mardi 4 août 2015

Pour la beauté des yeux



La mode des tags se perd. Dans Saint-Quentin, on a vite fait le tour des plus beaux. Beaucoup ont été effacés à la peinture. Il n'y a plus que leur souvenir, avec des cicatrices blanches sur les murs. L'époque a changé : tolérance zéro ! Les illégalités, même mineures, ne sont plus supportées. Après tout, le tag est une forme de vandalisme, mais pour la beauté des yeux.

Politiquement, le plus judicieux est d'attribuer des espaces officiels aux taggers. Les murs désolants ne manquent pas dans une ville ! Le droit accompagne les évolutions d'une société. La loi autorise ce qu'elle interdisait auparavant, et réciproquement. Hommage aux tags, avec un bien modeste en vignette, assez ancien, visible en centre ville.

Il reste un mystère à décrypter (et peut-être un livre à écrire) : la signification et la signature des tags. Celui-ci est signé ASA et je crois lire SKOF ou SKOP : qui veulent dire quoi ? Car je ne pense pas que ces formules n'aient aucun sens. Il faudrait faire une étude comparative ...

9 commentaires:

Anonyme a dit…

ERRATUM : lire incivilités et non illégalités ..

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Emmanuel Mousset a dit…

Non, l'"incivilité" est le mot à la mode pour qualifier l'impolitesse, en un sens élargi, le comportement peu "civil" ou peu "civilisé". Toutes les nuisances publiques sont des "incivilités", mais pas des délits. Peindre sur un mur qui ne vous appartient pas et qui donne sur la voie publique est un acte "illégal", punissable par la loi, quoique son résultat (un beau tag, cachant un mur moche) puisse être parfaitement civil, raffiné, socialement utile et délicieusement civilisé.

Anonyme a dit…

Si décorer un "mur moche" pour le rendre plus agréable à voir par "un beau tag raffiné, civil, socialement utile et délicieusement civilisé" est punissable par la loi, ne serait-ce pas parce que cette loi pourrait s'apparenter à une loi scélérate ?

Erwan Blesbois a dit…

Il est normal qu'Emmanuel Mousset ait pour modèle les valeurs de mai 68, y compris en matière de goûts artistiques. Il a une dette envers cette génération qu'il comprend, il lui doit tout, notamment son emploi ; il est le "petit frère" de cette génération, il est donc intégré au système et ne peut pas ou ne veut pas voir le lien entre cette génération, son goût de l'exclusivité financière et symbolique, et la montée du FN, qui est le signe de l'exclusion du peuple et de la jeunesse à se nourrir du gâteau "commun", qui n'a plus rien de commun, puisqu'il appartient à une génération dont la moyenne d'âge est de 70 ans, des momies virulentes.

Emmanuel Mousset a dit…

Sur mon emploi, je ne comprends pas. Mais il y a tant de choses incompréhensibles à travers ce vaste monde ...

68 a dit…

Ce blogue est beaucoup moins futile qu'il semble en avoir l'air et je souhaite qu'il puisse perdurer. Réfléchir sur des choses peu importantes en apparence, ça peut aider à réfléchir justement sur d'autres autrement plus graves.

Emmanuel Mousset a dit…

Vous êtes trop bon.

Erwan Blesbois a dit…

Je vais faire un syllogisme pour que tu comprennes : Tu dois ton emploi à un concours de circonstances dont le nom est Chédin ; or de quoi Chédin est-il le nom ? de mai 68. Donc tu dois ton emploi à mai 68 plus ou moins directement.

Emmanuel Mousset a dit…

Les circonstances, encore faut-il les dominer et en tirer profit, ce qui n'est pas donné à tout le monde. Quant à Olivier Chédin (éminent professeur de philosophie à la Sorbonne, il faut le préciser à nos lecteurs qui vont s'étonner de nos échanges abscons), il est le nom d'un Emmanuel, oui, mais KANT celui-là, à tel point que mon maître l'a attribué à sa progéniture, au féminin, qui a enseigné non loin de chez moi, à Chauny (propos de nouveau abscons, que tu comprendras). KANT et Mai 68, ça fait quand même deux, et beaucoup plus que ça ...