vendredi 21 avril 2017

Jeux interdits



La dernière grande émission politique entre tous les candidats à l'élection présidentielle a eu lieue hier soir, sur France 2. Chacun était invité à présenter un objet lui tenant à coeur, comme dans ces jeux pédagogiques, à l'école primaire. Un seul a refusé, n'étant pas "fétichiste", a-t-il justifié. Après, les candidats devaient réagir à une photo d'eux, ancienne : pensaient-ils déjà, à cette époque-là, être président de la République ? Tous ont répondu que non. J'ai pensé à ce petit jeu entre enfants, pour savoir ce qu'ils veulent être plus tard, pompier ou infirmière. Léa (Salamé) ouvrait ses grands yeux de biche et le sourire qui va avec, en écoutant les confidences attendrissantes des grands et des petits candidats. Séquence émotion.

Enfin, l'entretien se terminait par l'aveu d'un regret. Nous n'étions pas loin du désormais célèbre mea culpa, un passage obligé pour toute personnalité publique. Père Pujadas et Soeur Salamé soumettaient leurs invités à confesse, sans leur donner pour autant l'absolution. Ce n'est qu'un jeu, après tout. Certains s'y sont pliés, sachant que l'exercice de la repentance est aujourd'hui très apprécié. D'autres ont résisté, affirmant presque que la politique consiste à dire des choses, faire des choix et entreprendre des actions sans remords ni regrets, en assumant tout. Mais aller jusqu'à cette clarté aurait paru arrogant, voire méprisant : la réponse a donc été atténuée.

En cours d'émission, David (Pujadas) a informé en direct d'une fusillade sur les Champs-Elysées, à Paris, faisant un tué parmi les policiers. Les candidats, embarrassés, ne sachant rien de ce qui était en train de se passer à l'extérieur, ont été sommés malgré tout de dire quelque chose. L'opération était en cours, on ignorait l'identité et l'intention des auteurs, la déontologie aurait exigé que Pujadas n'en parle pas. Mais la loi de l'audimat s'impose : il ne fallait pas que les nombreux spectateurs partent sur les autres chaînes pour s'informer.

Dans leur conclusion, lorsque tous les candidats se sont retrouvés sur le plateau, la gêne dans laquelle les journalistes et les circonstances les avaient plongés était encore plus grande et plus fâcheuse. Tous se sont sentis obligés d'exprimer leurs condoléances et de modifier leur déclaration finale. A trois jours du premier tour, il ne s'agissait pas, pour les possibles gagnants, de risquer un faux pas qui entrainerait leur défaite. En matière de compassion, ils devaient se montrer impeccables. Ce qui n'a pas empêché les fausses notes. Mélenchon a soutenu qu'il ne fallait surtout pas arrêter la campagne, alors que Fillon prétendait qu'il faut la suspendre. Poutou a mis au même niveau le meurtre d'un policier et le suicide d'un ouvrier. Le Pen affirmait que le "cauchemar" recommençait, sans s'être regardée dans une glace : le cauchemar, c'est elle.

Macron a demandé à ce qu'on ne fasse pas "le jeu des terroristes". Mais c'est trop tard : les tueurs voulaient qu'on parle d'eux et déstabiliser la campagne électorale. Ils y sont parvenus, en direct, lors de cette dernière émission politique. Pujadas et Salamé leur ont offert sur un plateau ce qu'ils voulaient. Après, il ne leur restait plus qu'à fuir ou à mourir, puisque leur seul objectif, c'est de faire peur. Hier, sur nos écrans, c'était la peur en direct. L'émission a commencé gentiment par des jeux d'enfants, elle a continué par le jeu tragique des terroristes avec les médias. Il faudrait interdire les uns et les autres.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

