mercredi 4 mars 2015

Profil haut



On ne va pas se cacher la vérité : les élections départementales vont être très difficiles pour les socialistes. Ce qui signifie que nous avons plus de chance (si on peut dire !) de perdre que de gagner. Et alors ? Ce n'est pas la première fois, ni la dernière, que le PS essuierait une défaite. Et puis, ce qui est intéressant dans la vie, c'est ce qui est difficile, pas ce qui est facile. Bref, la catastrophe annoncée est plus stimulante que déprimante. D'autant que l'amplitude de l'échec est rarement ce qu'on prédit, et l'effet de résistance peut se révéler plus fort qu'on ne le croit.

Dans ce contexte, les socialistes doivent surtout se défier d'eux-mêmes et d'une illusoire tentation : faire profil bas, mettre son drapeau dans sa poche, la jouer tout doux tout doux, parler local et écarter le national. Pire que ça : prendre ses distances à l'égard de la politique du gouvernement parce qu'elle est impopulaire, se laisser aller à émettre des critiques pour se mettre dans le sens du vent, croyant ainsi ramasser la mise. Adopter la couleur muraille, ne pas assumer ce qu'on est, ce serait le meilleur moyen de perdre, et de tout perdre.

D'abord parce qu'il ne faut pas prendre les électeurs pour des imbéciles : un socialiste reste un socialiste, un partisan de Hollande, Valls et Macron, même caché derrière son gros doigt. La lâcheté, y compris tactique, n'a jamais constitué une ligne politique. Ensuite, quand le vent souffle, il faut commencer par rassembler les siens, s'adresser à son électorat, fortifier le noyau dur, ne pas prendre le risque de le faire éclater. C'est à partir de lui que la reconquête peut se faire, pas en lui tournant le dos pour aller voir ailleurs, c'est-à-dire nulle part. Emettre le moindre doute envers la politique gouvernementale, même pour des raisons légitimes et éminemment socialistes, c'est creuser sa propre tombe avec ses dents. Toute concession, même minime, accordée au concurrent ou à l'adversaire renforce ces derniers et affaiblit le parti socialiste. On ne vote pas pour des candidats qui ne sont sûrs ni d'eux-mêmes, ni de leur parti, ni du gouvernement qu'ils sont censés soutenir.

Il ne faut pas craindre la défaite, mais il faut craindre de se renier. En politique, le présent n'existe pas, une élection est pliée bien avant le scrutin. C'est l'avenir qui compte, qu'on prépare. Quand on est certain de ses convictions, on n'a pas peur, on sait que l'avenir nous donnera raison, que les résultats viendront, que le peuple, seul souverain, nous rendra justice. Une élection, c'est aussi une tribune, l'occasion d'une pédagogie : les candidats aux élections départementales doivent se faire les défenseurs et les pédagogues des réformes gouvernementales. Expliquer la gestion départementale, c'est bien, c'est indispensable. Mais en politique, il ne faut pas oublier de faire de la politique. Profil haut, fierté, assurance : une victoire, qui n'est jamais à exclure, ça se joue aussi dans la têtes, avant que dans les urnes.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

" se renier"
Ne dit-on pas avec sagesse que seuls les imbéciles ne changent pas d'avis !

Emmanuel Mousset a dit…

Vous avez raison, c'est ce que disent tous les imbéciles.