samedi 28 mars 2015

L'Aisne en face



Les élections départementales se terminent demain. A tout point de vue, elles feront date, auront été exceptionnelles. Pour la première fois, les médias nationaux (grands quotidiens, magazines, télévisions, radios) et même internationaux se seront penchés sur le sort de notre département. Une notoriété dont on se serait bien passé, regretteront certains. Sans doute, mais les faits sont les faits, il ne sert à rien de se voiler la face ou de refouler la réalité : quels que soient les résultats de demain, l'Aisne, terre pauvre, terre de gauche, s'est dès le premier tour donné au Front national.

Les médias sont-ils responsables de cette montée de l'extrême droite ? C'est l'excuse facile qu'on brandit à chaque défaite, lorsqu'on ne veut pas assumer sa part de responsabilité, en reportant la faute sur les autres. Les médias ont certes beaucoup parlé du FN, mais comment faire autrement lorsque ce parti a le vent en poupe ? Surtout, les médias ont fait connaître les dérapages des candidats du FN, ce qui n'était pas fait pour contribuer à son succès. Plus on parle du FN, plus on révèle sa vraie nature, et c'est très bien comme ça. La mise en accusation des médias, en cette fin de campagne, est donc une réaction paresseuse, irresponsable et malhonnête.

Au contraire, nous avons énormément à apprendre de ce que nous disent les médias. Ils sont un miroir grossissant mais toujours intéressant, qui nous font mieux connaître et comprendre ce que nous sommes. Les élus et les militants n'ont pas forcément la distance et la neutralité nécessaires pour une analyse froide et détachée de la situation. Ils y mettent souvent de l'affect, du personnel et, dans la défaite, beaucoup de ressentiment, de l'auto-justification qui empêchent un regard objectif. L'instinct de survie conduit au repli sur soi, avec sa règle d'or : on n'y est pour rien, on ne change rien, on continue comme avant, en attendant la prochaine défaite.

Il faut écouter et lire les commentaires et les analyses des journalistes, des chroniqueurs, des intellectuels, tout en menant bien sûr notre propre réflexion. Mais ne pas mourir du réflexe de la forteresse assiégée (qui est d'ailleurs en ruines). La défaite n'est grave que si on en tire aucune conséquence, ce qui condamne alors à reproduire l'échec. Dès lundi prochain, la gauche axonaise se posera le problème de sa reconstruction, pour envisager les conditions de la reconquête, pour renouer avec l'électorat populaire qui a rallié le FN (tout le problème est là). Plus question de biaiser ou de nier : il faudra regarder la vérité en face, l'Aisne en face.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

"Gauche" "droite"
faux débat
Il y a :
d'un côté ceux qui sont contents du "système" que l'on peut aussi qualifier d'anti-pauvres ou de prolophobes
de l'autre les pauvres, exclus, les invisibles etc. et leurs compagnons de route qui les prennent en sympathie.
Les pauvres dans l'histoire connue de l'Humanité sont toujours perdants.
Donc messieurs les nantis dorlotés par le système pas de panique au bout du bout vous serez les gagnants.

Anonyme a dit…

Vote FN vote d'adhésion et non pas vote de protestation !

Lire Pierre-André TAGUIEFF dans " Marianne", philosophe, lui aussi..

Emmanuel Mousset a dit…

J'ai rencontré Taguieff il y a 30 ans, alors que je travaillais pour le magazine "Globe" à un article sur la "nouvelle droite". Pour la petite histoire, nous étions chez lui quand le téléphone nous a interrompus : c'était Alain de Benoît ! Taguieff, un homme très intéressant, mais plus sociologue que philosophe (peu importe, d'ailleurs).