistes ne sont pas au pouvoir mais que ce sont les partis modérés droite, centre ou gauche voire même coalition droite gauche qui gouvernent.
Il leur appartient de s'organiser (Conseil des chefs d’État de l'UE) pour venir en aide aux réfugiés et trier ceux qui relèvent de l'asile politique et les demandeurs d'emploi de citoyens venant de pays ne faisant pas partie de l'UE et qui contournent ainsi les demandes de visa.
Nos gouvernements actuels disposent de l'argent public pour cette organisation, ils peuvent même demander l'expertise du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
Dans ces secours les bonnes œuvres charitables devraient être complémentaires et non premières.
C'est quand même nos gouvernements actuels qui sont complètement responsables … et je ne parle pas des responsabilités concernant les guerres faites à certains pays musulmans depuis des décennies sous des prétextes divers et qui conduisent de pauvres gens à fuir leurs pays.

Erwan Blesbois a dit…

Ce qu'Emmanuel Mousset feint de ne pas comprendre ou réellement ne saisit pas, c'est que les élites sont aussi médiocres que n'importe qui (c'est Olivier Chédin qui nous avait dit ça un jour), et que c'est l'être d'exception qui éventuellement peut ne pas être médiocre. Cet être d'exception on peut le trouver parmi l'élite ou n'importe où ailleurs, chez n'importe qui. De plus ce sont les circonstances qui font l'être d'exception. Enfin il arrive souvent au final que l'être d'exception soit en réalité un monstre. L'Histoire tragique du XXème siècle nous a montré qu'il valait mieux que l'"être d'exception" soit un artiste plutôt qu'un homme politique. C'est pourquoi, pour que le pouvoir politique soit modéré et non spectaculaire, il vaut mieux qu'il soit tenu par des hommes au fond médiocres. Mais alors je pense a contrario d'Emmanuel Mousset, qu'il n'y a plus aucune matière à admiration. DSK, Hollande, Valls, Macron... des médiocres, des médiocres utiles et modérés.