vendredi 14 juillet 2017

Nous avons enfin un chef



Que retiendra-t-on du 14-juillet 2017, tant il est vrai que rien ne ressemble plus à un 14-juillet qu'un autre 14-juillet ? Que nous avons désormais un chef à la tête de la France ! Car ce n'est pas parce que nous avons coupé la tête d'un roi que nous n'avons pas besoin d'un chef. A gauche, la notion passe mal. Pourtant, la gauche a connu de grands et illustres chefs dans son histoire. Les Insoumis, par exemple, ne sont soumis qu'à un seul : leur chef, Mélenchon, vraiment chef, celui-là. Toute collectivité humaine a donc besoin d'un chef, mais notre pays en manquait. Reste à savoir : un chef, pour quoi faire ? La vraie question est là.

Hollande ? Un bon copain, qui essaie de mettre tout le monde d'accord : pas un chef. Sarkozy ? Un faux chef, une exagération, une caricature, qui fait donc rire, là où le chef demande à être craint. A vrai dire, nous n'avions plus de chef parce que notre société tout entière a, depuis pas mal de temps, un problème avec l'autorité, décriée, niée, travestie. La dernière expression la plus spectaculaire de ce douloureux phénomène ont été les manifestations non autorisées de policiers : quand les garants de l'ordre ne respectent plus la loi, c'est la fin de tout.

Emmanuel Macron a commencé à remettre de l'ordre dans tout ça, et c'est ce que nous dit ce 14-juillet. Il est chef sur la scène internationale, en invitant le président américain, en prenant des initiatives, en redonnant sa place à la France dans le monde. Pas tant sur les accords de Paris et le réchauffement climatique, dont on a pourtant beaucoup entendu parler : je ne crois pas que Donald Trump changera d'avis. Surtout, un chef ne se contente pas de vagues promesses. Non, mais sur la Syrie, la reprise des contacts avec le régime, jusque-là ostracisé par les gouvernements français. Une seule ligne rouge : l'usage des gaz. L'objectif, c'est d'éradiquer le terrorisme et de détruire l'Etat islamiste, y compris en s'alliant avec un dictateur. Un individu normal renvoie toutes les parties dos-à-dos, en campant sur d'irréprochables principes ; un chef choisit, s'engage, prend des risques, se salit les mains.

Chef, Emmanuel Macron a rappelé qu'il l'était sur le plan intérieur : chef d'Etat, c'est-à-dire chef des armées, très important en ce jour de 14-juillet. Quand le chef de l'Etat-major se permet de contester publiquement les décisions de son supérieur, il y a faute grave. François Hollande aurait laissé pisser le mérinos, bien certain que les paroles ne sont que des paroles, vite oubliées, et que tout finit par s'arranger. Ce n'est pas une psychologie de chef : Macron a recadré fermement le général. Un chef est d'abord quelqu'un qui rappelle qui est le chef, sachant que tout être humain a tendance à se prendre pour le chef qu'il n'est pas.

Chef enfin, Macron l'aura été en se rendant cet après-midi à Nice. Le chef doit être à l'écoute de son peuple et de son époque (c'est ainsi qu'il devient chef, en démocratie, porté par l'opinion publique). Notre peuple veut de la compassion, son président le lui en donne. Au fond de lui, il sait qu'il n'y a que la vengeance qui paie sur la scène internationale et qu'il est urgent aujourd'hui d'exterminer les chiens enragés qui massacrent l'Irak et la Syrie et font des petits en France, à Nice, au Bataclan et ailleurs. Paris vaut bien une messe, c'est-à-dire aujourd'hui une commémoration, sachant que ne valent en la matière que nos opérations militaires et nos bombardements. Mais il faut le dire tout bas, l'écrire sur un blog qui n'admet que des consultations privilégiées : une pensée de chef n'est pas à mettre à la portée de toutes les oreilles ni sous n'importe quels yeux, dans notre société qui guérit mal de son problème avec l'autorité.

11 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

L'autorité protège plus qu'elle n'humilie, mais ça la petite bourgeoisie héritière des valeurs de 68 ne veut pas l'admettre. C'est pour cela que Mai 68 est un héritage impossible, car toute transmission de valeurs se fait par le biais de l'autorité.

Emmanuel Mousset a dit…

Oui, l'autorité protège. Mais surtout, l'autorité a à voir avec la puissance, le pouvoir et la violence. Et ça, mon petit Erwan, je ne crois pas que tu sois prêt à le voir en face.

Erwan Blesbois a dit…

Oui l'autorité est certainement un héritage de l'aristocratie, avec tout ce que cela comporte de passions étouffées.

Erwan Blesbois a dit…

Mes ancêtres ont écumé les mers, ont servi de chair à canon dans toutes les armées des rois puis de la République, ont fait usage de la violence au service du pouvoir et de la puissance, la Bretagne à toujours été le bras armé de la France. Je suis effectivement une âme déchue, mais je n'ai pas de leçons d'honneur militaire à recevoir d'un Berrichon.

Erwan Blesbois a dit…

Tu me disais un jour qu'un bourgeois était quelqu'un qui réussissait tout ce qu'il entreprenait, je rate à peu près tout, j'y mets un point d'honneur. Par contre toi tu réussis à peu près tout. Alors finalement qui est devenu bourgeois, et qui en est sorti ? Bon resté petit bourgeois peut être dans l'état d'esprit.

Erwan Blesbois a dit…

Et jamais, jamais je n'admettrai que tu es un aristocrate, aujourd'hui les seuls qui restent sont des dégénérés, tu es peut-être un philosophe ou un artiste, mais pas un aristocrate.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Historiquement, culturellement, tu as raison : un Breton est supérieur à un Berrichon. Le Breton est ouvert sur le monde et conquérant ; le Berrichon vit au milieu des terres et n'a développé que la sorcellerie pour combler son isolement et son ennui. Je me demande si je ne vais pas t'envoyer un sort pour me débarrasser de toi.

2- Je dirais plutôt : "être bourgeois, c'est faire semblant". La reconnaissance sociale, peut-être plus que la réussite, est essentielle pour le bourgeois. Le petit bourgeois a horreur de l'échec. En politique, c'est rigolo : ceux qui perdent font semblant d'avoir quand même réussi. Moi, je crois aux vertus de l'échec. D'ailleurs, contrairement à ce que tu penses, j'ai échoué, notamment en politique. Mais ça ne m'embête pas plus que ça, même si j'aurais préféré réussir.

3- Je ne suis ni aristocrate (ridicule), ni philosophe (inexact), ni artiste (ou alors d'un genre très particulier). Je suis moi, tout simplement, et je ne ressens pas le besoin d'"être quelqu'un" (objectif du bourgeois).

Erwan Blesbois a dit…

Oui tu es un sorcier, c'est la meilleure définition de toi, d'ailleurs j'ai toujours cherché à connaître tes secrets de sorcellerie, dans un usage égoïste, pour réussir comme toi, en vain...

Erwan Blesbois a dit…

En gros les autres seraient formatés, appartiendraient à des types, et toi tu serais unique, tu serais l'élu. Pourquoi ne crées-tu pas une nouvelle religion ?

Anonyme a dit…

L'honneur militaire des berrichons a été reconnu par Napoléon!!
" Le Berrichon est lent au combat mais ne recule jamais" !!
Bon certes peut mieux faire mais des aptitudes comme on dit à l'EN!
un berrichon

Emmanuel Mousset a dit…

Merci d'avoir défendu l'honneur berrichon. Sur les Bretons, il y aurait à redire ...