vendredi 21 juillet 2017

Où va le féminisme ?



Tout le monde s'accorde, en tout cas à gauche, que l'écologie et le féminisme sont les deux idées politiques les plus novatrices de la seconde moitié du siècle dernier. Qui aujourd'hui, même à droite, ne se prétend pas féministe ? En la matière, d'immenses progrès ont été faits, et d'immenses restent à faire. Pourtant,  je me pose une question : si nous savons d'où part le féminisme, savons-nous où il va, et surtout jusqu'où doit-il aller ?

Ce qui m'amène à m'interroger est un fait divers, presque une anecdote, comme je les aime, c'est-à-dire beaucoup plus révélatrice de l'état de la société qu'un grand discours. Puisque nous sommes encore en période de Tour de France, c'est au Tour d'Espagne auquel je m'intéresse, parce que ses organisateurs ont désigné une commission d'experts pour traiter d'un grave problème, soumis à leur sagace réflexion : faut-il interdire la double bise que de charmantes hôtesses prodiguent au vainqueur de chaque étape, en lui offrant un splendide bouquet de fleurs ? Ne croyez pas que j'invente, ce n'est pas du tout une blague d'été : nos amis espagnols prennent l'affaire très au sérieux.

Vous comprenez alors mon doute, mon embarras et ma question : jusqu'où doit aller le féminisme ? La bise aux cyclistes est-elle sexiste, discriminante, stigmatisant ? Le débat ne devrait-il pas gagner notre Tour national ? Si la critique se fixe sur la bise, c'est qu'on ne peut pas reprocher aux hôtesses, tout de même, d'être jolies, souriantes et bien apprêtées, quoique la discussion reste ouverte. La bise, c'est le maillon faible : quelle utilité a-t-elle ? Ne pourrait-on pas s'en passer ? Nos amis espagnols, avisés, ont des solutions alternatives (un problème se règle aussi en le contournant) : remplacer les hôtesses par des stewards (qui prêteraient moins, pense-t-on, aux épanchements) ; ou bien laisser offrir les bouquets par des enfants, comme on le voit dans certaines cérémonies. Personnellement, je me demande s'il ne faudrait pas prendre une mesure plus radicale : supprimer la remise de bouquets (plus d'hôtesses, plus de bises).

La question est vraiment délicate. Transposons-la dans nos vies privées. Au travail, faut-il continuer à embrasser les femmes et à donner une poignée de main aux hommes ? Non, si l'on suit la logique précédente. S'il faut embrasser un barbu, je ne suis pas trop d'accord. S'il faut tendre la main à une collègue, la mettre ainsi à distance, ça ne me plait pas trop non plus. D'autant qu'en matière de bises, certains mettent la dose : les francs-maçons en font trois et la quadruple bise sévit dans quelques grandes régions. Là aussi, une troisième voie se présente : ni bise, ni main, mais un petit salut de la tête, qui a le mérite de la rapidité, de la discrétion et de l'égalité. Franchement, cette politesse-là aurait ma préférence. Mais ceux qui aiment l'ostentation seront vexés par ce hochement de tête qui manque de chaleur humaine et que parfois l'on n'aperçoit pas.

Alors, que faire ? En attendant de vous faire part de l'avancée de ma réflexion et de ses conclusions, j'en reste à la tradition, au risque de la misogynie : j'embrasse sur les deux joues mes lectrices, je serre la main à mes lecteurs, en les assurant toutes et tous de mon féminisme le plus sincère et le plus combatif.

3 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

Le féminisme est une saloperie dont les femmes sont les premières victimes, qui se plaignent de plus en plus d'être "mal baisées", ou délaissés. Quoi de plus laid que la mode de l'indifférenciation des sexes, et quoi de plus beau que la différence des sexes qui suggère l'érotisme et donc la transgression, source de toute évolution spirituelle.

Emmanuel Mousset a dit…

Allons, allons, Erwan ...

D C a dit…

Féminisme et Ecologie ne datent nullement de si peu.
Il y a eu des sociétés parfois très anciennes (pas forcément les mêmes ni en simultanéité) où féminisme et écologie étaient pris en compte.