jeudi 29 décembre 2016

Avis de décès



J'ai appris ce matin à la radio que certains objets de notre quotidien allaient disparaître, puisque la loi ou leurs constructeurs en avaient décidé ainsi en 2016, pour le bien de tous. La mort des objets est aussi regrettable que celle des hommes. J'aimerais rendre hommage à quelques-uns d'entre eux.

Le train du nuit. Il n'est plus rentable, ni assez fréquenté. Mais il me manquera. Non pas que je l'utilisais : la nuit est faite pour dormir, pas pour voyager. Justement ! Je trouvais plaisir, dans mon lit, en demi-sommeil, à écouter le bruit de ce train. Je ne peux pas expliquer pourquoi, comme quand on trouve quelque chose de bon. Vous me direz peut-être que je me rattraperai avec les trains de marchandise, qui font le même bruit quand ils passent dans la nuit. Non, l'impression est très différente : on ne songe pas aux voyageurs ...

Le sac en plastique. Selon les régions, on l'appelle poche, pochon, bourse ... C'est l'objet le plus pratique qui existe au monde, lorsqu'on revient de faire ses courses. Le plastique, c'est bien, c'est souple, c'est résistant. Pas comme le sac en papier, ou alors le carton encombrant. Pire : le ridicule caddie en tissu ... Et tout ça pour lutter contre la pollution ! Je n'ai jamais rien pollué avec mes sacs en plastique, je suis toujours resté très propre !

Le coton-tige. Il parait qu'il n'est pas hygiénique, qu'il pousse la crasse dans le conduit de l'oreille au lieu de l'extraire ! C'est trop tard : je m'en sers depuis 50 ans ! Sans lui, mes oreilles sont orphelines. Par quoi le remplacer ? Il est irremplaçable. Je ne vais quand même pas laver mes trous d'oreilles avec des injections de je ne sais quel produit ! Une boite de cotons-tiges dans une armoire de salle de bain a quelque chose de rassurant. C'est fini.

La vaisselle jetable en plastique, celle des plateaux-repas ou des pique-nique. Pratique elle aussi, légère, toute simple, modeste, transparente, moderne. C'est la vaisselle des vacances, des sorties, de l'été. C'est la vaisselle anti-vaisselle, puisqu'il n'y a pas besoin de la nettoyer. Elle cassait facilement, surtout les dents des fourchettes. Mais c'était son seul inconvénient. Sacrifiée, elle aussi ! Retour à la vaisselle bourgeoise, lourde, précieuse, prétentieuse.

Le magnétoscope. On ne s'en servait plus, me direz-vous. Oui, mais nous nous en sommes servis, longtemps. Il nous a procuré de nombreux moments de bonheur. Mais voilà : nous brûlons ce que nous avons adoré, nous sommes adultères. Pourtant, mon chagrin est moins fort pour celui-là que pour les autres : je suis persuadé qu'on le reverra, comme aujourd'hui le tourne-disque, l'électrophone.

Autrefois, les objets usuels traversaient les siècles et même les millénaires, avec seulement quelques petites modifications. Le paysan sous la Révolution française était à peu près entouré des mêmes objets que le paysan sous l'Antiquité romaine. Je crains qu'on ne paie très cher, un jour ou l'autre, notre infidélité aux objets et leur mise à mort.

12 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

Un progressiste nostalgique, ah ben nous v'là beaux !!!

Philippe a dit…

Pour le coton-tige il semble que ce soit celui en "plastique" donc il y aura un probable retour au bois pour le porte coton ... E.M. il ne faut donc pas désespérer !

Emmanuel Mousset a dit…

1- La nostalgie n'est plus ce qu'elle était.

2- Votre information ne me laisse pas de bois.

Anonyme a dit…

Vous êtes loin des analyses produits ou scientifiques , revenez sur notre bonne vieille terre ; le cabas de la grand mère en textile et qui durait dix ans ou le panier en osier de la bobo d'une grande durée aussi c'était ni ringard ni génial MAIS une fois usé c'était du biodégradable rapide ... Le fameux sac plastoc que vous idolâtrez , porte déjà le logo de la multinationale qui vous pompe votre fric , il pompe du pétrole pour sa fabrication et pour l'instant il est faiblement recyclable et pratiquement pas biodégradable , en plus il vole comme un rouge gorge et pollue les champs et toutes les villes !! Merci de vous convertir au développement durable ....

Emmanuel Mousset a dit…

Le sac en plastique "qui vole comme un rouge gorge" : merci pour ce moment de poésie. Quant à la pollution, ce sac n'y est pour rien, quand on le laisse soigneusement plié dans un tiroir. Vous n'aurez pas ma conversion !

Le futur a dit…

Quand il est craqué, ce sac vous le mettez à la poubelle.
Et ça finit dans les océans.
Et ça se craque facilement en plus.

Anonyme a dit…

la vaisselle bourgeoise c"est comme les assiettes en plastique :
on s'en passe très bien en mangeant avec les doigts, il suffit de se
rincer les doigts avant et après manger.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Le fond de ma poubelle ne va jamais dans les océans, mais à la déchetterie, où il est trié, recyclé ou détruit.

2- A Djibouti, j'ai mangé avec les doigts, mais je n'aime pas trop ça.

Anonyme a dit…

Il faut vous poser les bonnes questions ?? Qui a lancé les sacs plastiques...... Les grandes surfaces . Mais on va s'en passer ... Alors utile ou inutile ???

Emmanuel Mousset a dit…

Mon épicier aussi donnait des sacs plastiques.

Anonyme a dit…

Si ma tante aussi en avait .....

Emmanuel Mousset a dit…

Non, ma tante n'en a jamais eu, alors que mon épicier, oui !