vendredi 30 décembre 2016

Quand on parle du loup ...



On ne parle que de lui, dans l'Aisne, en cette fin d'année. Sa photo fait la une de la presse locale. Qu'est-ce qu'il est beau, le loup ! Il parait qu'il revient, qu'il s'installe dans le département. Un seul a été aperçu, mais c'est comme s'ils étaient des centaines, parce qu'un loup solitaire, ce n'est pas impressionnant, il faut la meute. Est-on bien sûr qu'il s'agit de lui ? Même pas ! Il y a une photo qui date de quelques mois, mais qu'est-ce que ça prouve ? Qu'est-ce qui ressemble plus à un loup qu'un chien-loup ? Et puis, il y a le renard, très différent, mais que les urbains que nous sommes peuvent facilement confondre avec le loup. Sans compter la fameuse histoire de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours et qu'il a pris pour un loup ...

Je ne sais pas si le loup est vraiment de retour. Au moins la nouvelle fait-elle parler. Surtout, elle inquiète, elle fait peur. Les spécialistes ont beau nous dire que le loup n'est pas dangereux, que sa cruauté n'est qu'une fable, que c'est lui qui craint les hommes, on a du mal à le croire. Le loup, c'est notre lion. Son évocation rappelle le Moyen Age. Dans une société moderne, les loups ont disparu. S'ils reviennent, c'est une preuve supplémentaire de régression, de décadence. Après le chômage, la pauvreté, les injustices, il ne manquait plus que ça : les loups ! Il faut que nous allions très mal ... L'animal est associé aux grands froids, dont nous avons horreur. Victimes, nous l'étions, de toute sorte de façon : maintenant, c'est à cause du loup. Promenons-nous, dans les bois ... : même ça, nous ne pourrons plus le chanter. Mais que font les autorités pour nous protéger des loups ? Qu'attendent-elles pour agir ?

Vous devez le sentir : je ne crois pas trop à cette histoire de loup. C'est une légende urbaine en pleine campagne. En revanche, toute rumeur, quoique fausse, a un sens, veut dire quelque chose. A propos de ce loup axonais, j'ai tout de suite pensé à la chanson de Serge Reggiani : les loups sont entrés dans Paris ... Oui, chez nous aussi, dans l'Aisne, les loups ont envahi nos villes et nos villages, depuis quelques années. Ils montrent les griffes et les crocs, attaquent à la moindre occasion, dénoncent l'insécurité qu'eux-mêmes provoquent par leurs discours.

Il y a quelques jours seulement, en pleine ville, à Saint-Quentin, les loups diffusaient un tract alarmiste et mensonger. Les loups sont entrés dans nos conseils municipaux. Dès qu'ils voient une porte ouverte et de la lumière, ils en profitent. Leur seul objectif, c'est de répandre la peur, c'est de crier au loup ! au loup ! Dans la panique, ils savent qu'ils y gagneront quelque chose. Les loups comptent sur notre indifférence. Ils tentent de laisser croire qu'ils ne sont pas si méchants que ça, puisque les spécialistes le prétendent, que c'est une peur d'enfant de les craindre et de les fuir.

Non, je persiste à penser qu'ils sont très dangereux. Leur proie préférée, c'est l'étranger : lui, forcément, les loups l'agressent et le dévorent, dès qu'ils peuvent. C'est irrationnel, instinctif : ils ont ça dans le sang, depuis des millénaires, ce sont des prédateurs. Ils ont limé leurs canines, adouci leurs inquiétants yeux jaunes, ils font patte de velours, lustrent leur pelage, mais un loup reste un loup. Il me trouvera toujours devant lui pour le traquer. Car je dois vous le dire : je suis un chasseur de loup.

