vendredi 26 février 2016

Pierre Laurent à St-Quentin




Le PCF a tenu hier soir un meeting en salle Paringault, avec son secrétaire général, Pierre Laurent, en soutien aux candidats à l'élection législative partielle de mars (vignette 1). Guy Fontaine, le président du comité de soutien, m'a évoqué l'époque lointaine où le Parti louait un chapiteau, quand Georges Marchais venait. Une question se posait : les communistes dissidents, Corinne Bécourt et Olivier Tournay, allaient-ils intervenir durant la réunion ? Non, tout s'est déroulé calmement (vignette 3, l'assistance). Les rebelles n'auront été présents que sur leur affiche électorale, à la sortie, le long des panneaux officiels, sages comme des images.

Le premier des intervenants n'est pas communiste. C'est la conseillère départementale Caroline Varlet, plus connue sous son nom de scène, La Mordue, chanteuse et accordéoniste (vignette 2 : à la table, de gauche à droite, Benoît Roger, secrétaire départemental, Gérard Brunel et Nathalie Bendif-Le Meur, candidats, Pierre Laurent, Jacky Hénin, ancien député européen, Guy Fontaine, président du comité de soutien). Varlet, n'est-elle pas communiste de cœur à défaut de carte, révoltée, indignée, un peu anar sur les bords ?

Son intervention est courte, hésitante, fraîche : ce n'est pas une politique, à la différence de Jacky Hénin, le nordiste, qui donne le ton de ce que sera la soirée : hostile au gouvernement et au Parti socialiste, "pire que Sarkozy". Il est rapide, lyrique et cinglant. La loi El Khomri est la cible récurrente des critiques, très virulentes. Mais il y a aussi le reproche, plus étrange, fait au PS de ne s'être pas maintenu au second tour des élections régionales, laissant, d'après Hénin, la gauche orpheline.

Régis Lécoyer, co-président du Parti de gauche dans l'Aisne, choisit de défendre la stratégie du rassemblement (alors que son leader, Jean-Luc Mélenchon, fait bande à part au niveau national). L'ancien prof d'histoire et ancien patron du PS départemental évoque, à contretemps, le Front populaire et l'Union de la gauche, à des milliards d'années-lumière de la situation politique actuelle. Sur El Khomri, il lâche le mot qui tue et qui sera repris par d'autres : "trahison".

Benoît Roger est le premier intervenant à faire une très légère allusion aux "divisions de certains" (comprenez : Bécourt et Tournay). Gérard Brunel, en tant que candidat, a un mot pour chacun de ses adversaires et concurrents principaux. Julien Dive ? Son slogan, "Défendons nos valeurs", vise sûrement les valeurs boursières. Anne Ferreira ? Elle n'a que son nom à proposer sur l'affiche. Saillard ? Elle est élue municipale, conseillère régionale, aspire à devenir députée alors qu'elle dénonce le cumul des mandats.

Pierre Laurent, d'emblée, explique pourquoi il est là : pour réaffirmer que Brunel et Bendif "sont les candidats, les SEULS candidats du PCF". Pas besoin d'en dire plus, tout le monde a compris. Sur la loi El Khomri, une couche est remise : "la loi la plus grave depuis la Libération", "la fin des 35 heures", "un scandale", "une provocation". Lui aussi revient sur les régionales, sur la décision du PS de se retirer pour faire battre le FN : "un scandale démocratique", "une profonde blessure". Le secrétaire général du PCF va jusqu'à soutenir que le pouvoir régional actuel n'est pas représentatif.

A la fin, pas d'Internationale ni de poings levés, mais une concession à la tradition : la collecte au drapeau (vignette 4). Je sors de ce meeting très dubitatif. Au plan national et local, qu'est-ce qui pourrait encore réconcilier les socialistes et les communistes ? J'ai l'impression que nous n'avons plus rien en commun. Quand j'entends Brunel et Laurent, je crois entendre Bécourt et Tournay, qui pourtant sont divisés entre eux ! J'ai aussi une image qui me revient, qui ajoute à mon trouble : il y a quelques semaines, aux régionales en Ile-de-France, Claude Bartolone, Emmanuelle Cosse et ... Pierre Laurent unis, côte à côte, saluant ensemble la foule. La politique me laisse à la fois indécis et plein d'espoir.

