jeudi 24 août 2017

Le vieil Espagnol sur un banc



Pendant ces vacances d'été, à Saint-Amand-Montrond, dans mon Berry natal, je reste sur un banc pendant des heures, à lire, à écrire et à rêver. Il m'arrive de m'allonger, de regarder le ciel bleu, les graines de pollen qui s'envolent, qui s'élèvent très haut, que je suis du regard aussi loin que je peux, jusqu'à ce qu'elles disparaissent à mes yeux. Je me distrais aussi aux oiseaux et aux avions qui passent. Parfois, je m'endors quelques minutes.

A côté de mon banc (toujours le même, à l'ombre, dans un coin tranquille), il y a un autre banc. L'autre jour, un vieux en déambulateur est venu s'asseoir et s'est mis à me parler. Ou plutôt il se parlait à lui-même, me regardant à peine. Pendant une demi-heure, je l'ai écouté, je n'ai rien dit. Je n'ai pas toujours tout compris : le vieux avait un fort accent espagnol. Il m'a raconté sa vie. J'ai eu le sentiment que ça aurait pu durer des heures ...

En 1961, ce vieil Espagnol est arrivé en France. "De Gaulle nous a fait venir, il avait besoin de travailleurs immigrés". L'homme ne pouvait séjourner que dans quelques départements du centre de la France. Une histoire d'amour l'a pourtant conduit à Rennes, d'où la police l'a expulsé vers le Berry : la Bretagne ne faisait pas partie des terres où il avait la permission de travailler. A Saint-Amand, il a creusé des tranchées dans à peu près toutes les rues, pour installer le tout-à-l'égout. Puis il a construit les HLM du Vernet, des immeubles qui se sont dressés là où il n'y avait auparavant que des champs avec des vaches, des ânes et des brebis. Quant tout ça a été terminé, il a pris n'importe quel boulot, souvent mal payé, ou même pas payé du tout : "on nous assurait le gîte et le couvert ; c'était mieux que rien". Ce fils d'une famille républicaine n'est pas retourné en Espagne. Il mourra dans ce Berry qui l'a fait venir et qui l'a accueilli.

Voilà l'histoire de mon vieil Espagnol sur son banc, que je n'ai fait que résumer. Pourquoi vous raconter ça ? Parce qu'à l'heure où nous discutons de la directive sur les "travailleurs détachés", où nous nous inquiétons de la "concurrence déloyale" sur le marché du travail entre pays européens, il faut se souvenir de cette histoire, qui est celle de millions d'immigrés venus en France. A l'époque, personne ne se souciait de cette fameuse "concurrence déloyale". On n'en parlait pas, et même on s'en félicitait. A cette époque encore, nul n'était angoissé par ce soi-disant problème de l'"identité nationale". L'extrême droite faisait tout au plus 5% aux élections (Tixier-Vignancourt, en 1965). Ce témoignage et cette réflexion, c'est la carte postale de vacances que je vous adresse. Bonne rentrée.

11 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

"Identité nationale", "concurrence déloyale", derniers réflexes de défense d'un peuple aux abois et épuisé par les exigences d'enrichissement sans limite de la bourgeoisie...
Cela fait un bout de temps, environ un siècle que tout tourne à peu près autour du judaïsme en Occident. Que le catholicisme est moribond, attaqué par la laïcité et la séparation de l'église et de l'Etat, ainsi que l’affaire Dreyfus en France, qui a permis aux Juifs de leur ouvrir les portes, notamment du pouvoir. Cela fait un bout de temps que la majorité des créations remarquables, que ce soit dans les domaines intellectuels, scientifiques, artistiques, des affaires, médiatiques sont juives d'un point de vue spirituel, même si leurs auteurs ne le sont pas toujours du point de vue de l'appartenance. Il n'y a pas photo... Le peuple blanc de France périclite, les musulmans s'installent et vont certainement le remplacer. L'élite française est composée de membres de la bourgeoisie, celle ci est avant tout vénale et matérialiste, mais sa spiritualité n'est plus catholique mais juive depuis un bout de temps, sans doute depuis la Shoah qui fait consensus, enfin surtout depuis les années 80 et la médiatisation de la Shoah par le film éponyme de Claude Lanzmann. Tout ce qu'il restait de mystique catholique a été liquidé par BHL sous le nom d'"idéolgie française", avec la complicité des "nouveaux philosophes"... On a fourré pratiquement tout notre héritage catholique dans un sac et on l'a balancé dans l'océan... de l'oubli.
Mais l'élément moteur, intellectuel et spirituel, il faut bien l'avouer est entièrement juif, tout ce qu'il y a d'intelligentsia en France est peu ou prou au service de la mystique juive, dont Macron est un modèle emblématique, farouchement hostile à un retour du catholicisme et plutôt favorable à un remplacement par l'islam du catholicisme dans les sous-couches de la société française.
Fillon fut jugé certainement trop catholique pour cette intelligentsia parisienne et donc mis sur la touche, on ne sait jamais il aurait pu réveiller chez le peuple de vieux réflexes religieux et catholiques. La France depuis Waterloo et à mesure qu'elle perd ses racines catholiques, ne cesse de décliner dans l'échiquier mondial. Quand le moment sera venu et que les sous-couches de la société à majorité musulmane deviendront trop revendicatrices et envahissantes, alors certainement l'élément spirituel juif de la société, qui fait encore tourner la baraque, quittera le navire, et alors la France deviendra totalement un pays à spiritualité musulmane, et le catholicisme aura été totalement éradiqué, il faut bien le reconnaître avec la complicité des Juifs. Sans méconnaître le rôle que le catholicisme tint dans la persécution des Juifs tout au long de l'histoire de France jusqu'à leur émancipation par Napoléon Bonaparte, juste retour du bâton en quelque sorte.
Mais la Shoah rend tout mon discours tabou de toute façon, inaudible, et susceptible de tomber peut-être sous le coup de la loi pour apologie de la haine raciale et certainement le mot qui tue, et qui vous raye de tout visibilité médiatique : d'antisémitisme !!!
Les Français ne sont plus souverains chez eux depuis qu'ils ont renoncé à leur héritage catholique, et ce renoncement fut d'abord le fait de la bourgeoisie matérialiste et vénale depuis Waterloo, puis certainement du judaïsme qui avait un compte à régler avec le catholicisme, surtout depuis la fin de la deuxième guerre mondiale...

