lundi 11 août 2014

Il n'y a pas d'autre politique



Mes camarades Marie-Noëlle Lienemann, Jérôme Guedj et Emmanuel Maurel ont envoyé samedi une "lettre ouverte" à Manuel Valls pour lui demander "une politique nouvelle". "C'est toute la stratégie économique et sociale du gouvernement qu'il faut aujourd'hui redéfinir", écrivent-ils. Rien que ça ! En faisant quoi ? La "suspension immédiate du pacte de responsabilité et sa remise à plat complète". C'est-à-dire que mes trois camarades proposent carrément de contester l'un des piliers de la politique en cours, sur lequel le Premier ministre et le président de la République se sont complètement engagés et de quoi ils font dépendre la réussite de leur action. Personne n'imagine un seul instant que Manuel Valls et François Hollande vont y renoncer ! A quoi jouent donc mes trois camarades, qui le savent aussi bien que quiconque ?

Ils se sont saisis de l'occasion de l'invalidation par le conseil constitutionnel de l'allègement des cotisations sociales pour faire leur demande. Mais ce n'est pas le première (ni la dernière) fois. En vérité, dès le départ, mes trois camarades étaient en désaccord avec la politique du gouvernement, parce qu'ils ne sont pas, à l'inverse de la majorité du parti, des sociaux-démocrates. Je respecte bien sûr leur point de vue, qui a le droit d'exister, y compris au sein du parti socialiste (même si ce n'est pas évident pour eux d'être hostiles à la social-démocratie dans un parti devenu social-démocrate : mais je les laisse régler leurs propres contradictions). Ils font partie d'une organisation, ils appartiennent à une majorité, ils soutiennent un gouvernement qui se sont donnés une ligne politique et qui ne vont pas en changer tous les quatre matins, au gré des opinions ou des humeurs des uns et des autres.

Depuis que le parti socialiste a été fondé, il y a un peu plus d'un siècle, il a toujours connu une "aile gauche", parfois sincère, parfois opportuniste (dans la minorité, il est plus facile d'obtenir des places que dans la majorité, où la concurrence est plus grande). J'oublie les opportunistes méprisables, je ne retiens que les convaincus respectables : ils se sont toujours battus pour une "autre politique", Jules Guesde, Marceau-Pivert, Jean-Pierre Chevènement, Jean-Luc Mélenchon. Et comment cela s'est-il généralement terminé ? A l'extérieur du parti. Pourquoi ? Parce qu'à l'intérieur, il n'y a qu'une seule politique, celle que se choisissent le parti, ses candidats et les électeurs.

A la rentrée, le gouvernement aura fort à faire et le parti devra se mobiliser. Je ne souhaite vraiment pas que l'opposition au gouvernement, à défaut de se trouver dans une UMP livrée à elle-même et à ses problèmes internes, s'installe à l'intérieur du parti socialiste. L'"autre politique", elle est chez Mélenchon et à l'extrême gauche, en attendant que la droite se rétablisse et propose à son tour une alternative. Au PS et au gouvernement, je le redis, il n'y a qu'une seule politique. Quand viendra le temps de notre congrès, les socialistes de toute sensibilité feront leurs propositions, sur lesquelles les adhérents se prononceront. Mais en attendant, il n'y a pas d'autre politique.

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