lundi 15 juin 2015

La dernière heure de cours



Dernière heure de cours de l'année scolaire, cette fin d'après-midi. Ce ne pouvait pas être une séance comme une autre. Après les ultimes questions et recommandations en vue du bac philo (après-demain), nous avons goûté. Katia et Leïla (vignette 2)avaient fait des gâteaux maison, chocolat et brownie, accompagnés de bonbons, sucettes et d'un thé à la pêche.

Ce moment singulier, c'est un peu comme le Carnaval au Moyen Age, où l'on brûlait l'effigie des puissants, où la hiérarchie sociale était renversée, où tous les excès étaient permis. Bon, dans ma classe, c'est resté très raisonnable, mais les élèves ont tout de même pris le pouvoir, m'ont affublé d'une casquette de jeune et pris en photo les yeux mi-clos : j'ai vraiment l'air idiot, mes adversaires diront que je suis au naturel (vignette 1). Tant pis, j'assume. La TL2 (littéraire) a été une bonne classe, nous avons passé ensemble une année studieuse et agréable : ça valait bien ce petit délire final.

Je n'oublie pas mes deux autres classes, TES2 et TS1. A tous, je souhaite bon courage pour les épreuves du baccalauréat, et pour la suite qui les attend. Pas de stress, beaucoup de confiance en soi et tout se passera bien. Sur ce blog, mercredi après-midi, je ferai part de mes réactions aux sujets de philo du bac dans les trois séries.

22 commentaires:

Anonyme a dit…

On dirait Jean - Pierre CHEVENEMENT au sortir de son coma sur la table d'opération ... Qu'y avait il dans ces délices ??? Certainement des substances hallucinogènes et dopantes ......

Erwan Blesbois a dit…

Pourquoi j'ai voulu être prof ? Parce que je voulais rien foutre et que je voulais être admiré. Je m'aperçois aujourd'hui que c'était une très mauvaise raison et que je suis un fardeau pour l'éducation nationale.

Erwan Blesbois a dit…

On dirait vraiment Nietzsche avec une casquette, il ne manque que la moustache.

Erwan Blesbois a dit…

Voilà Onfray n'aime pas Sade, parce que c'était réellement le même homme que ce qu'il décrit dans ses livres, Sade a violé torturé et même peut être tué profitant de ses privilèges de noble qui avait tous les droits dans la France de l'ancien régime, Sade est quand même allé en prison avant la Révolution puis sous la Révolution et après la Révolution ; essentiellement pour ses frasques. C'était un vrai salaud, un monstre. Ensuite un poète, Apollinaire s'est chargé de le réhabiliter, pour des raisons de snobisme intellectuel, essentiellement. Dans sa lignée les surréalistes, puis Georges Bataille, puis Lacan, Roland Barthes, Foucault et Marcuse ont théorisé et réhabilité la pensée de Sade, passant sous silence ses exactions pour des raisons idéologiques. Or ce qui se rapproche le plus d'une l'œuvre de Sade, comme Les 120 journées de Sodome, c'est bien un camp de concentration ou d'extermination nazie. La plupart des intellectuels ne se sont pas posés cette question, on peut quand même évoquer Pasolini qui fait le rapprochement.
Quoiqu'il en soit mai 68 s'est réclamé de l'œuvre de Sade, pour ce qui concerne le droit à la jouissance sans entrave, même quand elle est sadique dixit Marcuse.
Donc Onfray fait quand même une petite critique de mai 68 quand ce mouvement se réclame du droit au sadisme dans la sexualité.
C'est la seule limite qu'il met à ce mouvement qu'il considère par ailleurs nécessaire pour abattre le dogme judéo-chrétien, au moins aussi dégoûtant pour Onfray que le sadisme. Onfray se réclame d'une éthique libertaire et hédoniste dans la lignée de 68, mais n'accepte pas sa dérive sadienne.
Personnellement je pense qu'heureusement qu'il y a eu Sade, pour penser le sadisme, que sans Sade on n'aurait pas cette grille de lecture. Sade n'est absolument pas responsable du nazisme, il fait réfléchir sur la nature du nazisme. Et puis sans Sade il n'y aurait pas eu ce magnifique film de Pasolini, son dernier de 1975, le plus fort, juste avant son assassinat sur une plage d'Ostie à Rome. Ce film constitue moins selon moi une critique du nazisme par la vision de Sade, que d'une critique de mai 68 par la vision de Sade. Pasolini avait en horreur ce mouvement, qu'il qualifiait de profondément bourgeois, donc profondément pervers.
Onfray dis que Sade est le chaînon manquant entre Kant et le nazisme, mais même sans Sade il y aurait eu le nazisme, alors que sans Kant ce n'est pas sûr. La société est de plus en plus sadique, mais ce n'est pas la faute à Sade, c'est la faute à la politique et aux cadences infernales imposées par la modernité : donc c'est plutôt la faute à Kant.
Etre féministe est-il revendiquer pour la femme autant de droits sexuels que pour l'homme ? Donc n'est-ce pas revendiquer pour la femme d'être aussi sale que l'homme ? La fuite en avant dans la sexualité est comme le disait Gainsbourg sans issue. Les œuvres de Sade apparaissent aujourd'hui comme une gentille bluette à côté de l'industrie du porno, de l'industrie du sexe tout court, et même du tourisme sexuel, qui exploite la misère du tiers-monde, donc qui est abject. Le sexe est-il propre ? Non assurément, pour moi le sexe est assez dégoûtant, moins le sexe en lui-même que ses dérives ; mais c'est un passage obligé si l'on ne veut pas sombrer dans la folie comme Nietzsche.