Erwan Blesbois a dit…

Y'a le vieil homme et la mer aussi... Tu ressembles de plus en plus au "vieil homme" Emmanuel.

Erwan Blesbois a dit…

Pour atténuer mon propos quelque peu virulent qui risquerait d'être mal interprété, s'attaquer aux juifs, c'est toujours être l'ennemi de soi-même... Surtout pour un catholique, plus généralement un chrétien et même un musulman, car ils sont effectivement nos pères en spiritualité. Les Juifs sont fidèles à eux-mêmes c'est tout, alors que les catholiques ne le sont plus, c'est ce qui fait toute la différence entre une civilisation en pleine santé et une autre en voie de décadence.
Toute force spirituelle alliée est bonne à prendre, et la plupart des Juifs ont aujourd'hui envie de maintenir la France à flot, à part certains traîtres comme BHL, mais ils sont finalement minoritaires au sein de la communauté juive... Il faut retenir ceux qui sont nos alliés et qui sont nombreux, et il faut mépriser les autres.

Anonyme a dit…

Vous oubliez de dire qu'à l'époque le marché de l'emploi était tout autre ! Dans les années 60-70 la France avait besoin de main d'œuvre et allait la chercher dans les pays étrangers, souvent "bon marché" où celle-ci était moins cher. Alors qu'aujourdhui, l'industrie et le bâtiment, gros pourvoyeur de main d'œuvre, se sont effondrés et notre taux de chômage culmine à 10 % !

Erwan Blesbois a dit…

J'en veux surtout au peuple catholique qui s'est embourgeoisé, est devenu majoritairement petit bourgeois, et a perdu toute la spiritualité qui faisait la force de la France. Les Juifs ne sont effectivement pour rien là-dedans : eux sont fidèles à eux-mêmes, point barre !

Anonyme a dit…

Concurrence déloyale! ce vieil espagnol Saint Amandois doit aussi se souvenir de l'affaire Michelin. Le géant du pneumatique voulait installer une usine à Saint Amand. Devant une levée de protestations du patronat local ( Imprimerie Bussière, bijouterie..) craignant une concurrence sur l'offre d'emplois et les salaires, le maire de l'époque (un certain Maurice Papon) a laissé filer Michelin à Saint Doulchard (banlieue de Bourges). Aujourd'hui, l'imprimerie et la bijouterie à Saint Amand sont en voie de disparition. La ville va prochainement passer sous la barre des 10 000 habitants, les ouvriers ont quasiment disparu. L'actuel maire manifeste beaucoup d'optimisme sur l'avenir de sa ville avec l'appui d'un bon service municipal de communication.Qu'importe! les retraités sont résignés et le maire travaille lui à Paris.

Erwan Blesbois a dit…

Tu es le vieil homme et tu as attrapé un énorme espadon, métaphoriquement cela pourrait être ta spiritualité, matériellement c'est évidemment ton statut, ton concours de professeur de philosophie mais aussi la réputation symbolique que tu t'es faites à Saint Quentin. Maintenant va venir le temps des requins qui fatalement vont s'attaquer non à ta personne mais à ta réputation... Comme tu es très prudent et qu'au fond tu ne dévoiles pas grand chose de tes intentions, tu pourrais te croire à l'abri... Mais justement à force de prudence et de te cacher derrière le plus pur conformisme laïque, conforme au discours politiquement correct promulgué via l'Education nationale, tu vas forcément te faire des ennemis. Or "le courage donne ce que la beauté refuse", et des deux, de beauté et de courage, tu manques cruellement...

