mardi 10 mars 2015

La mort n'est pas un jeu



Il est banal de reconnaitre que la mort est le dernier tabou de la société contemporaine. On ne meurt plus chez soi, entouré des siens, mais dans l'anonymat de l'hôpital. Les cimetières ont quitté nos villes depuis longtemps, les corps sont de plus en plus souvent brûlés pour qu'il ne reste plus rien de la mort, à part un petit tas de cendres. L'allongement de la durée de la vie, les progrès de la médecine ont repoussé très loin le moment fatidique, à tel point qu'il est devenu fréquent de s'étonner et de s'interroger à la nouvelle d'un décès. Comme si mourir avait cessé d'être quelque chose de normal et de naturel. Le reflux de la religion n'a rien arrangé : elle seule pouvait parler de la mort et lui donner un sens.

Autrefois, au contraire, la mort était un phénomène familier, provoqué par les maladies incurables, la violence des hommes et les catastrophes naturelles. La mort était présente dès le début de la vie, puisque beaucoup d'enfants disparaissaient à la naissance. On craignait Dieu ou le Diable, mais pas la mort, qui était dans l'ordre des choses. "Le roi est mort, vive le roi" : ça ne gênait pas. Aujourd'hui, la mort est devenue un problème et un scandale, auxquels la France a été confrontée, de plein fouet, deux fois depuis le début de cette année : avec l'attentat contre Charlie hebdo en janvier, avec l'accident emportant trois grands sportifs et leur équipe hier en Argentine.

Ironie du sort : la navigatrice Florence Arthaud, qui a vaincu l'océan, perd la vie en plein ciel. Double et tragique ironie : la mort frappe au milieu d'un jeu, dont les protagonistes se retrouvaient les yeux bandés, en hélicoptère, afin d'être livrés à la jungle. Depuis une dizaine d'années, la télé-réalité raffole de ce genre d'émission, où l'on soumet les candidats à des aventures filmées, à des épreuves de survie. Sauf que ce n'est pas tout à fait pour de vrai, que des mesures de sécurité écartent tout drame, que la télé-réalité est plutôt une télé-fiction. Chassez le réel, il revient au galop : l'aventure, c'est aussi le risque, le danger et la mort, avec lesquels il est impossible de jouer. A force d'oublier que l'existence est tragique, il y a des rêves qui se transforment en cauchemars.

1 commentaire:

Gillles Georgel, pasteur a dit…

Bonjour,

J'ai lu dans St-Quentin mag votre réflexion sur le sujet. je vous invite à la conférence que j'organise le samedi 21 mars à 20 H. L'oratrice sera Licia Touzet, médecin en soins palliatifs à Lille. le lieu : Centre Evangélique Protestant (CEP) ZI St Lazare Chemin Clastrois Saint-Quentin (aller jusqu'au bout de la ZI pour trouver).