Emmanuel Mousset a dit…

J'espère qu'il n'y a aucun rapport entre Sade et le billet du jour. Quant à Onfray, il dit aussi pas mal de conneries.

Erwan Blesbois a dit…

Je propose les trois sujets suivants au Bac, qui sont des citations d'auteur. Devinette : qui sont ces auteurs ?
Sujet : Commentez une de ces citations, au choix :

"le futur est, autant que le passé, condition du présent. Ce qui sera, ce qui fut, est la raison de ce qui est"

"Il n'y a qu'un seul monde et il est faux, cruel, contradictoire, séduisant et dépourvu de sens. Un monde ainsi constitué est le monde réel. Nous avons besoin de mensonges pour conquérir cette réalité, cette "vérité"."

"Il faut apprendre non pour l'amour de la connaissance, mais pour se défendre contre le mépris dans lequel le monde tient les ignorants."

Emmanuel Mousset a dit…

J'hésite entre un philosophe méconnu, Erwan B., et Frédéric Nietzsche (pour les deux dernières citations). Pour la première, saint Augustin ?

Anonyme a dit…

Et CHEVENEMENT vous l'ignorez ???

Personnage de qualité qui vous est proche par certains côtés !!!

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Erwan Blesbois a dit…

Les deux premières : Nietzsche. La dernière : Charlie Chaplin !

Erwan Blesbois a dit…

Le sexe est dégoûtant en tant qu'il exprime la partie le plus primitive de l'esprit humain, son côté bestial. Une sexualité égalitaire ne peut pas exister, est n'est même pas à inventer, car la sexualité est affaire de pulsion, elle n'exprime que des logiques de domination. Les dominés n'ont pas de sexualité, donc pas de vie psychique, ils sont condamnés à vivre castrés, dans l'ombre (lire Houellebecq, son premier roman). Toute la structure inégalitaire de notre société, n'est même pas consciente, elle n'est que le reflet de cette infrastructure subconsciente qui est le sexe ; et dont en plus notre société a fait une divinité, sous l'influence de la psychanalyse. On constate que la psychanalyse ne peut pas aider ceux qui sont exclus du système du désir, puisqu'ils n'ont même pas les moyens de s'en payer une. La psychanalyse ne peut constituer qu'un réconfort narcissique pour ceux qui partagent le système de domination par le sexe. Toutes les sociétés des grands mammifères fonctionnent ainsi : la domination par le sexe, la société humaine n'y échappe pas.

Emmanuel Mousset a dit…

1- J'ai beaucoup de respect pour Chevènement, sa cohérence et sa constance, mais je ne partage pas ses convictions.

2- Mon cher Erwan, celui qui veut se faire analyser parce que la souffrance le presse trouvera toujours les moyens financiers. C'est comme les types qui vont aux putes : ils ne se plaignent jamais du problème de l'argent. Que ce soit pour diminuer sa souffrance ou pour augmenter son plaisir, chacun est prêt à y mettre le prix.

Erwan Blesbois a dit…

A force de s'être attaqué à l'idéalisme depuis pas mal d'années, pour le remplacer par un matérialisme pur et dur, on a tué ou presque tué cette idée qu'on appelait amour, pour la remplacer par la performance sexuelle ou la domination par le sexe : immanence de la nature.

Erwan Blesbois a dit…

Nietzsche est le philosophe qui a tout dit ... et son contraire !

Emmanuel Mousset a dit…

Erwan, ne sois pas si obsédé par le sexe : l'amour reste très présent dans notre société, ni plus ni moins qu'autrefois (peut-être même plus). Quant à Nietzsche, la contradiction n'est pas chez lui une erreur logique, mais une interprétation qui se confronte à d'autres interprétations. Dans sa pensée, la contradiction n'est pas un défaut, mais une richesse.