D C a dit…

Le divan d'un professeur remplacé par le banc d'un autre professeur...
Dans un autre temps, j'ai moi-même signé les documents administratifs d'autorisation pour que des étrangers puissent venir travailler, ici, en Picardie... Cela concernait exclusivement des ibériques... Ils arrivaient par chemin de fer et ils étaient encadrés pendant le voyage mais aussi durant leur séjour. Sitôt les missions terminées, il fallait les renvoyer là d'où ils venaient. Ils avaient le droit de revenir pour d'autres missions mais toujours dans les mêmes conditions de transport, d'hébergement, sans leurs familles. En France, on manquait de bras pour travailler les terres. La CEE existait déjà mais c'était l'Europe des cinq dont l'Espagne ne faisait pas partie.

Erwan Blesbois a dit…

Il est vrai que nous sommes dans une société dont la finalité n'est ni l'activité guerrière, impliquant courage, ni la création artistique (comme c'est le cas dans une société catholique qui implique de rendre grâce à dieu, par l'intermédiaire d’œuvres sublimes), impliquant beauté, mais dont la finalité est l'accroissement continue des richesses. Une telle finalité n'a nulle besoin de beauté ou de courage, contrairement aux sociétés du moyen âge puis de la renaissance. Nous vivons actuellement la réalisation de cette finalité de façon très pure... La société depuis 1983 est en train de se débarrasser de tous ses éléments impurs fruits d'idéologies du passé, impliquant courage et beauté et qui trouvaient à s'effectuer dans des actes héroïques ou dans des œuvres d'art sublimes. Nous sommes en train de vivre en direct la mise à mort de l'art, de la culture, de la philosophie... qui n'ont aucune utilité dans le cadre d'une finalité constituée par l'accroissement continue des richesses (jusqu'à épuisement de la planète ?), trouvant sa racine dans une mystique protestante, calviniste pour être plus précis. Ton existence toute entière vouée à la défense du système qui découle du calvinisme (encore une trahison envers tes racines catholiques), et en l'occurrence actuellement du gouvernement Macron, est donc bien plus utile que la mienne, et te fournira sans doute le quitus pour une existence très longue, très ennuyeuse, et sans grands soucis. En gros aujourd'hui, la beauté est devenue laide car sans signification, sans sens, et la laideur est devenue belle, car utile ; de même le courage est-il devenu inutile alors que la lâcheté est bien plus conforme aux valeurs d'adaptation de la modernité. Tu auras l'impression de ne pas t'ennuyer et d'être très heureux, en tout cas beaucoup plus que la majorité des Hommes. Mais ce ne sera qu'une impression, ce ne sera pas la réalité, car notre société n'autorise plus le bonheur, c'est un délit, comme le courage ou la beauté ; comme l'art ou même la guerre.
Réjouis-toi Emmanuel tu es le prince de cette aube nouvelle qui débouche directement sur le néant... Et comme cette société n'a d'avenir que sa propre auto destruction si rien n'arrête sa logique folle, tu n'auras comme aucun de nos contemporains ni même aucun de ceux plus illustres qui composèrent les figures géniales se détachant du morne ruisseau que constitue l'humanité depuis sa naissance jusqu'à sa mort... proche... aucune postérité ! Tu n'auras donc aucune postérité et tu auras juste contribué à creuser le trou dans lequel par ta modeste contribution, on te mettra en terre, toi ainsi que l'ensemble de toute l'humanité ayant participé à sa propre disparition en adhérant aveuglément à une mystique matérialiste (sic), les deux termes peuvent sembler contradictoires... dont la finalité est l'accroissement sans fin des richesses en vue de l'accroissement des richesses et rien d'autre...

Erwan Blesbois a dit…

La génération des baby boomers n'a pas essayé d'exploiter consciemment les immigrés quelles que soient leurs origines... Mais elle a fait quelque chose de beaucoup plus grave, elle a pratiqué le sacrifice de ses propres enfants pour sa jouissance personnelle. Macron a été épargné, ce que montre le couple "incestueux" qu'il forme avec une femme qui pourrait être sa mère, pour rendre des derniers services à cette génération dont la part maudite est globalement le sacrifice des générations venant après elle.

Philippe a dit…

Inutile pour moi d'aller chercher un espagnol sur un banc ... j'en viens ... oui et alors ... en ce qui me concerne mon grand père est venu parce que les divers propriétaires des houillères (privées) cherchaient de la main d’œuvre car elles avaient épuisé les possibilité locales (les journaliers agricoles) !
Après 1945 et les nationalisations "les Charbonnages de France" ont fait venir des marocains pour les mêmes raisons ... le chômage était voisin de zéro !
Depuis tout cela a fermé vers 1960, puis le textile années 70, puis la chimie et les aciéries etc.çà continue
il n' avait pas les millions de chômeurs de toutes catégories et/ou appellations administratives ..........actuels ... donnons du travail à ceux qui sont inscrits dans nos "pôles emplois"après en effet on peut donner du travail aux migrants économiques si besoin.
(arrêtons la confusion perverse entre "réfugiés" qu'il faut aider et migrants économiques)