mercredi 18 mars 2015

Ma France n'est pas celle du FN



Je suis Français de toutes mes fibres. Mes références sont françaises. Mon éducation, littéraire, historique, personnelle est française. Je ne parle, ne comprends, n'écris que la langue française. Ma famille est française, depuis des générations. Je ne connais pas vraiment d'autres pays. Je ne voyage plus à l'étranger. Cerise sur la gâteau : je suis né à quelques kilomètres du centre de la France (revoyez le début du film de Truffaut, "L'argent de poche"). Je suis complètement Français, et je déteste le Front national. Je ne comprends pas, je déteste que ce parti d'extrême droite se réfère à la France. Je ne m'y reconnais absolument pas. Il faut croire que nous n'avons pas la même idée de la France. Sur trois points fondamentaux :

1- Le peuple : la France, ce n'est pas une abstraction, c'est une population, le peuple français. Ce peuple n'est pas une race, une ethnie, une religion ou je ne sais quoi. C'est un ensemble de citoyens qui vivent dans un même pays, à l'intérieur de mêmes frontières. Ce peuple n'est pas homogène : ce serait d'une tristesse absolu, et un mensonge sociologique. Le peuple français est divers, multiple, dans ses origines, ses traditions et ses convictions. Sa part immigrée est importante, essentielle, utile, et je m'en réjouis. Elle a largement contribué à la construction de la France, à son histoire. Français de nationalité ou de citoyenneté, je m'en moque : pour moi, ils sont tous Français, tous égaux, je ne fais aucune différence entre eux. Ma France n'est pas celle du FN, inégalitaire, discriminatrice, xénophobe, ou plus simplement idiote, jalouse, mesquine.

2- L'autorité : La France, c'est un Etat, un pouvoir, comme dans n'importe quel pays. Je crois au bien fondé de la justice, au respect des lois, à l'utilité des forces de l'ordre. Je suis enseignant : je connais la valeur des règles, la force de l'obéissance, la nécessité de la sanction. Demandez à mes élèves : je ne rigole pas avec ça. Mais je ne réduis pas les problèmes de la France à des questions d'autorité, je ne suis pas préoccupé de sécurité, je n'ai aucun désir d'ordre. Faire de la sécurité un projet politique, c'est consternant, c'est minable. La France de toujours est soucieuse de liberté, pas de sécurité. De grands Français sont morts, en martyrs, pour la liberté. Aucuns n'ont donné leur vie pour la sécurité. Ma France n'est pas celle du FN, trouillarde, faiblarde, petite.

3- La nation : la France, c'est un territoire, des frontières, des paysages. Mais la France n'est pas une île. Et même une île n'est pas seule au monde. Etre Français n'est pas être borné, exclusif, fermé, replié sur soi. La France est dans le monde, elle a quelque chose à lui dire. Le nationalisme est une folie, une illusion, un danger, qui consiste à ne voir que la France. Notre pays n'existe, n'est grand, influent qu'avec les autres, au milieu des autres. Je suis complètement Français, mais je suis aussi complètement Européen, à fond pour la construction européenne, sans aucune réticence. Je suis aussi cosmopolite, internationaliste, mondialiste, appelez-ça comme vous voudrez. Je n'y vois aucune contradiction avec le fait d'être totalement Français. Au contraire, c'est une conséquence, une cohérence : l'humanité est faite de plusieurs appartenances, de multiples identités. Dans notre vie aussi : nous avons une identité personnelle, familiale, professionnelle, locale, etc. Ma France n'est pas celle du FN, riquiqui, nationaliste, anti-européenne.

Je vous ai expliqué ma France d'une manière un peu théorique, parce que c'est dans ma formation. Mais ma France n'est pas d'abord le produit d'une réflexion, d'un choix intellectuel : c'est une sensibilité, une affaire de tripes, d'émotions, d'intuitions, de plaisirs, de souvenirs, de rêves. Ma France n'est pas celle du FN, parce que la sienne me parait froide, haineuse, inhumaine. Je ne sais pas si mon témoignage peut servir à quelque chose en vue de dimanche prochain. Mais au moins je l'aurai dit.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Et si pourtant, nos militaires se sont battus à toute époque pour notre sécurité... Tout comme nos policiers d'ailleurs.

Bien sûr, c'est comme être gardien au foot, c'est le boulot ingrat, puisqu'on ne pourra jamais savoir quel serait ou aurait été notre sort sans eux.

Anonyme a dit…

Ce jeudi des tunisiennes âgées ont parlé souvent du foulard chez leurs jeunes comme d'un signal de régression de la civilisation , or nous en FRANCE on se pose encore la question , avons nous perdu le sens commun ??