l'escroquerie Macron ne fonctionne que si elle s'appuie sur une autre escroquerie nommée “Front national”. Grâce à la magie du “rassemblement républicain” qui se profile face à Marine Le Pen, Emmanuel Macron est ainsi pratiquement sûr de remporter l'élection présidentielle. Aussi comprenons bien que la grande force de notre système politique est de favoriser au préalable le monstre FN, de le nourrir afin qu'il soit le plus effrayant possible, et ainsi de nous offrir un chevalier blanc qui abattra la bête au printemps prochain. “Nous sommes en pleine mystique“ nous dit M. Macron. Il est donc décidément très compliqué de lutter efficacement contre Emmanuel Macron. Qui plus est, il est à cette heure difficile d’imaginer comment un candidat de gauche pourrait dépasser Emmanuel Macron sans le concours du Parti socialiste. Or sur le plan de notre politique étrangère, le Parti “socialiste” a toujours été colonialiste et américanisé, et sur le plan intérieur le pouvoir socialiste a favorisé l'émergence d'Emmanuel Macron, tandis qu'il faut bien reconnaître que les différents gouvernements de François Hollande ont sans vergogne trahi leur électorat. Un constat d'autant plus amer que malgré les résultats de la primaire, les apparatchiks Hollande, Valls, Ayrault ou encore Cambadélis, sont toujours les maîtres de la maison socialiste.

Erwan Blesbois a dit…

Il est évident que la victoire de Macron est une ruse de la gauche libérale-libertaire pour se maintenir au pouvoir, mais ce n'est pas une victoire du socialisme historique qui s'est construit en rupture avec l'idéologie du libéralisme au XIXème siècle devant les ravages du progressisme et de l'individualisme bourgeois hérité des lumières. Individualisme bourgeois qui constitue d'ailleurs un héritage dévoyé par rapport à l'esprit de Rousseau ou de Diderot. Enfin ce n'est pas non plus loin de là une victoire des classes populaires. Je suis beau joueur Emmanuel Mousset, et je reconnais ta victoire dans cette manche et pour cinq ans, dans la défense des intérêts de la classe qui t'a porté là où tu es, au terme d'une partie où la gauche libérale-libertaire a magistralement joué de ruse auprès des naïfs (des "veaux" français), pour porter au pouvoir son poulain.
Le système hérité de 68 et d'essence libérale-libertaire au fond, dont Cohn Bendit constitue parmis tant d'autres une figure de proue, a violemment rejeté Fillon. On constate qu'une campagne très organisée de "dézinguage" de ce personnage a eu lieu, et tout être sensé doit se demander quels sont les bénéficiaires et les objectifs de cette campagne. Je vous rappelle que tout ce qui fut reproché à M. Fillon était connu tant des journalistes que du monde politique depuis des lustres. L'urgence n'est pas de défendre qui que ce soit, mais de ne pas rester dupe de ce qui se fait et des buts qui sont recherchés. Si le but était la défense de la morale et de l'honnêteté, alors la bataille est venu bien tardivement et elle ignore bien des secteurs où elle aurait pu utilement se livrer. Mais nous ne sommes pas naïfs, on sait bien que dans cette histoire, la morale et l'honnêteté sont le cadet des soucis de ceux qui ont lancé cette démolition du candidat Fillon.
Belle question, quel est donc ce "système" ? Une source fantasmagorique pour adepte de complot ? Non, je vous rassure. La réponse est dans les faits mais elle ne vous a pas troublé : le système c'est le pouvoir. Quel pouvoir ? le vrai ! donc celui de l'argent. 1% de la population a entre ses mains 99% de la richesse planétaire et dans ces 1% une fraction infime possède la quasi totalité des richesses. Vous croyez sincèrement que ces possédants veulent être dépossédés du pouvoir que procure ces richesses et être commandés par les "pauvres" ? La réponse est non. Le système est donc ce réseau de pouvoir organisé au sein d'un microcosme qui détient les leviers d'action et le principal levier d'action : le fric. C'est triste mais c'est ainsi et pas besoin de faire référence à des complotistes et autres. La réalité des chiffres est implacable : 8 personnes au monde possèdent même en patrimoine ce que possède la moitié de la population planétaire la plus pauvre cela donne le vertige et permet de comprendre que nos démocraties sont aujourd’hui des simulacres...

