jeudi 20 juillet 2017

L'audace ou la consolation



Depuis leur défaite historique à l'élection présidentielle, confirmée aux élections législatives, les socialistes cherchent des explications, pour y trouver une occasion de se refaire. Leur explication est tentée par une comparaison, tirée du passé. Je ne sais pas si c'est une bonne idée : il leur faut penser la nouveauté de cette défaite, ne pas la réduire à un événement antérieur. Et puis, quand on veut se reconstruire, c'est l'avenir qui compte, pas le passé. La comparaison est une facilité. En la matière, c'est une piètre consolation. De quoi s'agit-il ? De la défaite socialiste aux élections législatives de 1993.

Les socialistes se réfèrent à cette date parce que la défaite, alors, a été en effet très sévère. Mais la comparaison s'arrête là, c'est-à-dire qu'elle ne va pas très loin. En 1993, il reste un socialiste à la tête de l'Etat : François Mitterrand. Ce n'était pas rien. En 2017, les socialistes sont nus : ils n'ont plus rien. Même Mélenchon leur passe dessus. En 1993, le PS est battu par la droite, qui obtient une écrasante majorité à l'Assemblée. En 2017, le PS est battu par lui-même : une grosse partie de son électorat est partie ailleurs, chez Macron, et la droite est minoritaire. Pourquoi alors cette référence à 1993 ? Parce qu'elle est auto-consolatrice : quatre ans après, le PS retrouvait une majorité à l'Assemblée, à la suite de la dissolution de Jacques Chirac. Mais c'est une preuve de faiblesse, puisque la comparaison est erronée.

Si les socialistes étaient lucides et courageux, et je ne doute pas que certains le soient, ils oublieraient 1993 pour ne retenir qu'une date pertinente : 1969. C'est loin, certes, mais notre histoire politique est longue. A la présidentielle de 1969, le candidat socialiste obtient à peu près le même score que Benoit Hamon. Nous sommes donc dans le bon rapport. Surtout, la SFIO de l'époque était tout à fait le PS d'aujourd'hui : un parti d'élus, de notables et d'affidés, peu représentatif de la société de l'époque, reposant sur des puissances locales, mais n'ayant plus aucune influence nationale. Ce qui a tué la SFIO, c'est mai 1968, à quoi les socialistes d'alors n'ont rien compris. De même, Macron et son phénomène de renouvellement ont tué le PS, qui n'a pas su anticiper les évolutions de la société.

Si les socialistes étaient intelligents, et il n'y a pas à désespérer, ils se fixeraient sur cette année 1969, la choisiraient comme un modèle de reconquête. Car que s'est-il passé après la mort de la SFIO ? Les socialistes se sont donnés un nouveau leader, François Mitterrand, un nouveau parti, le PS d'Epinay, de nouveaux alliés, le PCF, un nouveau projet, le Programme commun. Le défi actuel du Parti socialiste est celui-là : oser, comme après 1969, la nouveauté. De ce point de vue, 1993 est la mauvaise date, puisqu'à sa suite, le PS ne change rien du tout. L'audace qui prépare de prochaines victoires ou la consolation qui se satisfait de son statut de petite opposition ? C'est ce entre quoi les socialistes devront choisir dans les prochains mois. Je souhaite qu'ils ne se trompent pas.

