dimanche 7 février 2016

Le sens d'une candidature



En politique, on n'est pas candidat pour être candidat, parce qu'on l'a été ou qu'on vous pousse à l'être, mais parce que votre candidature a un sens. Ce n'est pas la prévision du résultat, toujours incertaine, qui commande, mais le sens de la candidature, le message qu'on adresse aux électeurs, qui doit être simple, univoque, pertinent. Ce soir, la droite saint-quentinoise s'est donnée Julien Dive comme candidat. C'était prévisible. Les mauvais candidats sont les imprévisibles.

Le sens de cette candidature est évident : le rajeunissement, en direction d'une opinion avide de nouvelles têtes. Thomas Dudebout aussi est jeune, mais il est maire-adjoint de Saint-Quentin et conseiller départemental de l'Aisne, ce qui fait déjà beaucoup, et la population n'aime plus le cumul ou le passage d'un mandat à un autre, comme si les élus n'étaient pas satisfaits, voyaient toujours plus grand, plus haut. Que Julien Dive soit maire d'Itancourt n'est pas gênant : il y a même une cohérence entre l'ancrage dans un village et la députation. Pascal Cordier a eu la sagesse de décrocher les gants avant le gong final. Roland Varlet s'est inutilement maintenu.

A l'extrême droite aussi, il y a un sens à la candidature de Sylvie Saillard : l'efficacité. Elle est la plus connue des élus Front national, devenue conseillère régionale. Son nom s'impose donc, sans avoir à chercher plus longtemps. Ils n'allaient tout de même pas mettre leur tête de liste aux élections municipales, Yannick Lejeune, qui ne prend jamais la parole en séance ou bien est carrément absent, au mépris d'ailleurs des électeurs qui l'ont investi.

A gauche, EELV présente Michel Magniez et Mélody Peugniez. Le sens de leur candidature (alors qu'ils auraient pu choisir de s'allier au PS comme aux dernières élections cantonales), c'est la différence : les écologistes ont une offre alternative à proposer à l'électorat, principalement de gauche. On peut regretter qu'il n'y ait pas union, mais chacun est libre, et les rapprochements ne se font ni au dernier moment, ni par des décisions d'appareil, mais par un militantisme commun et ancien, au service de la population, hors échéances électorales.

"Ce qui est terrible dans la vie, c'est que chacun a ses raisons", dit un personnage du film de Renoir, "La Règle du jeu". C'est encore plus vrai dans le jeu politique. Gérard Brunel et Nathalie Bendif-Le Meur sont les candidats du PCF. Le sens de leur candidature, c'est l'esprit Front de gauche, même si celui-ci a pris du plomb dans l'aile ces derniers temps, Jean-Luc Mélenchon désertant. Corinne Bécourt et Olivier Tournay sont eux aussi candidats communistes, mais donnent un autre sens : la ligne PCF maintenu, canal historique. Qui a raison, qui a tort ? Chacun, tout le monde ... Ce sont les électeurs qui trancheront.

A l'extrême gauche, nous retrouverons Anne Zanditenas, de Lutte ouvrière. Le sens de sa candidature, qui a bien peu de chance d'aboutir à son élection, c'est la continuité, la fidélité à des convictions, la patiente préparation de cette révolution à laquelle les militants trotskystes continuent de croire.

Ce soir, quasiment tous les candidats à l'élection législative partielle sont connus, sauf un, et non des moindres : le candidat socialiste. Devant une telle division de la gauche, une telle unité de la droite et une telle montée en puissance du Front national, ses chances de l'emporter sont minces. Mais cette candidature sera un galop d'essai pour l'an prochain, où nous aurons à revoter. Ce sera aussi l'occasion, pour le PS, de se donner un nouveau leader, après la défection de sa tête de liste aux élections municipales, Michel Garand. C'est pourquoi je souhaite que le sens de cette candidature, que nous connaitrons d'ici peu, soit celui du renouvellement et de la reconquête.

15 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous n'êtes vraiment pas au courant......

Erwan Blesbois a dit…

Yannick Lejeune tel que tu le décris, a l'air d'être un sacré boulet. Il en devient presque sympathique.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Ce n'est pas Dive le candidat de la droite ?

2- Un boulet, oui, et pas de canon. Tant mieux : s'il pouvait entraîner le FN local par le fond ...

Anonyme a dit…

Je parlais du candidat de la gauche évidemment.

Emmanuel Mousset a dit…

Le candidat socialiste n'a pas encore été désigné.

Philippe a dit…

Il faut de plus en plus de courage pour s'exposer comme militant du FN.
En sus des stigmatisations diverses et variées déjà connues ... maintenant des menaces directes de DAESH selon L'Express
lire ici :
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/daech-menace-de-s-attaquer-au-front-national-et-a-ses-militants_1761387.html

Emmanuel Mousset a dit…

1- Les nazis aussi avaient bien du courage sur le front de l'Est et dans Berlin, pour défendre le bunker de leur maître. C'était pourtant des salauds et des criminels.

2- Pour ma part, je trouve que les militants du FN ne sont pas suffisamment stigmatisés. Je m'emploierai encore plus à leur faire des gueules de "victimes", puisque c'est ce qu'ils aiment.

Philippe a dit…

"Pour ma part, je trouve que les militants du FN ne sont pas suffisamment stigmatisés. Je m'emploierai encore plus à leur faire des gueules de "victimes", puisque c'est ce qu'ils aiment."
Réponse
Les socialistes de 1956/57 avaient bien du courage de soutenir Mitterand et son chef Mollet concernant les modalités techniques (interrogatoires poussés) de la répression des patriotes algériens, sans compter sur les têtes qui tombaient dans le panier de la Veuve.
Je trouve de même que le PS actuel n'est pas assez stigmatisé pour ces racines dont il se réclame.

Emmanuel Mousset a dit…

Je suis socialiste, vous êtes antisocialiste : les choses sont ainsi. Ce qui me rassure et me réjouit, c'est que vous allez chercher bien loin votre argument de stigmatisation, faute de mieux.

Et puis, je vous le confesse pour éviter que vous ne vous fatiguiez pour rien : contrairement à bien des gens de notre époque, je ne me sens jamais "stigmatisé" ou "victime" de quoi que ce soit.

Philippe a dit…

je vais chercher moins loin que vous ! vous les années 1930 moi les années 1950 ...
Pourquoi toujours stigmatiser les allemands, restons en France qui a son côté sombre ?
Les partis politiques, sans exception, ont tous un coin qui pue.

Emmanuel Mousset a dit…

Comme le fond de votre caleçon. Et sans vouloir vous stigmatiser.

Philippe a dit…

Vous quittez la "reductio ad fachospherum" pour la scatologie.
C'est bien, vous faites des progrès.

Emmanuel Mousset a dit…

Je m'adapte aux commentaires. Vous pouvez laver votre caleçon.

Philippe a dit…

C'est fait en suivant les conseils de Coluche, avec Persil anti redéposition.

Emmanuel Mousset a dit…

Qui lave plus blanc que blanc ? Ca vous va bien, vous avez des allures de "chevalier blanc".