12 commentaires:

Anonyme a dit…

Ils ne semblent pas légion dans la salle les habitants de la circonscription : de la Somme, de Tergnier ou Chauny, mais quasi personne de Saint-Quentin.(vignette 3)

bil36 a dit…

Je vous envie Mousset car pour avoir accorder le moindre crédit à un parti politique actuellement, la "gauche" a fortiori, il faut vraiment avoir plus que la foi...

Personnellement j'ai trouvé la position de Martien Aubry aussi audacieuse qu'intelligente, je ne sais si elle a des ambitions pour 2017 mais personnellement je me verrais bien jeter mon dévolu sur cette personne, pour qui je n'avais jadis que peu d'estime....

Emmanuel Mousset a dit…

Jetez, jetez ...

P a dit…

"une concession à la tradition"...
Jadis, sur les panneaux d'affichage, c'était des professions de foi, des programmes, des engagements, des idées, de l'écrit prédominant... "On" parlait aux intelligences, aux sensibilités politiques...
Et maintenant ?
"On" pourrait se croire à l'élection de miss ceci ou miss cela...
Rien que des binettes, des photos en gros plan avec un arrière plan bien senti... Des affiches à copier La Joconde...
Avec en tout petit (quand ça y est encore), le parti ou les entités politiques de référence...
Et après ça, de s'étonner du désintérêt pour les campagnes ?
Car ces binettes, le plus souvent, n'ont pas grand chose d'affriolant ni d'accrocheur et les affiches avec...

Erwan Blesbois a dit…

P doit être Philippe, je reconnais son style.

Emmanuel Mousset a dit…

P n'a pas tort. Mais comment faire autrement ? Le temps n'est plus aux idées, mais aux émotions ...

Philippe a dit…

Je ne suis pas : P.
Je suis d'accord avec P.
Un motif à cette évolution vers le tout "émotion".
L'émotion est simpliste (joie, peur, tristesse) et se manifeste par des états quasi physiologiques fugaces.
Les idées normalement devraient se construire par une réflexion sur la durée, des analyses du réel étayant la réflexion etc.
vaste programme d'où sans doute la facilité du recours à l'émotion.

P a dit…

Je me demande si vous êtes sérieux...
Quoi ? La photo d'untel ou d'unetelle procurerait-elle de l'émotion ?
Mais à qui ?
Ces photos copient celles des magazines et des fanzines...
La politique est tombée bien bas pour en être arrivée là...
Le Canard tient à jour une sorte de livre des records intitulé "Ma binette partout"...
On me dira qu'en ces temps là, il n'y avait pas les appareils photographiques mais quand même...
Les évangélistes, St Paul, Luther, Calvin, Montaigne, Montesquieu, Rousseau, Kant, Proudhon, Marx et tutti-quanti ne sont pas passés par l'image pour tenter d'essaimer leurs idées...
Il est vrai qu'aucun ne cherchait ni l'élection ni la communication, seulement l'information...

Emmanuel Mousset a dit…

Ne confondez pas un penseur et un politique : le premier existe par l'écrit, le second par l'image. Un politique qu'on ne verrait nulle part (il en existe) ferait très mal son métier.

S a dit…

"Un politique qu'on ne verrait nulle part ferait très mal son métier."
Si c'est votre conception de la politique : se faire voir pour exister...
Pas question de vous la contester, chacun pense comme il peut d'abord et comme il veut ensuite...
I : est-ce que faire de la politique est un métier comme agriculteur ou tisseur sinon professeur ?
Ou est-ce mettre ses compétences au service d'autrui pour le bien ou le moindre mal collectif ? Pour résumer : servir ou se servir ?
II : un politique n'existerait-il que par l'image qu'il diffuse ? Aucunement par ses idées ? Pas étonnant que la "gauche" actuellement au pouvoir fasse ou tente de faire ce que la "droite" n'a pas su ou osé faire en son temps.

F a dit…

"Mais comment faire autrement ?"
Très simple : que les électeurs ne votent plus pour celles et ceux qui proposent leur visage en quadrichromie tenant lieu de programme électoral...
Un candidat, une candidate, ça n'a ni à être photogénique ni à essayer de se mettre le plus en valeur possible visuellement parlant, un candidat, une candidate, ça doit se déclarer se mettre au service de la communauté pour une durée bien déterminée : le temps d'un mandat et ensuite de retourner dans ses foyers et laisser la place à d'autres candidats ayant les mêmes objectifs.

Emmanuel Mousset a dit…

1- La politique est un métier.

2- Le souci de l'image n'exclut pas l'action et les idées.

3- Je suis plus pour la réduction du nombre que de la durée des mandats.