mardi 9 juin 2015

Macron ? Connais pas !



La politique, comme beaucoup d'activités humaines, a ses petits rituels, auxquels il est inconvenant de déroger. Par exemple, dans cet exercice élémentaire qu'est le discours, il faut veiller à bien citer ses amis, ses soutiens, ses références, et n'omettre personne. Car on retiendra alors plus les absents que les mentionnés. Un petit oubli, et c'est prendre le risque de se faire un ennemi pour la vie ...

Manuel Valls, dans son intervention devant le congrès socialiste de Poitiers, a cédé au rituel, avec beaucoup d'attention : les noms de plusieurs ministres ont été évoqués, afin de les gratifier de son soutien public et des applaudissements de la salle. Le Premier ministre a bien sûr choisi les plus importants, les plus emblématiques : il ne pouvait pas énumérer tous les membres du gouvernement. Un pourtant, et non des moindres, n'a pas eu droit à cet honneur : le ministre de l'Economie et des Finances, pilier s'il en est de la politique gouvernementale, star montante, très apprécié dans les sondages. Alors quoi ?

Ce silence est sans doute une petite sucrerie pour l'aile gauche et les frondeurs, éviter qu'ils ne sifflent le Premier ministre. Mais comment peut-on comprendre notre politique économique, la défendre, la mettre en perspective sans citer son ministre ? Au mieux, c'est une habileté ; au pire, c'est une hypocrisie. Macron fait un travail remarquable, parfaitement en phase avec la ligne définie par le président de la République. Et il n'aurait pas droit aux applaudissements des socialistes ?

Sa loi "Croissance et activité" s'en prend légitimement à des privilèges professionnels anciens, qui entravent le développement de notre économie. Il veut les supprimer, les secteurs concernés résistent. A gauche, certains lui reprochent de vouloir libéraliser certains domaines. On peut le présenter comme ça si on veut : et après ? Nous sommes dans une économie de marché, non ? La seule chose qui importe, c'est la création d'emplois et la relance de la croissance, et cet objectif est beaucoup plus socialiste que de vouloir défendre des rentes, des situations d'exception, des niches économiques.

A propos de socialiste et de Macron, L'Obs de cette semaine a demandé à Jean-Christophe Cambadélis si le ministre de l'Economie et des Finances était socialiste ? Le premier secrétaire du PS a sèchement répondu que non, sans autre forme d'explication. Cet avis au couteau n'a suscité aucun commentaire, il me semble, dans les médias. Il est pourtant surprenant. Quelle est exactement la pensée de Camba ?

De deux choses l'une : soit Macron n'est pas socialiste parce qu'il est libéral, et alors Cambadélis parle comme un vulgaire Mélenchon ; soit Macron n'est pas socialiste parce qu'il n'a pas sa carte au PS, mais alors il n'y a pas beaucoup de socialistes en France, d'autant qu'en être n'est pas non plus une preuve de pureté idéologique, pas mal d'adhésions étant sollicitées à des fins opportunistes, par clientélisme. Pour moi, Emmanuel Macron est socialiste, et un des plus brillants que nous ayons. Ce n'est certes pas un socialo poing levé, mais je préfère ça à une posture. Et puis, un socialiste de coeur vaut mieux qu'un socialiste de carte.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah ben voila que vous critiquez Valls maintenant et Cambadelis aussi qui a parfaitement répondu non pas "sèchement ni sans autre forme d'explications". Il a simplement dit que Macron n'avait pas sa carte du PS et que donc il n'était pas socialiste au sens des socialistes qui étaient à Poitiers et qui sont nécessairement "cartés". Mais qu'il participait à un gouvernement socialiste et que donc il devait se sentir socialiste. Ca parait simple et clair non?

Anonyme a dit…

Cet homme n'est pas un socialiste, il n est même pas un homme politique, c'est un homme de la finance tout simplement qui c est mis au service d'un gouvernement, tout comme on a besoin d'un chef cuisinier à l’Élysée.
Il fait ce qu'on lui a demandé de faire mais ce n'est pas un homme qui a un grand projet pour la France, ni un gout pour la politique. Son parcours d'homme de gauche n'existe pas, il a été embauché pas élu.
Il a une mission qu il terminera à la fin du quinquennat et il quittera la politique.
Avant ces personnes étaient dans l'ombre du pouvoir, maintenant on les exposent s'ils sont jeunes et beaux, c est là ou est le véritable changement.

Anonyme a dit…

Que pensez-vous du nouveau projet "Tout pour l'emploi" qui va permettre de renouveler deux fois les CDD et qui limitera également les indemnités en cas de licenciement abusif ? Mathématiquement, c'est bon pour l'emploi, mais surtout pour l'emploi précaire. N'est-ce pas un privilège octroyé aux patrons qui n'hésitent pas à user cette main d'oeuvre corvéable à merci ?

Emmanuel Mousset a dit…

Commentaire 1 : non, Cambadélis dans "L'Obs" ne parle pas du congrès, et votre explication est tout sauf "simple et claire".

Commentaire 2 : votre argument "jeune et beau" est ridicule.

Commentaire 3 : vous voulez continuer avec 5 millions de chômeurs ? Moi pas. Quant à l'emploi "précaire", c'est un slogan creux comme un radis. Vous voulez des fonctionnaires partout ?