jeudi 6 avril 2017

La France, une chance pour tous



Qui se souvient des slogans de campagne présidentielle ? On en retient très peu. Il y a surtout "La force tranquille", de François Mitterrand, en 1981. La victoire était tellement extraordinaire ! Avant, Giscard a marqué, avec "Le changement dans la continuité", en 1974 : étonnant parce que quasiment contradictoire ! Plus près de nous, "Le changement, c'est maintenant", de François Hollande : la formule est assez plate, mais il a gagné, et c'est tout ce qu'on demande à un slogan, d'ailleurs pas facile à trouver, et si difficile à retenir. Il y a un art du slogan, à la fois politique et publicitaire. Il faut échapper à la banalité, synthétiser en quelques mots tout un message, être percutant sans être folklorique : c'est mission impossible ! En définitive, la victoire ou la défaite décident du bon ou du mauvais slogan.

Emmanuel Macron a dévoilé le sien il y a deux jours. La photo est sobre, ressemble presque à une pièce d'identité. La grosse surprise, c'est la disparition du fameux sourire, qui fait son charme, que l'affiche présidentielle a gommé : Macron est entré dans une autre dimension, celle de la fonction présidentielle, grave, sérieuse. Le slogan : La France doit être une chance pour tous. Une phrase assez longue, qui laisse à la libre interprétation. Je vous donne la mienne :

La France : oui, il fallait s'y référer, non seulement parce que c'est notre pays, que c'est l'enjeu de cette élection, mais parce qu'il fallait l'arracher à l'extrême droite, qui en fait un usage indu, comme du mot de patrie, comme des symboles de la République, drapeau tricolore et hymne national. Et puis, montrer qu'Emmanuel Macron ne s'adresse pas à la gauche, ni à la droite, mais à l'ensemble des Français.

Une chance : pas comme au jeu, pas le hasard, mais l'occasion, l'opportunité, la perche qu'on vous tend, la main vers vous. Qu'est-ce que la politique, dans une République ? Plusieurs définitions répondent à cette question : garantir la liberté, se battre pour l'égalité, travailler à la solidarité. Macron a choisi une formule peut-être plus moderne et plus modeste : donner sa chance, permettre de réussir sa vie, avoir un emploi, bénéficier d'un salaire correct, disposer d'une juste retraite, s'assurer des soins de santé, accéder au logement de son choix et tant d'autres choses qui peuvent être mises derrière le mot chance. Dans la chance, il faut y mettre du sien : je ne crois pas en un Etat qui fasse le bonheur des citoyens. Mais cette chance doit être rendue possible par lui, ce qui est loin d'être actuellement le cas.

Pour tous : certaines politiques donnent leur chance à quelques-uns, en les privilégiant, pensant que le redressement économique viendrait exclusivement de leur impulsion. C'est la vieille réaction des conservateurs. Les progressistes pensent qu'il y va non seulement de la justice, mais aussi de l'efficacité que la chance soit donnée à tous, c'est-à-dire à chacun : la chance du demandeur d'emploi de trouver un travail, la chance du salarié de pouvoir se former pour changer de métier, la chance de l'élève de réussir à l'école et dans ses études, la chance de l'immigré de s'intégrer, la chance des syndicats de pouvoir négocier au plus près de l'entreprise, etc.

La France doit être une chance pour tous : c'est une impérieuse nécessité. Les jours qui suivront nous diront si une majorité de Français se retrouvent ou non dans ce slogan.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Venez donc nous tous les damnés de la terre vous êtes tous chez vous en France ! C'est ainsi que le slogan de Macron peut s'interpréter. En cela il est bien internationaliste comme l'extrême-gauche style Poutou, et Arthaud qui ne sont que les idiots utiles du patronat pour faire baisser par une immigration massive les salaires donc le financement de la protection sociale. De la même raison, tous les trois sont favorables à la directive "travailleurs détachés" qui organise une concurrence déloyale entre travailleur pour faire baisser, comme le souhaite une fois de plus le patronat, le financement de la protection sociale. Comme ces trotskystes il est favorable à l'Europe de la concurrence libre et non faussée qui détruit notre industrie et nos emplois alors que tout le reste du monde se protège même les pays qui clament le plus haut et fort aux dogmes libéraux. L'UE est une passoire qui ne gène pas nos élites mondialisées et européistes dans laquelle les trotskystes et Macron se retrouvent bien ainsi que la droite façon Fillon.

