samedi 8 juillet 2017

Berrichon contre Parigot


Le Parti socialiste s'est réuni aujourd'hui pour entamer sa difficile reconstruction. Mais il est à craindre que le douloureux travail de deuil ne soit pas terminé. Que retient-on de cette réunion ? Que le PS n'a plus de chef, mais s'est donné un collège de ... 28 dirigeants. Moins il y a d'électeurs et de militants, plus il y a de responsables nationaux. Aucun leader d'envergure, à l'exception notable de Julien Dray, porte-parole parmi d'autres.

Pierre Moscovici, qui est un socialiste avisé, a pointé récemment le risque que court le PS : la "dérive gauchiste". Moins on est nombreux, moins on a d'espoir, plus on se replie, plus on se radicalise : c'est la tentation sectaire. C'est ce que le PS devra conjurer. Ce sera d'autant moins facile que le ver est dans le fruit, depuis plusieurs années : surenchère, extrémisme, gauchisation sont déjà à l'œuvre.

Je prendrais un exemple que je connais bien : la 3ème circonscription du Cher, là où je suis né et que je continue à observer. Le député socialiste est connu : c'est Yann Galut, plein d'entrain, un type qui bosse, qui est très présent sur le terrain, mais qui se laisse hélas aller à des propos excessifs, radicaux, gauchos. Pendant la campagne, il a traité le candidat de la REM de "candidat de la mondialisation financière ultra-libérale, des métropoles et des grandes régions" (on se demande pourquoi : dans la circonscription, il n'y a que des petites villes et des villages).

Galut a pratiqué une politique dans laquelle les Français ne se reconnaissent plus : celle de l'insulte gratuite, du soupçon, de l'a priori. "Député en carton-pâte", "élu godillot et béni-oui-oui (...) qui votera sans états d'âme toutes les lois de régression sociale". En plus, c'est très maladroit : Galut voyait déjà son adversaire gagnant !

Mais il y a pire : le socialiste, contre le marcheur, a joué la fibre locale, le chant du terroir, l'air des "imbéciles heureux qui sont nés quelque part", qui s'en vantent, qui en sont fiers, qui en font leur supériorité et que Georges Brassens a si bien dénoncés dans sa chanson. Galut a lancé le combat du Berrichon contre l'étranger (voir son tract en vignette). Mieux (ou pire) : du Berrichon contre le Parisien. il s'est attaqué à "un candidat qui habite, travaille et vote à Paris ... Un candidat qui découvre les réalités du Cher et ne les défendra pas face au gouvernement". Ce qui ne manque pas de sel, c'est que Yann Galut est très souvent à Paris, invité des plateaux de télévision ! Franchement, un socialiste ne devrait pas reprendre cet argument-là, celui du terroir contre la capitale, qui appartient traditionnellement au registre de la droite.

Résultat : Yann Galut a été battu de peu, mais battu quand même. Parigot, tête de veau ? A moins que ce ne soit Berrichon, tête de con


PS : toutes les citations sont tirées du tract de Yann Galut en vue du second tour.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Votre analyse de l'échec de Galut est bonne mais à mon avis pas suffisante. Il faut y ajouter:
-sa présence dans les médias mais son absence sur le terrain sauf pendant la campagne électorale où il a saturé les saint amandois.
-sa complicité avec le maire LR de la ville devenue trop voyante même s'il a fait encore un score honorable (bien qu'anormal) sur la cité de droite.
-le "Marcheur" n'a pas répondu aux attaques condescendantes du sortant. Il a creusé son sillon avec simplicité, honnêteté, proximité et surtout loyauté à tous le programme Macron ( même sur les points les plus sensibles).
un 100 % Berrichon !!

Anonyme a dit…

Moscovici, socialiste avisé ? Non, un haut fonctionnaire néolibéral comme toute la droite. La fraction la plus droitière d'un parti qui se dit socialiste.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Aucune de mes analyses ne prétend à la suffisance. J'adhère à votre complément.

2- Mosco, haut fonctionnaire néolibéral de droite ? Vous êtes comme Lucky Luke : vous pensez plus vite que votre ombre.