lundi 24 juillet 2017

Enfin les difficultés !



Emmanuel Macron n'a jamais connu d'"état de grâce". Cette expression d'origine théologique est stupide, même en métaphore. Dans notre société insatisfaite, si prompte à la déception et au mécontentement, aucun "état de grâce" n'est possible. L'expression, dans son usage politique, qualifie seulement une période exceptionnelle, celle qui a suivi l'élection de François Mitterrand : l'événement était si merveilleux pour les uns et si effrayant pour les autres que la France a vécu quelques mois en apesanteur. Mais rien à voir avec la situation actuelle, malgré sa singularité.

Emmanuel Macron a simplement connu, depuis un an, une montée en puissance qui lui a fait surmonter tous les obstacles, jusqu'à la victoire finale. Aujourd'hui, nous revenons en quelque sorte à la normale, c'est-à-dire aux difficultés, aux polémiques et aux résistances. Il aura fallu attendre deux mois pour que le vieux monde, qui n'est pas mort, se réveille et se rappelle à nous, pour que les médias cessent d'être complètement sous le charme. Il aura suffi d'un mauvais alignement, très temporaire, des planètes : la démission d'un général dans un pays qui aime bien les hommes à képi, la réforme de l'ISF et la réduction de l'APL qui font passer Macron pour un ami des riches et un ennemi des pauvres, quelques adhérents de la République En Marche qui se plaignent de leur mouvement devant la justice ...

Tout cela est assez banal et ne doit inquiéter aucun macronien : nous avons le pouvoir et la durée. Qui dit mieux, en politique ? Personnellement, je serais plutôt heureux : il n'y a de plaisir de la politique que dans l'affrontement. Soutenir quelqu'un quand tout va bien, ce n'est pas très intéressant. Mais être sur le pont quand le navire commence à tanguer, j'aime ça ( pas cependant jusqu'à provoquer des tempêtes artificielles). Aucune illusion : il faudra tenir bon pendant cinq ans, il y aura forcément des défections, des retournements, des trahisons. L'opinion publique est un monstre de versatilité, de faiblesse et d'égoïsme. Elle ne réagit que dans l'instant, souvent influencée par les mensonges : hier, c'était la suppression des APL ; aujourd'hui, c'est ce surréaliste "CAP mère de famille" qu'on prête à la ministre de l'Egalité entre les hommes et les femmes. Et demain ? Nous verrons bien, mais chaque jour aura au moins sa polémique, jusqu'au terme du quinquennat.

Que doit faire et être le macronien ? D'abord, ne rien laisser passer : rétablir partout la vérité. Ensuite, rappeler qu'une politique ne se juge pas sur une seule mesure à un moment donné, mais dans sa globalité et dans la durée d'un quinquennat. Et puis, cultiver en nous ces vertus qui sont bien souvent moquées par notre société de dérision, d'inconstance et d'immédiateté : la fidélité, la patience et la combativité. "Enfin les difficultés commencent" : c'est la réaction qu'on attribue à François Mitterrand, au soir de sa grande victoire du 10 mai 1981. Il ne le disait pas en gémissant, mais en jubilant. Que toute la République En Marche réagisse ainsi !

12 commentaires:

yvesgerin a dit…

Manu je vous découvre adore vitam éternel Vous êtes éternel donc ét j en suis heureux pour vous.

Emmanuel Mousset a dit…

Désolé de vous décevoir, Yves : je vous annonce que je suis un simple mortel.

Philippe a dit…

Dans l’une de ses pièces de théatre il me semble que Shakespeare fait dire à l’un de ses personnages quelque chose comme : « Dieu mes ennemis je m’en charge mais protège moi de mes ennemis ! »
La descente aux enfers de Macron dans le net, fabrique erratique des opinions publiques 2017, va avoir pour origine ses amis.
1-Lors de la « pantalonnade militaire » Macron avait mis de la pommade dans un discours interne à l’Armée sur l’irritation éventuelle des militaires … patatras … l’ineffable « Castaner à la perpétuelle barbe de 3 jours » …met de l’huile sur le feu ;
http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/07/21/castaner-au-figaro-villiers-a-ete-deloyal-dans-sa-communication_5163565_823448.html
je ne suis absolument pas sûr qu’en ces circonstances il ait été « porte parole » sinon de celle de son ego dont il semble bouffi !
2-De même cette grande gueule décérébrée à propos des malheureux 5 euros qui à son tour se chatouille son ego devant des journalistes.
http://actu.orange.fr/politique/baisse-des-apl-la-reaction-osee-d-une-deputee-lrem-fait-polemique-magic-CNT000000LgqP3.html
3-tout cela va faire boule de neige puis avalanche pour alimenter le dénigrement qui est la valeur sûre et dominante des « réseaux sociaux »
4-E Mousset c’est à vos « amis» qu’il faut vous en prendre !
Qu’ils la ferment un peu pour laisser ce jeune Président agir !

Philippe a dit…

évidemment .. "« Dieu mes ennemis je m’en charge mais protège moi de mes amis ! »

Emmanuel Mousset a dit…

Mes amis, je les défends, et les réseaux "sociaux" ont toujours été mes ennemis.

