mercredi 5 juillet 2017

Où est l'opposition là-dedans ?



Une fois n'est pas coutume, je vais reprendre à mon compte une réaction de Jean-Luc Mélenchon : Où est l'opposition là-dedans ? après le vote de confiance à l'Assemblée nationale. Il y a en effet de quoi être stupéfait : non seulement la République En Marche se range derrière le Premier ministre, ce qui est normal, mais aussi la majorité des deux grands (ex?) partis de gouvernement, Républicains et même socialistes. Nous avions cru, à l'issue de son Conseil national, que le PS rejoignait l'opposition. Manifestement non.

Bien sûr, les abstentions sont nombreuses. Mais ce vote-là n'a rien à voir avec l'abstentionnisme aux élections, qui est un signe d'indifférence ou la manifestation d'une neutralité. Au Parlement, face à la politique gouvernementale, quand on est contre, on vote contre. S'abstenir, c'est laisser sa chance au gouvernement, ne pas s'opposer par principe à lui, sans cependant adhérer à sa ligne politique. Rares sont les gouvernements qui ont bénéficié d'un tel soutien, d'autant qu'il transcende droite et gauche, LR et PS se retrouvant dans une abstention en quelque sorte bienveillante.

Où est l'opposition là-dedans ? Drôle de question venant de Mélenchon. L'opposition, c'est lui, avec les communistes et le Front national, les trois groupes qui ont majoritairement rejeté la confiance. Jusqu'à présent, l'opposition était essentiellement assumée par un parti de gouvernement, PS ou UMP. Aujourd'hui, il y a une opposition, mais elle est radicale, extrême, divisée et très minoritaire au Parlement. Faut-il s'en désolé, être choqué, s'inquiéter pour la bonne santé de la démocratie ? Non, la situation actuelle résulte des choix des Français, et la démocratie est là. Une opposition radicale reste une opposition.

Avec Emmanuel Macron, plus rien n'est comme avant. Encore n'avons-nous pas pris la pleine mesure de l'effondrement de notre classe politique. Des surprises sont à venir. Un bouleversement politique a des conséquences à long terme. La très large majorité dont bénéficie le pouvoir n'est que la traduction de l'aspiration au renouvellement. L'opposition constructive n'a pas disparu : elle s'exprimera au sein de la majorité présidentielle. L'opposition radicale vivra sa vie, et les Français jugeront.

4 commentaires:

Philippe a dit…

L’opposition dans notre situation de protectorat US ne peut qu’être sans importance.
Arrêtez de vous pousser du col !

Emmanuel Mousset a dit…

Un tantinet exagéré.

Anonyme a dit…

"un tantinet", c'est du vocabulaire à Tonton, ça ?
Suis-je oublieux, ce pourrait tout autant venir de "Grand Charles et Tante Yvonne"...

Erwan Blesbois a dit…

Tu sais que dès ses origines le socialisme, qui s'était construit en réaction aux ravages dans le monde ouvrier du progressisme (ce dernier était porté déjà idéologiquement au XIXème siècle par la gauche républicaine), le socialisme et ses adeptes donc (Proudhon, Fourier, Marx, Engels etc.), ne trouvait pas stupides tous les arguments énoncés par la droite monarchiste et réactionnaire contre l'idéologie bourgeoise, et en reprenait même certains à son compte. Tout comme Mélenchon et Le Pen utilisent souvent les mêmes arguments, et se copient l'un l'autre, contre l'idéologie libérale. Jacques Sapir avait même préconisé une fusion des deux mouvement qui se recoupent idéologiquement sur bien des points, car leur division est contre productive pour les classes populaires et arrange bien la classe bobo (bourgeois hors-sols et modernes), qui ne cesse de caricaturer ces deux mouvements et de les qualifier de populistes. Alors qu'au départ il n'y a pas si longtemps le terme de "populisme" était un terme noble, pour qualifier la colère légitime des classes populaires exploitées.
https://sanscouvertures.blogspot.fr/2017/07/macron-et-le-sacrifice-de-la-france-den.html