lundi 22 juin 2015

3 heures 13



Un conseil municipal, comme celui de ce soir à Saint-Quentin, c'est beaucoup de redites, de sarcasmes inutiles, d'arrogances gênantes, de points techniques un peu obscurs, d'interventions qu'on n'entend pas bien (pourquoi ne se rapprochent-ils pas du micro pour parler ?). Mais c'est aussi, c'est surtout un exercice démocratique de base, dont les grandes vertus font oublier les petits vices. Parmi les dossiers les plus politiques, j'ai retenu :

1- le débat sur la culture et le sport : faut-il déléguer à des structures privées (la majorité dit oui) ou bien les assurer par les services municipaux (le choix de l'opposition) ? Le sens de la politique culturelle a été aussi discuté : le simple divertissement doit-il être inclus ?

2- le débat sur la sécurité : faut-il mobiliser les citoyens dans des actions de prévention ou bien laisser ce travail aux forces de l'ordre ? Les échanges ont été vifs, la majorité accusant l'opposition de vivre dans un monde de bisounours, l'opposition craignant de voir se mettre en place des milices de quartiers. Grosse colère du maire, du côté des braves gens, annonçant un renforcement de la politique de sécurité.

3- Le débat sur le logement social : le président des HLM (aujourd'hui Habitat Saint-Quentinois) a défendu sa politique de transparence, contre les critiques de la CNL (Confédération générale du logement). Friches, loyers, charges, ... un sujet important.

Deuxième grosse colère du maire, au moment des questions orales, contre l'élue du Front national, qui a tendance à mélanger son mandat municipal et son activité professionnelle. Entre eux, aucun doute : la guerre est déclarée.

3 heures 13 de débat : c'est long, pas toujours intéressant, parfois compliqué, mais la République est à ce prix, finalement pas très élevé, car des points essentiels à la vie des citoyens sont abordés. Allez voir, ou regardez à la télé.

4 commentaires:

D. a dit…

Ce billet aborde l'aspect fondamental de la pratique démocratique et républicaine. Les élus et le maire en l'occurrence, sont-ils en place suite au mandat reçu pour diriger ou pour accomplir ce qu'ils ont dit avant leur élection ? S'ils peuvent diriger comme bon leur semble jusqu'à ce que le corps électoral les désavouent alors à quoi bon faire précéder l'élection d'une campagne électorale parfaitement corsetée par des textes sérieux et définis imparablement ?
Et à quoi sert une opposition si les élus sont mis en place pour appliquer leur programme ?
On peut penser que les élus ont juste à appliquer ce qu'ils ont promis et si c'est le cas, inutile de leur mettre dans les "pattes" une opposition qui n'a pas les moyens de faire faire quoi que ce soit.
Tous les cinq ou six ans selon les cas, les électeurs remettraient les pendules à l'heure.

Emmanuel Mousset a dit…

Dans notre République, le mandat n'est pas impératif : le pouvoir est confié à un représentant du peuple, qui en use selon sa conscience et ce qu'il pense être l'intérêt général. S'il déçoit ou échoue, l'électorat le congédie au prochain scrutin.

L'opposition, quant à elle, n'est pas là pour censurer une politique voulue par le peuple, mais pour proposer une alternative. Un bon minoritaire est quelqu'un qui se prépare à être majoritaire.

D. a dit…

Si tous les élus sont de bons petits godillots (comme vous qui sans approuver tout de votre parti êtes toujours à voter comme lui), à quoi servent les débats entre majorité et opposition tant au parlement que dans les conseils municipaux, départementaux, régionaux et autres sinon à faire le spectacle et brasser du vent comme des idées puisque à la fin la majorité impose sa loi ?
C'est cette notion de spectacle de bravaches quasiment inutile qui heurte ceux que la politique intéresse et la chute des participations aux élections ne serait-elle pas à rapprocher du spectacle le plus souvent édifiant que proposent les retransmissions télévisées depuis l'ère Mitterrand ?

Emmanuel Mousset a dit…


Vos termes sont péjoratifs, disqualifiant pour la République (mais c'est votre droit). La discipline, y compris électorale, est nécessaire, en politique comme dans la vie. Quant aux débats dans nos assemblées, ils étaient autrement plus spectaculaires sous la plus républicaine des Républiques : la Troisième. L'abstention, c'est la faiblesse et la paresse du citoyen, qui pense à sa pomme et oublie l'intérêt général.