lundi 19 décembre 2016

Chez nous et dans le monde entier



Je reproche parfois aux Saint-Quentinois de ne parler qu'aux Saint-Quentinois. C'est le syndrome de l'indigène, propre à bien des villes françaises. Eh bien non : il n'y a pas que les gens du cru, les artistes bien de chez nous qui comptent. Une cité doit s'ouvrir à l'étranger, à ceux qui ne sont jamais venus ou qui passent simplement et qui marquent.

Ma collègue du lycée Henri-Martin Catherine Le Beguec n'est pas saint-quentinoise d'origine, pas plus que son père, Jacques Soisson, disparu en 2012, qui ne s'est arrêté dans notre ville qu'une fois, un seul jour, il y a 40 ans. Mais elle a choisi d'y travailler depuis 1980 et d'y rester pour sa retraite, quand tant d'autres recherchent le soleil du midi. Et son père ? C'était un artiste international, peintre, sculpteur et graveur, qui a exposé dans le monde entier, qui s'était lié d'amitié avec Jean Dubuffet, Françoise Dolto et Marguerite Duras.

Catherine a voulu lui rendre un hommage mérité et le faire connaître aux Saint-Quentinois, à la Galerie Saint-Jacques. Art brut et art thérapie (pour les enfants malades), peintures mexicaines et personnages totémiques, c'est l'exposition à voir durant ces vacances. Son titre : L'imaginaire fragmenté, Jacques Soisson, jusqu'au 26 février.

15 commentaires:

Anonyme a dit…

Enfin vous vous cultivez !!!

Emmanuel Mousset a dit…

Vous vous trompez : je ne suis pas un "cultureux", l'art n'est pas ma tasse de thé. Je vais simplement là où c'est intéressant, où il y a quelque chose à dire aux lecteurs. J'irai de la même façon vous parler d'une exposition de tracteurs.

Maxime a dit…

Heureusement parce qu'un passionné d'art ne peut que devenir fou à Saint-Quentin, où le niveau culturel est proche du zéro absolu...

Emmanuel Mousset a dit…

C'est injuste de dire ça. Ou alors plein de ressentiment.

Philippe a dit…

« Quand j’entends le mot culture je vois des champs, des bœufs, une alouette, une belle fermière » Louis Scutenaire

Erwan Blesbois a dit…

Maxime, je vous conseille la lecture de l'ouvrage de votre professeur de philo consacré à Saint-Quentin, Les "Saints-Quentinois sont formidables", apparemment votre terroir local regorge de vie intellectuelle, culturelle et politique... A condition de s'impliquer à l'instar de votre prof. Mais il faut pour cela du temps, de la patience, de la persévérance, et une bonne position sociale susceptible de vous ouvrir toutes les portes. Après comment expliquer cette passion de l'implication de la part de notre ami philosophe ? Peut-être parce que comme il le dit lui-même il est nietzschéen, et que ce dernier préconise de faire en sorte pour chacun, que sa vie ne soit pas "un préjugé de faible", et cela ne peut venir que de soi, pas des autres. De plus Emmanuel n'est pas un "tendre", je me rappelle encore de la façon dont il marquait son territoire à la Sorbonne, quelquefois, ça déménageait un peu (j'étais à l'époque bien trop "sensible"). Emmanuel c'est un peu un personnage tout droit sorti d'un film de Scorsese, un peu voyou, un peu violent (moralement, jamais physiquement, il répugne à toute violence physique), aimant avoir des adversaires plus que des amis d'ailleurs, mais toujours dans le respect des règles et de la loi républicaine. Emmanuel est un ambitieux, un "dur", c'est effectivement un personnage à contre courant, "mécontemporain", dans notre époque si encline au consensus mou, au compromis qui rime avec compromission, à la psychologisation qui rabaisse chacun à son individualisme et à son égoïsme. Pour toutes ces raisons, Emmanuel Mousset n'est pas un contemporain, il est aussi le fruit d'une époque où l'idéologie du libéralisme n'avait pas ravagé encore, cette belle idée du socialisme, qui est que les Hommes à plusieurs peuvent faire mieux que lorsqu'ils sont isolés (par le pouvoir de façon délibérée, un "complot" idéologique de la part de ceux qui se disent appartenir au "cercle de la raison", et qui pensent que globalement les Hommes ne sont pas raisonnables et ne souhaitent pas faire le pari de leur éventuelle éducation collective à la raison). Comme je l'ai déjà dit (mais tout le monde s'en fout, j'en ai conscience), le retour aux sources adam smithiennes engagé dans les années 80, est responsable de la mort (espérons le provisoire), de son père spirituel : l'idéal des lumières. Et nous vivons une époque de sommeil de la raison qui engendre fatalement des monstres, comme le populisme. Même si ce dernier en tant qu'il exprime une aspiration des peuples à retrouver leur souveraineté politique et donc spirituelle, ce qui est la véritable définition de la démocratie, est préférable, et même largement plus souhaitable, que la fuite en avant dans l'ultralibéralisme. Ultralibéralisme, dont le conflit autour des VTC et leur employeur Uber (dont le propriétaire possède quand même 6 milliards d'euros environ), n'est que l'un des nombreux avatars ; genre de conflit d'un type nouveau amené à se généraliser dans l'avenir, si nous ne rompons pas de façon radicale avec ce modèle oligarchique et profondément injuste dans ses fondement idéologiques (adam smithiens, je le répète)...

