mercredi 17 juin 2015

Si j'étais candidat ... en S



J'aurais été tenté par le 2ème sujet (La politique échappe-t-elle à l'exigence de vérité ?), mais j'aurais pris le 1er (Une oeuvre d'art a-t-elle toujours un sens ?). La politique, c'est casse-gueule : les candidats sont enclins à s'enfermer dans l'actualité (alors que la philosophie est intemporelle), à reproduire des préjugés (les politiques, tous menteurs !) alors qu'on leur demande de prendre du recul, d'avoir un esprit critique. Le sujet sur l'art est beaucoup plus neutre, plus favorable à une réflexion ouverte et détachée.

Cependant, la question comportait un petit piège : une oeuvre d'art a-t-elle TOUJOURS un sens ? Qui n'a pas saisi cette nuance dès le départ risquait un hors-sujet. Et puis, il fallait bien définir la notion de SENS : signification, compréhension, intentionnalité. Bref, l'oeuvre d'art est-elle nécessairement dépositaire d'un message, peut-elle se livrer à un commentaire, à une explication ?

A première vue, la réponse est non : l'oeuvre d'art est faite pour être appréciée, admirée, contemplée, pas pour être comprise. Elle sollicite nos sens, pas notre intelligence. La peinture d'un bouquet de fleurs n'a strictement aucun sens : sa seule finalité est la beauté. Elles sont nombreuses, les oeuvres d'art qui nous livrent une part du réel, sans le charger ou le surcharger d'aucun sens particulier.

Et pourtant, dans un second temps, on peut remarquer que bien des créations artistiques ont un sens caché, à décrypter. Par exemple, le tableau de PICASSO? Guernica? n'est pas seulement une belle peinture : c'est une dénonciation de la guerre, c'est une oeuvre pacifiste. On pouvait ainsi se référer à Emmanuel KANT, qui distingue l'oeuvre d'art agréable à regarder, qui n'a pas de sens par elle-même, et l'oeuvre d'art sublime, qui cherche à nous transmettre quelque chose (par exemple la joie ou la liberté dans les symphonies de BEETHOVEN).

Je conclurai la dissertation en soutenant que l'oeuvre d'art a non seulement TOUJOURS un sens (l'artiste y met quelque chose de lui, ne serait-ce que son style), mais elle en offre plusieurs, car le spectateur peut la percevoir avec sa propre interprétation, y projeter de multiples désirs.

La politique échappe-t-elle à l'exigence de vérité ? Au départ, oui, non pas parce que la politique est mensongère, mais parce qu'elle vise autre chose que la vérité : l'intérêt général, le bien commun. Il pouvait être judicieux de distinguer les moyens et les fins, faire appel à MACHIAVEL : la vérité n'est pas non plus un moyen en politique, qui exige plutôt de l'habileté, de la ruse, quand ce n'est pas de la dissimulation. Un scientifique ou un philosophe sont en quête de vérité : un politique est à la recherche du pouvoir. Y a-t-il d'ailleurs une vérité en politique ? Non, seulement des points de vue qui s'affrontent. Conclusion : la politique ne peut pas échapper à une tutelle à laquelle elle n'a jamais été soumise !

Le texte de CICERON était parfait pour une classe scientifique, puisqu'il l'amenait à réfléchir sur la différence entre une prévision rationnelle et une prédiction hasardeuse, entre l'anticipation et la divination, entre le calcul et la superstition.

1 commentaire:

Erwan Blesbois a dit…

Ayant eu "4" au Bac en philosophie, "16" en physique-chimie et "14" en mathématiques, c'était un Bac scientifique ; je me suis orienté vers la philosophie, chercher l'erreur ! Et j'éprouve une passion pour la philosophie, alors que je n'ai plus aucun goût pour les maths et la physique. Personnellement je trouve que notre école fait trop de place aux sciences et plus assez aux humanités. J'ai eu ma période littéraire en seconde, où je trouvais Montaigne passionnant, et j'avais d'excellents résultats, je n'ai jamais autant aimé l'école que durant cette période là : je me sentais plus riche, alors que les maths et la physique me semblaient faciles mais sans intérêt, je le faisais comme une petite mécanique dont j'avais compris les rouages. Enfin j'ai voulu faire une section littéraire, mais ma mère s'y est opposée, comme elle s'est opposé à ce que je fasse des études de philosophie. Isolé, ostracisé, par ma famille (qui se réduit à ma mère) parce que je faisais des études "non rentables", je ne me suis finalement pas pleinement épanoui en faisant mon cursus de philosophie. Tout cela pour dire que notre système éducatif devrait faire un effort pour revaloriser sa composante littéraire et philosophique, qui peut paraître "non rentable" ; mais qui selon moi enrichit considérablement plus l'esprit que les sciences, qui sont certes fondamentales pour le développement rentable de la société, mais sont pour moins trop pauvres pour satisfaire le développement de l'esprit humain. On le voit les scientifiques les plus intéressants, sont ceux qui se mêlent de philosophie, et lie la science et la philosophie. D'ailleurs tous les grands scientifiques disent qu'ils ont besoin de faire de la philosophie et/ou de la littérature, pour trouver un sens que la science ne fournit pas.