Philippe a dit…

Les réseaux sociaux vous n'y pouvez pas grand chose car ils vont dans le sens du dénigrement ... qui est souvent justifié ... les humains étant très médiocres dans leur ensemble … sexe et fric et inversement ...
Vos amis, pas tous tous très intelligents, même si une bonne mémoire leur a permis d'obtenir des diplômes, vous ne pouvez pas les empêcher d'alimenter par leurs bavardages les torrents de dénigrements … ce qui renvoie au paragraphe précédent !

Emmanuel Mousset a dit…

Votre remarque vaut pour la classe politique en général (hormis celle de haut niveau), qui n'est pas composée d'intellectuels. Mais est-ce que ça n'a pas toujours été, plus ou moins, le cas ?

Philippe a dit…

On ne peut être de "haut niveau" dans tous les domaines des connaissances humaines.
Pour cette raison toutes les composantes sociales et techniques de la société devraient être représentées, écoutées et entendues à tous les niveaux de gouvernance.
Que l’on soit Bac +10 ou analphabète on reste en dessous de la ceinture pour le sexe et la satisfaction de son appât du gain.
Mais évidemment cela est valable pour tous, pas seulement pour les politiques de toutes les boutiques, et jadis il en fût de même et demain aussi.

Anonyme a dit…

Je trouve le principe de réclamer ( pardon ne pas donner) 5€ par mois aux étudiants est très responsabilisant. Ils contribuent ainsi à l'effort national de réduction des déficits publics et donc au retour à plus d'emploi ( d'autres ont fait un an de service militaire, d'autres 3 ans de guerre...). Les couples de retraités en moyenne vont bien sortir en moyenne 100€ par mois de leur poche! Tous les étudiants ont des iphones et autres bricoles coûteuses non indispensables! De quoi s’inquiéter pour l'avenir de la solidarité dans notre civilisation!

Philippe a dit…

En Haut il n'y pas de solidarité, alors pourquoi y en aurait-il en Bas !
Les responsables de la crise financières de 2008 qui a fait d’énormes dégâts humains et financiers ont très peu été inquiétés aux USA.
Dans son livre « The Chickenshit Club » le journaliste Jesse Eisinger (Pulitzer 2011) estime que les magistrats feraient preuve de complaisance à l’égard de leurs camarades de l’élite américaine par solidarité, ils sortent des mêmes universités qu’eux.
Il ne voit pas d’autres explications qui tiennent la route !
Ce qui est valable aux USA l’est ici.
Les détenteurs de comptes non déclarés à l’étranger voient leur identité rester secrètes et ils bénéficient de « transactions » qui restent très secrètes.
L’égalité devant l’impôt, les taxes etc. est une chimère et cela fait longtemps que que c’est compris par le populo !
Alors çà râle … bof
Les retraités aussi râlent mais son inaudibles et puis ... bof !

Erwan Blesbois a dit…

Tout sacrifice que l'on demande désormais aux classes populaires et aux classes moyennes les plus défavorisées, est une forme de mise à mort symbolique, ou encore de "petite mort" qui suit tout rapport sexuel. Il s'agit d'une réapparition du sacré, qui avait été congédié du monde des choses, du monde profane. Ce sacré s'exerce sous la forme d'un sacrifice (notion largement vulgarisée par Balladur) des classes les plus défavorisées et fragiles, pour assurer la cohésion du Clan : les classes les plus favorisées des grands centres urbains, qui ont très massivement voté pour Macron. Je rappelle que les salaires des classes favorisées n'ont jamais été aussi élevés, et la fortune des oligarques qui contrôlent les médias et l'opinion, aussi colossale, ni le salaire des footballeurs, pour prendre l'exemple le plus emblématique de l'univers sportif aussi scandaleusement énorme. Pourtant à eux on ne demande ni sacrifice ni efforts, parce que c'est ainsi que fonctionne le pays, sous le mode de l'économie libérale. Mais aussi peut être encore plus important, dans le cadre d'une économie libidinale, qui déchaîne sa violence sacrificielle, contre les classes les plus défavorisées du pays. Pour l'instant silence radio dans les médias, sur toute forme d'amorce de contestation des mesures prises. "Mais puisque l'on vous dit que tout va mieux avec Macron". Ne réfléchissez pas surtout, obéissez, consommez... Le pouvoir se charge de votre "bonheur", comme dans "Le meilleur des mondes" ou "1984", c'est-à-dire des formes de dystopie, quand la société est rendue incapable... à l'échelle mondiale, par une économie d'accumulation, sous le principe du sentiment d'avarice "which rule the World", s'avère incapable de se projeter dans la moindre utopie future.

L W a dit…

En Haut il n'y pas de solidarité, alors pourquoi y en aurait-il en Bas !
En effet !
Et les belges sont donc des sots pour avoir choisi leur devise nationale? N'est-il pas ?
Et les polonais de Lech Walesa ?
Et les caisses du temps passé en vue des contestations syndicales ?
Et tant qu'à faire à bas la sécurité sociale et vive le chacun pour soi, non ?
Et vive les jaunes !
En vérité, si vérité, il peut y avoir, comme bien des penseurs ont déjà pu le dire, la(es) cause(s) du malheur humain, c'est l'argent, l'appât du gain la ségrégation par la fortune.
Les mondes animal et végétal ne souffrent pas de ces ségrégations précitées.