vendredi 12 juin 2015

Balade germanopratine



Le quartier Saint-Germain-des-Prés, à Paris, est exceptionnel, réputé dans le monde entier : nulle part ailleurs un endroit n'a connu une aussi remarquable concentration d'artistes, d'intellectuels et de personnalités. C'est pourquoi j'ai proposé cette année de le faire visiter aux membres de l'Université du Temps Libre de Cambrai et de son atelier philo, en privilégiant le Saint-Germain des années 50, de l'existentialisme, du jazz et de la chanson.

Notre balade a débuté entre l'église et le café des Deux Magots (à gauche et à droite de la vignette 1). Dans le petit square, Picasso a sculpté un buste en hommage à son ami Apollinaire, résidant non loin, que j'ai célébré en lisant son célèbre Pont Mirabeau. A l'entrée de la rue Bonaparte, au 43 exactement, nous avons eu une pensée pour le maître-penseur de Saint-Germain-des-Prés, Jean-Paul Sartre, qui a habité l'appartement, plastiqué par l'OAS en 1960 ! Quelques mètres plus loin, au 36, c'est un autre philosophe, moins connu, d'une autre époque, Auguste Comte, que nous avons salué, avant de rejoindre la rue Saint-Benoit, où a logé Marguerite Duras. Surtout, notre chanteuse de la journée, Joëlla, nous a interprété, avec beaucoup d'émotion, Les Loups, de Serge Reggiani, en hommage aux victimes des attentats de janvier dernier, devant le café Le Petit Benoît, où Cabu et Wolinski avaient leurs habitudes (vignette 2).

Rue Jacob, l'Hôtel d'Angleterre nous a rappelé qu'Ernest Hemingway y avait séjourné. Rue de Verneuil, j'ai pris une cigarette et je me suis fait une tête à la Gainsbourg, devant la résidence du chanteur et poète, pendant que nous écoutions Joëlla et la Chanson de Prévert. En remontant la rue des Saints-Pères, passant entre Sciences-po et la fac de médecine, nous avons entamé le boulevard sur les paroles d'"Il n'y a plus d'après ...", de Juliette Gréco, avant d'aboutir au triangle d'or Lipp-Le Flore-Les Deux Magots. Devant La Rhumerie, nous nous sommes souvenus d'un de ses clients, Antonin Artaud. Tournant rue du Seine (dont Prévert a donné le nom à un poème), nous nous sommes retrouvés face à l'hôtel La Louisiane, où Jean-Paul Sartre, dans la chambre n°10, a écrit son roman La Nausée.

Sur la charmante place de Furstenberg, j'ai lu la première page du Deuxième sexe, de Simone de Beauvoir, suivie, en toute logique, de la très rigolote Ne vous mariez pas les filles, de Boris Vian. A la suite de quoi notre petite troupe s'est égaillée juste à côté, dans les salons du musée Eugène-Delacroix (ce n'était pas initialement prévu !). Retour rue Jacob, devant l'immeuble de Colette et de Richard Wagner, puis à l'Ecole des Beaux-Arts, où j'ai payé de ma personne en grimpant sur une grille, très en hauteur, pour déclamer Chez la fleuriste, de Jacques Prévert. La rue en face a accueilli Jorge-Luis Borgès et vu disparaitre Oscar Wilde. Bien qu'à Paris, nous avons célébré Nantes, au 10 rue Guenegaud, où Barbara a fait ses débuts. Au 19 rue Mazarine, Il était une feuille a honoré le maître des lieux, Robert Desnos.

Le bucolique passage Dauphine nous a amenés jusqu'à la rue des Saints-Augustins, terme de notre promenade. Au n°7, Balzac a rédigé son Chef-d'oeuvre inconnu et Picasso a peint Guernica. Nous avons commencé la balade par le peintre, nous l'avons achevée en sa présence : la boucle était bouclée, mais la journée pas terminée. Après les nourritures spirituelles, à table ! Et quelle table ! Le Procope, où se sont restaurés les plus grands depuis le XVIIIe siècle, notamment Voltaire et Diderot. Nous étions en bonne compagnie ! Au menu : fromage de chèvre, aubergine, tomate et concombre ; confis de canard et pommes de terre ; crème brûlée ; café ; vin rouge et blanc à volonté (vignette 3). Après ça, nous étions prêts pour retourner aux mets de l'esprit, en l'occurrence la visite de la toute récente Fondation Louis Vuitton, dans le Bois de Boulogne : architecture remarquable et art contemporain, avec jusqu'au 6 juillet une exposition des oeuvres de Bacon, Kandinsky, Matisse, Picasso et quelques autres de même niveau. A voir absolument.

Quand c'est fini, ce n'est pas fini : dans le car nous ramenant en Picardie, j'ai soumis notre groupe au traditionnel questionnaire, pour vérifier si les connaissances avaient été bien assimilées (c'est mon côté enseignant). 10 questions et 10 bonnes réponses pour Michèle, qui devient donc la lauréate 2015, après Renée (2014) et Guy (2013). Elle a reçu trois magnifiques cadeaux (vignette 4).

Et puis, il y a celui dont je n'ai pas encore prononcé le nom, l'organisateur de la journée, Michel Montay, responsable de l'atelier philo, dont les choix ont été une fois de plus très avisés et que je remercie bien chaleureusement. Grand merci aussi à celles et ceux qui m'ont fait parvenir de nombreuses photos de cette si belle journée, Jocelyne, Joëlla (qui a chanté et photographié, bravo !), Florence et Serge. Merci aux 56 personnes qui m'ont suivi durant cette balade, pour leur gentillesse, leur enthousiasme (et leur discipline).

Et maintenant, on fait quoi ? On prépare bien sûr la prochaine visite d'un nouveau quartier de Paris, en juin 2016 ...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Il y a un côté speaker de HYDE PARK chez vous :Speakers' Corner is a traditional site for public speeches and debates since the mid 1800's when protests and demonstrations took place in Hyde Park.
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Emmanuel Mousset a dit…

Yes, mais je monte généralement sur un banc, pas sur une boîte à savon.