jeudi 19 mars 2015

La politique fait-elle pschitt ?



A propos de la campagne des élections départementales, le Courrier picard d'aujourd'hui consacre un article aux "réunions qui font pschitt", à ces candidats, de gauche comme de droite, qui n'attirent quasiment personne dans les villages. A quoi s'ajoute, pour dimanche prochain, la menace d'une abstention massive et record. D'où la question : la politique intéresse-t-elle toujours nos concitoyens ? Si la réponse est non, comme nous aurions tendance à le croire, c'est catastrophique pour la démocratie. Mais, contre toute attente, je pense que la réponse est oui et que les apparences actuelles, très négatives, sont trompeuses. Pour plusieurs raisons :

D'abord, revenons sur ces fameuses réunions électorales où la salle demeure désespérément vide. C'était déjà le cas il y a 10 ans, quand j'étais candidat à ces mêmes élections. Et c'est normal : les gens ne vont pas se déplacer pour des rencontres qui ne sont pas vraiment politiques, qui relèvent de la gestion départementale, qui ne concernent que des publics très particuliers. Le transport scolaire, l'entretien des routes, l'aide aux collèges, aussi utiles soient ces sujets, sont d'une nature plus technique que politique. Il n'y a aucun enjeu idéologique, les clivages ne sont pas très marqués entre la gauche et la droite. De plus, le lien entre le conseiller général et la population n'est pas très fort, et assez peu politique. C'est un échelon de services, pas de débats politiques. Il n'est donc pas surprenant que le scrutin soit peu mobilisateur ; c'est dans la nature des choses.

Ceci dit, ce n'est pas parce qu'une élection est peu politique qu'il ne faut pas chercher à la politiser. C'est au contraire une bonne raison pour le faire, et d'intéresser ainsi les citoyens (qui ne boudent pas la politique, à l'inverse de ce qu'on croit). Si l'extrême droite a le vent en poupe, c'est parce qu'elle a politisé le scrutin. Voilà aussi pourquoi, de son côté, Manuel Valls a eu raison d'entraîner la gauche dans un combat de défense républicaine contre le Front national. C'est le seul moyen de mobiliser notre électorat, pas sur des histoires d'équipement ou de circulation, qui ne disent rien à personne. J'ajoute que la politisation du scrutin passe aussi, quand on est socialiste, par le soutien à la politique du gouvernement.

Enfin, l'apparent désenchantement des électeurs à l'égard de la politique interroge les nouveaux modes d'action politique, qui ne peuvent plus être ceux d'autrefois. Les citoyens apprennent beaucoup par les télévision, l'internet, les nouveaux moyens de communication. Si les partis ne s'adaptent pas à cette situation, ils laisseront croire que les Français se détournent de la politique, alors que ce n'est pas le cas. Simplement, l'intérêt s'exprime aujourd'hui différemment. Commençons donc d'abord par supprimer ces stupides réunions de village, qui ne servent à rien ni à personne, sauf à se faire plaisir en disant qu'on les a faites. Mais l'efficacité est nulle, la perte de temps et l'effort dispensé sont énormes, et surtout, en termes d'image, le résultat est désastreux. En politique comme ailleurs, il faut mettre fin aux traditions désuètes, qu'on reproduit seulement par routine.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Il y a de bonnes idées dans tous les partis politiques mais également des mauvaises dans tous aussi.........
Le "système" oblige à voter pour un "paquet"(parti) dont on récuse une partie des idées.
C'est cette obligation de devoir tout accepter d'un parti qui donne cette coloration malsaine et décérébrée à leurs militants.

Anonyme a dit…

Pas de candidat avec des moyens audiovisuels ?? Que des paroles qui s'envolent comme nos illusions!