Anonyme a dit…

Intervention n° 4 : relier "Onfray - Sade - Apollinaire - Bataille - Lacan - Barthes - Foucault - Marcuse - Pasolini - Kant - Gainsbourg - Nietzsche" en n'omettant as de passer par les camps de concentration nazis (et pourquoi pas ceux de France au Cambodge via l'URSS, les USA et tous les autres d'Afrique, d'Amérique du Sud, d'Asie ou d'Amérique centrale) à un billet intitulé "La dernière heure de cours" du dénommé "Mousset", voilà qui est véritablement singulier et même incompréhensible... Et pourquoi pas "la 25ème heure" ?
Un ancien élève qui lors de son passage sous la férule du professeur ayant proposé toutes les références citées dans cette intervention les aurait mal digérées ?

Erwan Blesbois a dit…

Je suis assez d'accord avec cette idée de Michel Onfray, que la psychanalyse de Freud renvoit à l'idiosyncrasie de son auteur : Freud. Donc qu'elle n'est pas assez universelle pour traiter tous les cas, par exemple la psychanalyse fait grand cas du complexe d’œdipe, mais pourquoi le "complexe de Saturne"(que j'invente), lorsque les pères veulent tuer les fils ne serait-il pas aussi universel ? Je n'irais pas aussi loin qu'Onfray en déclarant que la psychanalyse est une imposture, mais presque.

Anonyme a dit…

Il semble que la psychanalyse se soit structurée à l'instar de l'Eglise apostolique catholique et romaine avec son clergé et ses fidèles autour de croyances. Auquel cas, ce ne serait non pas une imposture mais une religion comme les autres.

Erwan Blesbois a dit…

A anonyme du 17 juin 09:43 : nazisme en tant que paradigme de tous les autres totalitarismes à travers le monde, du Cambodge, au Rwanda, en passant par Pinochet et la Bosnie-Herzégovine, la Tchétchénie et la Palestine et tant d'autres, d'où les USA, l'URSS et même la France se sont salis les mains pour ne pas citer l'Angleterre et la Chine
Ensuite pour ce qui est des références mal digérées, je dirais qu'elles n'ont même pas étés ingurgitées, donc il n'y a pas eu digestion. La qualité d'une œuvre dépend moins de son auteur que de la qualité du lecteur, donc de l’interprétation que ce dernier en fait. Foucault allait même jusqu'à dire que l'auteur n'avait aucune importance, que le plus important c'était la lecture et l'interprétation : il n'y a jamais eu de passage à l'acte de cette idée géniale, car aucun auteur ne veut renoncer ou ne le peut, à ses droits d'auteur, pas même Foucault, comme le souligne ironiquement Onfray. Il n'y a aucun argument d'autorité à avoir. L'autorité que représente tous ces grands auteurs ne m'impressionne pas et ne doit impressionner personne. Internet et les blogs, la piraterie des œuvres en chargement libre et gratuit, sont peut-être une chance de s'affranchir du droit d'auteur, donc de mettre en pratique la théorie de Foucault. Une fois de plus on voit l'hypocrisie des ex soixante-huitards, qui après avoir réclamé la disparition de l'autorité, exigent son retour en espèces sonnantes et trébuchantes, et sont les plus grands pourfendeur du téléchargement "illégal". La notion de droit d'auteur est une notion récente qui n'existait pas avant le XVIIIème, avant tout le monde se copiait et se paraphrasait ; le plus grand plagiaire de l'histoire de la littérature fut sans doute Montaigne, cela ne l'empêchait pas d'être génial. Je suis pour un retour à l'esprit de la renaissance italienne et française.

Anonyme a dit…

Tres belle classe de phylo et de jolies filles, mais ou sont les jeunes garcons .... ? Christophe M

Emmanuel Mousset a dit…

En classe de littérature, il y a toujours eu beaucoup de filles. Quand j'étais élève, nous étions 4 garçons seulement ! Cette année, j'ai eu 28 élèves, dont 2 garçons.

Bonne journée, Christophe !

Anonyme a dit…

Alors, (quoi que je ne suit pas spécialiste) comment explique qu'a au moin ma connaissance, il n y est pas de femme phylosophe connue ? Ou peut etre celles guidées par Professeur Mousset le devienfront dans les anness a venir ... Bonne Journee Emmanuel. Christophe

Emmanuel Mousset a dit…

La plupart de mes élèves, après leur bac, ne font plus de philosophie !

Deux femmes philosophes un peu connues : Hannah Arendt et Simone Weil.

Bonne fin de Jeux européens !