Erwan Blesbois a dit…

...Depuis 1989 et la chute du mur de Berlin, les oligarques occidentaux ne sont plus tenus de redistribuer les richesses, pour donner le change, et mettre en avant l'attrait de la démocratie occidentale contre la dictature communiste. Comme il n'y a plus de rival à combattre et de populations à convaincre du bien-fondé de la démocratie, car il n'y a plus d'autres alternatives selon notamment tous les médias aux ordres de la puissance de l'argent, le projet libéral peut s'accomplir dans toute sa particularité totalisante. C'est pour cela qu'en forçant le trait, l'aspect libertaire étant devenu le visage caractéristique du projet libéral, l'exacerbation de la notion des droits de l'Homme dans nos démocratie a un profil totalitaires, dont l'essentiel des journalistes y compris artistiques (eux qui se veulent en dehors de la mêlée), sont les idiots utiles. Pourquoi ne pas remettre en cause ce pouvoir des riches ? Car comme l'a dit Yann Moix avec des airs de vierge effarouchée en face de Nathalie Arthaud dans ONPC, "ce serait d'une extrême violence !"
Tout ce que compte de pouvoir (médiatique, politique, intellectuel, culturel...), dans nos démocraties occidentales semble effectivement coalisé contre le reste de la population : ce sont les crocodiles en petit nombre, contre les gnous en très grand nombre.
Mais peut-être qu'il faut aller plus loin, ce n'est pas notre société qui est injuste, mais c'est bien la Nature qui s'exprime à travers elle, qui est fondamentalement injuste. Ce ne sont pas les prédateurs médiatiques, politiques, sociaux, culturels qui ont voulu être ce qu'ils sont, mais c'est la Nature qui s'exprime de façon sous-jacente à la base de l'organisation sociale, qui les a voulu ainsi. Pour parler comme Schopenhauer, c'est la vouloir-vivre absurde et aveugle de la nature humaine, absolument irrationnel et injuste quant à ses origines, qui s'exprime à travers l'élection de Macron. Le Droit dont s'enorgueillit tant notre monde occidental, est donc fondamentalement de nature injuste, car on n'a pas le droit en réalité de penser autrement : surtout il constitue un héritage dévoyé de la Révolution française, dont l'esprit se voulait celui de Rousseau et de Diderot, plutôt que le caractère individualiste au détriment de toute intersubjectivité, et de rapacité de la bourgeoisie occidentale. Et les ruses de la gauche libérale libertaire parviennent toujours à désarmer le sens commun, ou la commune mesure, propre au peuple...

Erwan Blesbois a dit…

...En conclusion, et pour modérer mon propos, toute Révolution violente et de rupture risquerait d'aboutir à l'instauration d'un nouveau règne d'injustice, puisque c'est le vouloir-vivre sauvage, ou l'esprit de Dionysos, qui s'exprime derrière toute organisation sociale d'apparence apollinienne, et qu'il est par essence absurde et injuste, car il vise toujours la domination et la globalité, c'est-à-dire l'hégémonie idéologique. Le seul remède à l'injustice totalisante, serait le pluralisme, le diversité des idées à condition qu'elles trouvent à s'exprimer, et l'intersubjectivité au détriment de l'individualisme rapace du libéralisme. Le chute du mur de Berlin fut quelque part un désastre, en supprimant l'alternative à ce qui constitue désormais le projet libéral injuste et globalisant à l'échelle planétaire.
Tout le monde a toujours trahi la France, Macron ne sera pas le premier ni le dernier, la France est par excellence le pays de la guerre civile, des coups bas et de la trahison. Qui est français en France ? On s'y définit d'abord par ses origines : basques, bretonnes, juives, corses, musulmanes, italiennes, polonaises, espagnoles, portugaises, berrichonnes etc., avant de se définir comme français. Cela permet en outre de se dédouaner de toute la culpabilité liée au fait d'être français : croisades, colonialisme, esclavagisme, génocide vendéen, collaboration, idéologie française à la base de l'idéologie nazie etc. On est français quand tout va bien, mais dès qu'une grosse crise pointe le bout de son nez, chacun veut reprendre ses billes et ne veut plus faire preuve d'aucune solidarité, ni assumer un héritage souillé de tant de sang et de crimes. C'est pour cela que Macron préfère botter en touche et parler de "cultures en France", plutôt que de culture française : Macron ne veut pas assumer l'héritage collectif de la France et préfère jouer "perso", c'est un microbe comparé à de Gaulle, qu'on se le dise...
Publié par Erwan Blesbois à 11:26 Aucun commentaire:

Anonyme a dit…

Fillon est évidemment le complice objectif de Macron, dans ce combat de clones.