lundi 26 décembre 2016

Abbé François et président Hollande



Michel Sapin a eu hier une étonnante prédiction : la popularité de François Hollande atteindra bientôt celle de l'abbé Pierre ! Le rapprochement est bien sûr osé, risqué, et le pronostic incertain. Ne faut-il pas mettre ce propos sur le compte de la magie de Noël ? Les croyants parleront de miracle, les fêtards évoqueront l'ivresse de la fête. Sapin est un proche du président, un grand ami d'il y a longtemps. Qu'il aime que son ami termine le quinquennat auréolé de sainteté politique est normal.

De fait, la popularité de François Hollande s'est nettement améliorée depuis sa décision de ne pas rempiler : 20% de satisfaits, alors qu'il était tombé sous la barre des 10%. Bien sûr, il reste encore une marge énorme avant d'atteindre la popularité record de l'abbé Pierre, qui s'élevait à 80%. Mais il reste quatre mois : si l'on fait un rapide calcul de temps et de proportions, c'est jouable. Et puis, des événements inattendus peuvent aussi aider à redonner du prestige à notre président. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises.

C'est d'ailleurs une loi générale de la vie politique nationale : le degré de popularité suit le degré d'inaction. Les politiques les plus appréciés sont ceux qui ne font pas de politique. Un homme de pouvoir est au faîte de la gloire quand il n'a plus le pouvoir. C'est bizarre mais c'est ainsi. C'est pourquoi les plus malins, dans l'activité politique, se gardent bien d'agir. Mais il y a, pour tout homme politique, une situation encore plus enviable, le must en quelque sorte, que pourtant nous ne souhaitons à personne : c'est d'être mort. Le cercueil, c'est le trône. Sous terre, l'homme politique est au ciel. Alors, si les morts avaient des oreilles, ils entendraient descendre jusqu'à eux les louanges de leurs pires ennemis, à donner envie de ressusciter, juste pour les embêter.

En politique, la gloire, c'est l'Histoire, c'est l'avenir. François Mitterrand, non seulement à la fin mais tout le temps, était obsédé par l'image qu'il allait laisser à la postérité. Comme les droites parallèles finissent par se rencontrer dans l'infini, la courbe de popularité finit par se redresser dans l'éternité. Tout tyran trouve son défenseur et sa réhabilitation, au fil des siècles ou des millénaires. François Hollande n'est pas un tyran, mais un président pas si mauvais bougre, et sa politique n'a pas donné de si mauvais résultats : il pourra donc se dispenser de mourir pour que justice soit faite, de son vivant, sur son action et couler des jours d'agréable retraite, en sage vieillard populaire.

1 commentaire:

A S a dit…

Je lis les articles de ce blog avec intérêt depuis pas mal de temps et les commentaires bien souvent aussi.
Mais, pitié, soyez différents, le responsable du blog comme les commentateurs, soyez autres que tout ceux qui nous bassinent à longueur de journée ailleurs avec des sondages et des pourcentages.
Je ne sais ce que pensent les autres (lecteurs et intervenants) mais moi, pour ma part, je n'ai rien à f... de tous ce chiffres.
Ce n'est pas parce qu'une idée, une position seraient créditées de 2% d'opinions favorables dans les sondages qu'elles sont moins intéressantes à découvrir, soupeser, analyser...
Toutes les idées sont à mettre dans les balances de nos esprits et ça nous fait avancer.
S V P : échangez des idées et négligez les chiffres, les pourcentages et les invectives (qui ici n'ont pas cours et c'est vraiment le côté positif dont il faut créditer Monsieur Mousset : son blog est de bon aloi. Qu'il le reste !).