mercredi 5 avril 2017

Le débat continue sur le marché



Alors, ce débat, entre les onze, hier soir ? Je m'attendais à pire (voir mon billet d'hier). Bien sûr, il y a les candidatures loufoques (Lassalle, Cheminade et Asselineau) et des moments de franche rigolade. Poutou se retournait sans cesse vers ses supporters, comme pour leur demander leur avis. Il parlait très vite, à la façon d'un élève qui craint d'oublier quelque chose. La durée du débat, trois heures trente, était évidemment inhumaine, mais l'ensemble n'était pas trop ridicule.

Les petits se sont faits remarquer, les grands ont été égaux à eux-mêmes, sauf Le Pen, plus éteinte que dans le premier débat. Surtout, elle a été violemment attaquée par l'extrême gauche, qui a osé dire ce que les autres candidats hélas n'osent pas : Le Pen est raciste et corrompu. Raciste, la démonstration n'est plus à faire ; corrompu, il faut rappeler qu'elle détourne l'argent public, celui du Parlement européen, au profit des activités de son parti.

Autre vertu de ce débat, non négligeable : montrer, de façon magistrale, que le discours de Le Pen, en comparaison avec Poutou et Arthaud, n'est en rien social, ni économiquement radical. Ce n'est pas la candidate du Front national qui porte les revendications populaires ou qui exprime la souffrance des petites gens. Nous le savions depuis longtemps, depuis toujours, que l'extrême droite était une vaste imposture, dont la seule réalité est la xénophobie et le nationalisme. Mais quand la vérité éclate en direct, ça fait du bien !

A part ça, j'ai retenu la séquence sur l'Europe, fort inquiétante : la majorité des candidats y sont hostiles, Emmanuel Macron a été le plus clair et le plus engagé. Beaucoup veulent sortir des traités européens et évoquent un hypothétique plan B : c'est une chimère ! L'Europe actuelle n'existe qu'à travers une suite de traités : en sortir, c'est tout simplement la détruire, sans aucun plan de rechange. Nous n'avons pas fini de payer très chère la dramatique victoire du non en 2005, qui a empêché l'adoption du Traité constitutionnel européen. Avec celui-ci, les multiples traités auraient été refondus dans un texte plus synthétique, l'Europe aurait obtenu de nouveaux pouvoirs, sa construction politique aurait nettement progressé. Nous avons, en 2005, raté un rendez-vous avec l'Histoire. A la suite, il a fallu, dans l'urgence et par nécessité, adopter le traité de Lisbonne, sans lequel l'Europe aurait été ingouvernable, par la faute des vainqueurs du non.

Les échanges sur la directive concernant les travailleurs détachés étaient également très instructifs. Cette directive, je suis pour. Macron l'a rappelé : de nombreux salariés français à l'étranger en profitent. Le problème n'est pas dans cette directive, qui facilite le travail à travers l'Europe, mais dans le faible niveau social des pays d'origine. Harmonisation sociale ? Oui, avec plus d'Europe politique, nécessairement. Or, ceux qui réclament cette harmonisation sociale veulent moins d'Europe, et même pas d'Europe du tout ! N'oublie pas que si l'harmonisation sociale est difficile et la directive sur les travailleurs détachés imparfaite, c'est parce que les fameux traités tant détestés laissent à chaque pays la responsabilité de sa législation sociale (contrairement aux mensonges des antieuropéens).

J'ai apprécie la fougue et l'honnêteté de Nathalie Arthaud, quand elle a soutenu, face aux europhobes, que nos malheurs ne venaient pas de l'Europe, mais du capitalisme hexagonal et des politiques nationales. La contestation de l'Europe est, à la racine, nationaliste et xénophobe ; elle ne fait le jeu que de l'extrême droite, qui ne s'affiche jamais avec le drapeau européen, détail significatif. Le candidat que j'ai trouvé malhonnête, démagogue, détestable, c'est Dupont-Aignan : il a porté le soupçon sur Macron, à propos d'une opération financière de la banque Rothschild, sans rapport avec le candidat d'En Marche ! Dupont-Aignan est venimeux, malfaisant, autant que Le Pen.

Le débat s'est prolongé ce matin sur le marché de Saint-Quentin, où Mike, Bruno, Antoine et moi (en vignette) avons distribué le programme d'Emmanuel Macron, bien reçus par la population. A quelques mètres de nous, les partisans de François Fillon distribuaient aussi, pas le programme de leur candidat, mais un tract de Julien Dive, pour l'élection législative, comme s'ils zappaient la présidentielle. Le slogan, pas mal trouvé : "Un député qui ne fait pas semblant !". Pour en revenir à Fillon, je trouve qu'il ne s'en est pas trop mal tiré hier, pendant le débat, sa situation étant ce qu'elle est. Mais comme je l'ai dit ce matin à une dame : c'est maintenant aux citoyens de réfléchir et de choisir. Il reste 18 jours pour ça.  

2 commentaires:

Patriote a dit…

CSA = Bolloré BVA = Bolloré + Drahi + Rotschild IFOP = Parisot IPSOS = Pinault SOFRES = fond d'investissement US Comment expliquer que les médias "progressistes" ne ressentent pas le besoin de créer des sondages indépendants du CAC40 et de Macron? Parce qu'ils leur appartiennent?

Albert a dit…

Fillon n’arrête pas de le répéter. NOUS VIVONS LARGEMENT AU DESSUS DE NOS MOYENS. IL NE FAUT PAS CROIRE QUE NOTRE EPARGNE, NOTRE MAISON (ceux qui en ont) SERONT PROTÉGÉES EN CAS DE FAILLITE. La faillite ce n’est pas pour la France ? FAUX, Fillon l’a bien dit : nos investisseurs sont étrangers, ils proposeront des taux d’emprunts très élevés qu’on ne pourra plus payer et se tireront. (Grèce, Italie, Espagne...)

Les mesures sont austères mais elles donnent l’espoir. Nous rendre plus compétitif par rapport à la main d’œuvre des pays de l’Est, de l’Afrique du Nord, de l’Asie. C’EST RÉALISTE. A terme, on créera des emplois !

On ne peut pas se comporter toujours comme des gamins. C’EST DANS UN RAPPORT DE FORCE FAVORABLE QU’ON PEUT NÉGOCIER UNE AUGMENTATION AVEC SON PATRON qui tend à accepter si son carnet de commandes est plein. D’où l’importance de relancer l’offre dans un premier temps et la demande dans un second temps.

Les programmes des autres candidats nous enfonceront davantage dans la dérive budgétaire et la dette.