Erwan Blesbois a dit…

...L'enjeu spirituel de demain va être selon moi de fournir une idéologie et une assise intellectuelle et culturelle au populisme, plutôt que de s'opposer vainement et de façon non démocratique à lui, comme cela se passe actuellement aux Etats-Unis avec toutes les tentatives d'invalider une élection présidentielle qui fut démocratique. Tout comme le fruit du vote contre l'Europe des "technocrates", fut volé au peuple français (mais ce dernier a perdu toute capacité de révolte, en renouant avec un esprit de capitulation, propre au pétainisme). Et tout comme on essaya de voler au peuple britannique son vote pour la sortie de l'Union européenne, nommé "Brexit". On assiste aujourd'hui à la coalition des élites mondialisées et milliardaires, contre les peuples. Or les élites mondialisées et milliardaires sont selon moi les "ennemis du genre humain" et participent même à la destruction de la planète, dans l'appât du gain non régulé et non réglementé. Qu'il s'enrichisse outre mesure est un problème, mais que par dessus le marché ils contribuent à la destruction de la planète est criminel pour les générations futures, qui je le répète n'ont pas mérité ça, sont innocentes. Et pourtant nous faisons déjà peser sur leurs têtes le poids de nos crimes, ou plutôt le poids des crimes d'une oligarchie milliardaire, qui refuse toute régulation, toute limitation à l'économie de marché, donc à leur enrichissement personnel qui se fait de façon sauvage et... criminelle pour les salariés (cf le film La loi du marché, de Stéphane Brizé)
Ce que je préconise dans un premier temps, c'est un plafond décent d'enrichissement personnel, qui ne dépasse pas par exemple, 1000 fois un salaire minimum. Or pour l'instant avec Bill Gates, nous sommes dans un rapport de 1 à 70 000 000, et ce n'est pas fini, cela ne fait que croître d'années en années. Bill Gates sur le plan de la fortune personnelle pèse autant que 70 millions de smicards théoriques, soit la population environ d'un pays comme la France, si il n'était peuplé que de smicards. Or Bill Gates n'est pas un dieu, contrairement à ce qu'il voudrait nous faire croire et contrairement à ce que voudrait nous faire gober l'idéologie dominante (un libéralisme au carré), qui nous vient directement de la Silicon Valley, où les fonctionnaires faute d'avoir les moyens de se loger décemment, en sont réduis à dormir dans leurs voitures ou dans des tentes, pour servir d'esclaves à l'oligarchie des magnifiques et bientôt nous dit-on "immortels" (ce n'est pas une blague, c'est dans le programme du transhumanisme) milliardaires de cette zone (de non-droit ?). Tant que les gens accepteront ça, tant qu'ils se conduiront comme des moutons, ils seront dans un rapport de servitude volontaire à l'oligarchie.

Maxime a dit…

J'ai souvent eu l'occasion d'aller à Paris lorsque j'etais plus jeune et j'y vis depuis deux ans. Ceci explique peut-être cela...

Maxime a dit…

J'ai lu une bonne partie de son livre lorsque j'etais son élève. C'était drôle si mes souvenirs sont bons. Mais la vie culturelle intense de Saint-Quentin, j'ai du mal à la discerner. Quand 90% de la population pense que Beethoven est un chien ça part déjà mal me direz-vous...

Emmanuel Mousset a dit…

Ah ! Paris. J'y ai vécu 14 ans. La plus belle ville du monde ! Si l'occasion se présentait, j'y retournerais volontiers ...

Maxime a dit…

Je ne vois pas ce que vous trouvez à Saint-Quentin... personnellement je sautera sur chaque occasion pour partir à Paris.

Emmanuel Mousset a dit…

Il faut de tout pour faire un monde, Maxime.

C a dit…

Il faut vous résigner, cher E M, Saint-Quentin est peut-être au maximum juste à votre pointure !
Paris ? Cela vous chausserait trop grand !
Vous risqueriez de ressembler à ces coureurs kényans qu'on voit participer de ci delà à des épreuves de course à pied avec des chaussures, des culottes et des chaussettes trop grandes pour leurs mollets, leurs fesses et leurs pieds !
Et les voir passer allègrement, flottants dénudant les fessiers, chaussettes retombant sur les talons et chaussures comme des barquettes, c'est troublant comme un malaise même si ces sportifs ont fière allure, noirs devant les blancs locaux.
Vos dithyrambes saint-quentinois à propos des présumées "personnalités" locales aussi, nous troublent pareillement...
Comment peut-on être du P S et écrire cela, noir sur blanc ?
A lire E M, nos "élites" de la cité des pastels sont de calibre au minimum "considérable".
Tant mieux pour eux.
On n'est pas forcé de souscrire à cela...

Erwan Blesbois a dit…

Au moins Emmanuel Mousset existe-t-il à Saint-Quentin ! Qui "existe" encore à Paris, y est autre chose qu'un spectateur. Paris c'est bien pour y faire ses études, pour faire des visites, se cultiver, hormis cela, c'est devenu une ville snob, un refuge pour bobos hautains et vains, ou baby boomers qui ont acheté quand l'immobilier valait une bouchée de pain. Aujourd'hui Paris ne signifie plus rien, ne représente plus personne d'authentique, de populaire, mais que de l'artificiel, du toc... Descartes ne pourrait plus faire l'expérience de son fameux cogito à Paris, mais peut-être que si à Saint-Quentin : "j'y suis, j'y existe".

Q a dit…

"j'y suis, j'y existe"...
Un autre aurait dit : "J'y suis, j'y reste"...
Mais pas E M car il s'est mis en route : il marche...
Mais vers où ?
A droite toute...
C'est déjà ça : le commandant du Titanic avait fait barre à gauche toute avant que de couler.
E M va tenter la manoeuvre inverse.
Résultat de la marche dans cinq mois...