mardi 2 juin 2015

Le changement du PS, c'est maintenant



Au congrès du Parti socialiste, qui atteindra son point culminant ce week-end en se réunissant à Poitiers, les événements les plus importants ne sont pas forcément les plus visibles. Qui sait que les adhérents se sont prononcés sur une réforme des statuts en 14 points ? Cette réorganisation passée inaperçue est pourtant fondamentale, plus importante que la réélection de Jean-Christophe Cambadélis ou la confirmation de la ligne social-démocrate. Modifier les statuts d'une formation politique, c'est toucher au coeur de son dispositif. L'actuelle réforme, en apparence, ne va pas très loin, semble purement administrative : en réalité, elle est porteuse de profonds changements à terme. L'évolution du parti ne fait que commencer. Sur les 14 points, j'en ai retenu 3 qui me paraissent significatifs :

1- La suppression de la présentation en section
. Jusqu'ici, un postulant à l'adhésion devait passer devant les militants, exposer ses motivations, à l'issue de quoi un vote admettait ou rejetait la demande. En tant que secrétaire de section, j'ai présidé durant quelques années à cette petite cérémonie, qui tenait à la fois, dans le principe, de l'admission en loge maçonnique et de la réception au Rotary Club : bourgeois de gauche et bourgeois de droite ont leurs rites respectifs d'appartenance. L'idée est celle de la cooptation : il faut passer par le filtre éclairé (ou intéressé) des militants. Dans beaucoup de sections, ce n'était qu'une formalité, parfois carrément abandonnée : il n'empêche que cette démarche en disait long, symboliquement, sur la représentation qu'on se faisait du parti, supposant que pour être socialiste, il convenait de donner des preuves, dont jugeaient impérialement les adhérents en place, chargés de mesurer la pureté et la sincérité des demandeurs. Généralement, la procédure servait à verrouiller une section, pour éviter la présence des inopportuns. C'en est fini, et c'est heureux : l'adhésion se fera désormais directement. On devient socialiste par volonté, en conscience, et pas à travers l'approbation d'un cénacle dont les intentions peuvent être douteuses. Le Parti socialiste a besoin de recruter, pas de trier.

2- La création d'adhérents thématiques. A nouveau, c'est une excellente initiative. La société étant ce qu'elle est, on ne peut plus guère imaginer un adhérent à l'ancienne, qui cotise, colle, tracte, se tait et accepte tout (militant vient de militaire : obéissance et discipline). Ce temps-là, à tort ou à raison, est terminé. D'autant que la soi-disant pureté militante était sujette à caution : combien d'élus incitaient leurs employés à adhérer, pour s'assurer une clientèle, qui n'était socialiste que de carte, et pas de coeur ? Combien de courants, de toute sensibilité d'ailleurs, recrutaient selon la loi du sang, et pas du sol, et encore moins de conviction ? La préférence familiale ou amicale, là aussi, garantissait des soutiens à peu près fiables, qu'il suffisait de siffler au moment des votes d'investiture. Etonnez-vous, après, que la moitié des socialistes ne participent pas aux votes de congrès : ce sont des moitiés de socialistes, par convenance personnelle plus que par idéologie. La réforme statutaire envisage des adhésions ponctuelles, sur des sujets précis, où l'objectif est de faire profiter le PS de l'expertise de chacun, au lieu de les transformer en braves petits soldats. Ceux qui sont visés, qu'il faut mobiliser, ce sont les sympathisants, dont le vivier est important.

3- Le regroupement des sections. Le Parti socialiste a été, il y a une quinzaine d'années, l'initiateur de l'intercommunalité. Il a été, il y a quelques mois, le créateur de nouvelles régions. Et les sections du parti restent accrochées à l'échelon communal, comme les moules sur leur rocher ! La réforme des statuts encourage le regroupement des sections. Elle renforce aussi l'échelon régional, quasiment inexistant aujourd'hui.

La rénovation du Parti socialiste est donc en marche. Elle sera longue et difficile, mais elle se fera. Changer les statuts est une chose, relativement facile ; mais changer les mentalités en est une autre, qui prendra beaucoup de temps, qui suscitera des résistances. Mais voyez les primaires citoyennes : il n'y a pas si longtemps, elles auraient fait hurler ; aujourd'hui, plus personne n'ose les contester. Le cours irrémédiable des choses emporte tout et fait taire les plus gueulards.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Êtes vous au courant que les primaires seraient enterrées ???

Emmanuel Mousset a dit…

S'il n'y a qu'un seul candidat, François Hollande, comme je le souhaite, les primaires deviennent inutiles.