lundi 31 août 2015

Twitter tue-t-il le PS ?



C'est l'explication que Jean-Christophe Cambadélis a donné à l'affaiblissement du PS, qui semble excessive, qui n'est pas exclusive mais qui a sa part de vérité. Il faut même élargir le problème à l'ensemble des nouvelles technologies et des chaînes d'information continue, qui exacerbent l'individualisme et dénaturent le débat politique. La vie collective des partis en est la victime, surtout au parti socialiste, qui a une tradition de riches débats.

Au niveau national, l'accès aux médias d'un beaucoup plus grand nombre de leaders socialistes brouille les références, accentue les divergences les plus minimes, remet en cause la notion, pourtant essentielle, de porte-parole. Aujourd'hui, chacun se sent investi dans la capacité à représenter le parti : c'est la cacophonie.

Twitter fait pire : il institutionnalise le règne des "petites phrases" qui n'ont pas grand sens, il officialise la réaction d'humeur sans contenu réel. Les messages deviennent superficiels, décalés, parfois humoristiques : c'est la déchéance du sérieux en politique. Pour ciseler un aphorisme, il faut s'appeler Nietzsche, Chamfort ou Cioran : nos hommes politiques en sont loin.

La COOPOL, réseau social entre socialistes, a été un échec magistral. Plus personne n'en parle. L'individualisme a repris le dessus sur l'échange collectif. Dans les sections, ce sont les pages personnelles Facebook qui l'emportent, d'un niveau dramatiquement médiocre, le plus souvent polémique ou anecdotique, mêlant combat politique et vie privée, ce qui est la négation même de l'action publique.

Je ne suis pas technophobe, ni pessimiste. Au XIXème siècle, l'invention de la presse quotidienne a stimulé le militantisme politique et social. Pourquoi n'en serait-il pas de même aujourd'hui, avec les nouveaux outils, qu'on pourrait très bien mettre au service de l'esprit collectif, au lieu de l'individualisme ? Les sections pourraient se doter de blogs d'échanges ou de sites d'informations, être des sources de documentation, publier les actions et les interventions de leurs élus, etc. Certaines sections le font, mais elles sont encore trop rares.

Et puis, c'est à nos dirigeants de montrer l'exemple : que le chef de l'Etat, le Premier ministre et les membres du gouvernement réagissent, comme n'importe qui, sur Twitter, c'est un rabaissement de leurs fonctions. Ils ont bien d'autres moyens pour intervenir, plus réfléchis, plus solennels. Cambadélis a raison, plus qu'il ne le croit, mais c'est à nos responsables de montrer le bon chemin.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

CAMBADELIS n'a pas tort in fine mais comme seule explication c'est puéril , irréfléchi presque grotesque .... Le train à vapeur devait tuer tous les humains et tous les animaux .... Certes maintenant la bombe atomique peut le faire mais les réseaux sociaux ne vont pas tuer d'un coup les partis politiques où comme au FN et chez EEV on s'étripe joyeusement en interne avec toutes les armes sous la main !!!


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Emmanuel Mousset a dit…

Cambadélis n'a jamais prétendu que c'était la seule explication.

Anonyme a dit…

C'est la reprise par les médias qui a amplifié la réflexion de CAMBADELIS, mais on est dans le direct permanent et donc l'écho est parfois bien TROP FORT .... La seule solution , ne pas réagir à CHAUD et garder son libre arbitre et son indépendance de pensée .....

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