dimanche 30 juillet 2017

Consultation en ligne



L'édition de vendredi dernier du Courrier picard a eu une bonne idée : retourner voir les candidats aux dernières législatives dans notre circonscription pour savoir ce qu'ils sont devenus et ce qu'ils comptent faire maintenant. C'est important : viennent-ils quémander nos voix au moment de l'élection, puis silence radio jusqu'au prochain scrutin ? Ou bien sont-ils investis dans la durée, soucieux de suivre les électeurs et de préparer une prochaine échéance ?

Ce qui m'intéresse dans l'exercice, c'est sa spontanéité : le candidat est appelé, on l'interroge, il répond tout de suite. Pas le temps de préparer un discours, aucun élément de langage : la vérité toute crue ! A Saint-Quentin comme ailleurs, les politiques le savent et le redoutent : ils préfèrent connaître d'avance la question du journaliste et mitonner une réponse aux petits oignons. C'est pourquoi il arrive que leur téléphone reste silencieux à l'appel de la presse, qui devra se contenter de préciser que les concernés sont mystérieusement "injoignables". Pour des responsables qui vivent en permanence avec leur portable, qui couchent même avec, ça la fiche mal et ça ne trompe personne.

Ceux qui se risquent à se confier le feront souvent tout en retenue, en demi-teintes : la sincérité n'est pas la vertu la mieux portée en politique. Fort heureusement, le docteur Freud nous a appris que l'inconscient s'exprime malgré nous, que le refoulé finit par percer, que les lapsus révélateurs et actes manqués traduisent ce qu'on n'ose dire ouvertement, pourvu qu'on sache les décrypter à travers les paroles. C'est ce petit travail auquel je vais me livrer, une consultation en ligne en quelque sorte, à partir des déclarations au Courrier picard, bien que n'étant pas le psy de la classe politique locale.

Corinne Bécourt (PCF rebelle) : "Nous voulions faire entendre notre voix, nous ne laissons pas notre place". Mais ne pas laisser sa place à qui ? A la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon bien sûr, que Corinne déteste. Au PCF officiel, que Corinne déteste encore plus, demandant la démission de son secrétaire national, Pierre Laurent, critiquant sévèrement son candidat local, Michel Magniez (EELV, soutenu par le PCF).

Karl Pincherelle (PS) : comme il travaille à Bruxelles auprès d'un député européen, la question est de savoir si on le reverra à Saint-Quentin. Réponse : oui, il assurera une "petite présence". Traduction : il ne sera quasiment jamais là. Et pour les municipales ? "Je ne peux pas dire que j'y pense, mais on y pense". Beaucoup de pensées, dans tout ça. Mais pour dire quoi ? Il ne pense pas personnellement aux élections locales, mais on y pense pour lui, je suppose. C'est sans doute ce qu'on appelle l'intelligence collective, peut-être même l'intelligence artificielle, très à la mode depuis quelques années.

Paul Gironde (MoDem et LREM, non officiel) : "J'ai été très déçu et très mécontent", évidemment de n'avoir pas été validé par les instances de ces deux mouvements. "L'objectif d'En Marche ! à Saint-Quentin, ce sont les municipales". Mais oui, Paul, on y sera, officiellement cette fois, d'une façon ou d'une autre. Reste à savoir laquelle ...

Michel Magniez (EELV) : "Il faut d'abord tirer le bilan de ces dernières élections". Oui, mais lesquelles ? En ce qui me concerne, je demande, pour la gauche locale, ce bilan depuis une dizaine d'années. Il n'est jamais fait. Ou s'il est fait, il ne porte pas à conséquence, et c'est comme s'il n'était pas fait. Bilan rétroactif donc, avec d'importants arriérés : y'a du boulot, Michel !

Jean-Christophe Seube (DLF) : "Je n'ai pas fait un gros score mais je n'étais pas le dernier". Voilà qui dément toutes les accusations d'ambition forcenée qu'on prête à notre classe politique. Mais après tout, être le premier parmi les tout derniers, c'est déjà quelque chose.

Antonio Ribeiro (Front démocrate et écologique) : pour les municipales, "nous y pensons, mais rien n'est défini". Encore un qui "pense", avec du nous et pas du je, comme Pincherelle. Mais chez lui, rien n'est "défini". Traduction : il n'en sait rien, il attend de voir. Car la pensée consiste à "définir" rigoureusement ce qu'on va faire.

Belaïdi Lograda (sans étiquette) : "Tant que je ne vois pas de changement, je serai candidat". C'est une réponse ouverte, prompte à deux interprétations : avec Macron, il y a du changement, donc Lograda ne sera plus jamais candidat. Ou bien Lograda pense que le changement, droite ou gauche, n'est jamais à son goût et il sera candidat jusqu'à la fin de ses jours.

Fin de la consultation en ligne, gratuite et perfectible. Merci aux patients involontaires et encore bravo au Courrier picard.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Et la consultation des statuts , vous en êtes où ???

Emmanuel Mousset a dit…

J'ai voté, dès le premier jour. Pour les statuts, bien sûr. Leur adoption fera de LREM le mouvement le plus démocratique de France.

E M a dit…

Il est surprenant d'avoir pu lire que ce mouvement qui pense devenir parti ne réclame pas de cotisation à celles et ceux qui désirent en être membres.
J'ai souvenir que la loi dite de 1901 déclare que pour être membre d'une association il est nécessaire de régler la cotisation (dont ne peuvent être exonérés par la suite que des membres en remerciement pour actions particulièrement signalées, ce par décision du conseil d'administration).
Alors, "En Marche" une association dans les clous ou hors les clous ?

Emmanuel Mousset a dit…

Si EM était "hors des clous", comme vous dites, sachez bien que ses adversaires nous l'auraient fait savoir dès le premier jour.

E M a dit…

"...sachez bien que ses adversaires nous l'auraient fait savoir dès le premier jour..."
Pas nécessairement s'ils jouent tous au petit jeu du "tu me tiens par la barbichette mais je te tiens également par les rouflaquettes"...

Emmanuel Mousset a dit…

A ce compte-là, personne n'affronterait personne en politique, ce qui n'est pas le cas.

E M a dit…

A ce compte-là, personne n'affronterait personne en politique, ce qui n'est pas le cas.
Ah ? Quels sont vos arguments sur cette question ?
Quand on suit un peu les débats que diffuse (et merci à elle), la chaîne parlementaire Public Sénat que pour ma part je trouve la plus informative de toutes et donc la moins polluée (bien que pas toujours) par la communication, plaie de notre temps, on voit bien les mécanismes qui font apparaître tel ou tel sénateur (M Labbé pour n'en citer qu'un ou Mme Lienemann pour n'en citer qu'une autre comme de simples demeurés face aux savantissimes représentants des diverses commissions ou du gouvernement omniscients personnages capables de concevoir le bien alors que tous les autres ne sont que vulgaires incapables de voir plus loin que le bout de la lorgnette de leurs convictions.
Quels sont vos arguments cher E M ?

Emmanuel Mousset a dit…

Pas besoin d'arguments, vous les avez donnés : Labbé et Lienemann sont en effet des "demeurés" et de "vulgaires incapables" (je reprends vos propres termes). Mais c'est un peu facile de votre part : vous êtes allés chercher des inconnus dont il suffit de voir les gueules pour avoir tout compris.