Anonyme a dit…

Un slogan c'est comme disent les anarchistes à propos des élections un piège à cons ! La France de Macron c'est un pays soumis aux riches et aux puissants, banquiers, capitalistes et bureaucrates apatrides de l'UE. Il n'y a rien dans le programme de Macron hormis cela, l'UE qu'il aime tant n'est que cela ! Rien pour donner du travail aux millions de chômeurs, ni aux pauvres l'espérance d'un avenir meilleur, cela serait un vrai programme progressiste comme disaient les forces de gauche du temps du Front Populaire "du pain et des roses" pour le monde du travail, salariat - Donner du travail à tous et les moyens d'en vivre dignement - et non l'assistance sociale que préconise le candidat "socialiste" Benoît Hamon par son revenu universel sur lequel il est déjà revenu. C'était un temps bien révolu où il y avait un authentique parti socialiste et un parti communiste qui n'avaient pas adopté les recommandations de la fondation Terra Nova pour un électorat de substitution.

Albert a dit…

Tout le monde sait pertinemment que Fillon est nettement plus haut que ce que les sondages indiquent... D'ailleurs c'est bien pour cette raison que l'équipe Macron panique et redouble de "révélations" sur Fillon... C'est grotesque!!!

Patriote a dit…

Cela fait belle lurette que les trotskards jouent leur visibilité sur des postures vestimentaires-alimentaires, des tics de vocabulaires, des envolées lyriques sur "nous sommes la 3e voie" entre Staline et Hitler et autres âneries. Les trotskards ont évité avec soin de combattre le nazisme-fascisme puisque leur "pureté ideologique" les empêchait de s’allier avec les affreux capitalistes anglo-saxons de Churchill-Roosevelt, et qu’ils se prenaient pour la sainte-vierge du communisme. En France, après de Gaulle, les plus roublards se sont recyclés dans le capitalisme ultra-libéral ( Serge July and Co...) ou dans la "dislocation sociétale" ( Cohn-Bendit ) ou dans le "suçage de roue" comme Jospin et Rocard ; les tocards sont devenus "bobos" et racontent leurs exploits du quartier latin aux naïfs qui leur prêtent l’oreille. Poutou n’est – en effet – rien d’ autre qu’un faire-valoir de Macron, et un faucheur de voix contre Marine ou le gourou Mélenchon.

Anonyme a dit…

@ Albert,
Macron ne panique pas seulement pour cela mais parce que ses soutiens qui sont les plus fragiles faiblissent, le vote Macron est de moins en moins assuré comme depuis le début : seuls 50% des gens exprimant un choix pour Macron sont sûrs de leurs choix.

M C a dit…

" Il y a un art du slogan, à la fois politique et publicitaire. Il faut échapper à la banalité, synthétiser en quelques mots tout un message, être percutant sans être folklorique : c'est mission impossible ! En définitive, la victoire ou la défaite décident du bon ou du mauvais slogan. "
C'est votre dernier mot, Emmanuel II ?
Eh bien, du slogan, on peut se passer en démocratie !
La méthode Coué, c'est pour les ploucs ou les demeurés !
"Mettez vous bien ça dans la tête !"
Si le lecteur de ce blogue ne se considère pas comme plouc ni comme demeuré, il n'aura rien à f... des slogans d'Emmanuel I comme d'Emmanuel II !

Philippe a dit…

Le slogan : « La France doit être une chance pour tous ».
Il laissera derrière lui, comme ses semblables les plus célèbres des 60 dernières années, une myriade de cocus.
Les autres comme  : « je vous ai compris », « la force tranquille».
Le plus habile avait raison en ne voyant devant lui non pas des citoyens mais des veaux.