5 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

Je ne suis absolument pas ni un "bourgeois", ni un "petit bourgeois", la greffe de l'école et du progressisme n'a pas pris sur moi, malgré les tentatives désespérées de certains profs pour tenter de ranimer mon âme déchue. Je suis un être du monde profane et de la religion avec des interdits et je n'ai pas eu la force de les transgresser, alors que seule cette transgression aurait pu assurer mon salut spirituel, dans un monde tout entier livré à la violence sacrée de l'immanence, sans aucune retenue, et où la dépense sacrée de la violence se fait à l'encontre des millions de boucs-émissaires de la "France périphérique", où France d'en bas. C'est pour cela, en l'absence de tout monde profane et religieux, que je dis que l'école est majoritairement devenue une machine à créer des victimes, dans un monde où plus rien n'est sanctuarisé et livré tout entier à l'immanence de la violence, donc au sacré, et dont les parents sont les agents contre les profs, mais bien plus grave encore, contre leurs propres enfants dont ils dévorent les âmes en croyant bien faire. L'école est devenue une part maudite de la société parmi tant d'autres, où le sacrifice des enfants les plus "faibles" est institutionnalisé, et tend à le devenir de plus en plus, comme dans tous les autres secteurs de la société, en voie d'atomisation et d'implosion finale. Et ce n'est pas toi avec tes petits bras qui pourras changer le cours des choses, c'est-à-dire de la transcendance, à laquelle tu te soumets aveuglément par crainte de perdre la spiritualité qui constitue ton moteur psychique.

Erwan Blesbois a dit…

Une précision : la trancsendance autrefois en France, était dévolue à l'église catholique. Mais le monde des choses est passée sous l'autorité des sciences et techniques et du travail. Mais ce que ne savait pas ce nouveau monde transcendant, c'est que la religion constituait sa base spirituelle, et qu'en la détruisant, plus rien ne pourrait s'opposer au déchaînement de la violence, c'est-à-dire du Sacré.

Erwan Blesbois a dit…

L'ÉCOLE est par essence le monde de la transcendance, c'est pour cela qu'il faut la resanctuariser et la protéger de la violence du Sacré, comme l'influence des parents, mais aussi de la sexualité à l'école, et encore de la violence que l'on s'impose à l'école, comme la banalisation de l'usage de la drogue, le harcèlement est la face visible de la violence que s'imposent les enfants entre eux, privés de l'autorité du père, et livrés aux relations entre pairs. Dans l'idéal il faudrait supprimer la mixité à l'école et revenir sur la séparation de l'église et de l'Etat, et subordonner l'école aux valeurs de l'église, et à la valeur qui constitue son fondement : "tu ne tueras point." Faute de quoi l'école est devenue un lupanard où s'exerce la violence sacrée et immanente des enfants livrés à eux-mêmes ( lire "Sa Majesté des mouches"). Et que les lecteurs de ce blog ne viennent pas se plaindre que les profs font mal leur travail, il n'y a pas de bons et de mauvais profs, il n'y a que des profs impuissants privés de l'exercice légitime de l'autorité, au profit des valeurs de l'entreprise. Or ce n'est pas l'école qui doit être subordonnée à l'Entreprise, mais l'entreprise subordonnée aux valeurs de L'ÉCOLE. Contresens total du gouvernement Macron qui va encore faire baisser le revenu des profs, avec l'augmentation de la CSG, et le gel du point d'indice, sans parler du retour de la journée de carence. Pour Macron, les profs sont des pauvres comme les autres, qu'il faut punir, alors qu'il faut récompenser les "créateurs de richesse", en leur permettant de gagner encore plus d'argent, car ils sont SACRÉS !

Erwan Blesbois a dit…

Effectivement pour revenir à un ancien billet publié sur ce blog, il n'y a pas photo entre Jacques Brel et Bill Gates, Zuckerberg ou Elon Musk. Le premier ne veut plus rien dire à part à quelques vieux nostalgiques comme Emmanuel Mousset, qui je le répète est un inactuel, et un Homme du passé. Alors que les seconds, par leur accumulation phénoménale de richesses, inédite dans toute l'histoire humaine, expriment toute la violence du sacré, et sont déifiés de leur vivant, comme Pharaon : et j'en reviens à la structure pyramidale de la société... Quant au PS en France, on peut encore s'intéresser à lui comme ne cesse de le faire Emmanuel Mousset, en réalité fasciné par ce cadavre, en réalité parce que la mort est ce qu'il y a de plus sacré, étant la forme la plus pure de violence.

Emmanuel Mousset a dit…

A quelques détails et formulations prêt, je suis d'accord avec le commentaire précédent. J'ajoute que les momies égyptiennes m'ont toujours fasciné.