7 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

Est-ce que tu ne serais pas de ces gens qui disent constamment "il faut positiver" ?
Bon tu es optimiste, c'est dans ta "nature" dis-tu, donc tu n'as pas à te forcer puisque tu ne contraries pas ta nature. Mais es-tu du côté des progressistes qui ne jurent que par l'innovation et qui estiment qu'au fond les migrants et les réfugiés valent mieux que les autochtones, car ils représentent la nouveauté et la richesse du bilinguisme notamment ?
Les progressistes de cette trempe ne veulent pas voir tout l'aspect destructeur qu'engendre fatalement l'innovation, du titre d'un livre de Luc Ferry intitulé L'innovation destructrice, en référence à la notion que Schumpeter a appelé "la destruction créatrice".
Où tu situes-tu dans cette appréciation du progrès ? Du côté des dogmatiques, qui n'éprouvent en réalité aucune émotion pour le sort des migrants ou des réfugiés, et n'y voient que le mouvement du progrès qu'il faut accompagner ? Ou bien es-tu plus nuancé, et éprouves-tu encore des émotions pour tes vieux compatriotes de longue date ? Ou bien encore, éprouves-tu des émotions pour tout le genre humain indépendamment de ses origines et indépendamment du mouvement du progrès ? Mais alors tes émotions pourraient apparaître comme suspectes aux yeux d'un authentique progressiste qui te reprocherait de faire preuve de sentimentalisme, et peut-être même de mauvaise foi quand tu te prétends être un justicier au fond qui combat les "loups" et protège les faibles.
Quant à ta nature optimiste c'est une bénédiction par les temps qui courent, et tu as raison d'accepter ce rôle que t'a confié la providence de tracer une voie d'espérance pour ton prochain, en dépit d'un contexte qui peut sembler aux yeux des pessimistes, défavorable. Si l'on compare objectivement la situation actuelle à d'autres époques, notre époque n'est peut-être pas effectivement la pire ni la meilleure ; ou alors cela a toujours été à peu près pareil, ni meilleur ni pire, puisqu'en dépit de l'évolution de la technologie la nature humaine elle ne change pas...

Erwan Blesbois a dit…

...En politique tu as fait le choix cohérent avec ta nature d'accompagner les partis qui veulent faire évoluer les choses au moyen de réformes, sans essayer de changer la nature humaine comme l'ambitionne a contrario tout projet révolutionnaire. Ainsi donc te positionnes-tu du côté de la non violence, et sur ce point je suis en accord avec toi tu as fais le bon choix. La nature humaine n'est effectivement pas modifiable. L'Homme moyen d'aujourd'hui est comparable concernant ses émotions à un Homme de Cro Magnon. Par contre elle est éducable, et l'Homme de Cro Magnon ne disposait pas des moyens d'éducation dont nous disposons.
Cependant je crois que les choix de la modernité sont de mauvais choix pour la nature humaine, à l'échelle de l'évolution d'un Homme tout au long d'une vie. A l'échelle d'une vie un Homme est perfectible, mais cette perfectibilité ne se transmet pas de manière héréditaire car elle n'est pas innée mais est toujours acquise.
Les choix de la modernité qui encouragent l'innovation et son corollaire la destruction, développent les plus mauvais instincts de l'être humain et se fait au détriment de la mémoire, de l'identité et de la culture. Mais surtout le plus grave au détriment de la transmission aux génération futures. Or tout progrès de la nature humaine se fait tout au long d'une vie et ne se transmet pas de façon héréditaire, mais au moyen de l'éducation et de la culture. C'est bien cela le plus gros point faible de notre civilisation, qui en fait un colosse aux pieds d'argile. Car désormais elle néglige l'éducation, la mémoire et la culture, au profit d'un esprit d'innovation qui fait constamment table rase du passé. Au point que la mémoire de nos contemporains se rétrécit de façon dramatique et ne couvre même plus l'espace d'une vie, mais des fragments de vie qui s'articulent entre eux de façon de plus en plus incohérente.
Car l'innovation destructrice ne détruit pas seulement des objets comme tu le déplores, mais elle détruit ce qui est bien plus grave et problématique la mémoire à l'échelle d'un Homme et de l'humanité.

Le futur a dit…

Je pensais que vous parliez de vrais loups au début...
C'est parce-que moi je les appelle les bactéries.

Anonyme a dit…

Vous ne pensez pas que c'est insulter le loup animal fier ... En faisant ces comparaisons vaseuses et noséabondes ...

Anonyme a dit…

J aime bien cette histoire de loups et celle des objets qui meurent, bravo EM, CM

Philippe a dit…

Sourions en cette fin d’année ...
D’habitude dans nos campagnes ce sont les dames qui saluent l’arrivée au « club » de l’une d’entre elles en signalant : « elle a vu le loup ».
Avec le loup notre ami s’est aventuré, semble-t-il, sans le savoir, à l’orée de l’origine du monde de Gustave Courbet.

L a dit…

La comparaison n'est dit-on pas raison mais là, M Mousset fait ce qu'il faut pour nous amener là où il désire que nous allions : une certaine responsable politique comme louve, cheffe de meute (comme dans la vraie vie de ces canidés sauvages) chassant ou plutôt rabattant les proies l'une après l'autre entre les pattes, les griffes et les dents de la meute comprenant quelques loups plus ou moins jeunes ou plus ou moins vieux, d'autres beaucoup plus jeunes aux dents bien aiguisées et aussi plusieurs louves et louvettes - dont une blonde de fort belle apparence pour attirer les électeurs perdus comme une antique déesse attira Ulysse.
J'aime bien la faune sauvage mais ma mère comme l'auteur du petit chaperon rouge m'ont bien averti : il faut se méfier du loup !
Et de la louve !