lundi 3 avril 2017

Argent, morale et politique



Quand le député de l'Aisne René Dosière a rédigé son dernier ouvrage, Argent, morale, politique, paru récemment au Seuil, il ne s'attendait sans doute pas à ce que sa publication tombe à pic dans l'actualité. L'avantage de ce livre est de parler de moralisation de la vie publique, sans basculer dans le moralisme, c'est-à-dire l'imposition d'un comportement privé. Les événements récents et leurs commentaires ont tendance à entretenir cette fâcheuse confusion. Qu'un parlementaire emploie comme assistants des membres de sa famille ou qu'il accepte des cadeaux luxueux, ce sont des questions de morale personnelle, qui ne contreviennent pas à la loi. La moralisation de la vie publique, c'est autre chose : introduire plus de clarté, de rationalité et de justice dans l'activité politique.

René Dosière fait cinq propositions, que j'approuve entièrement :

1- Supprimer le cumul des indemnités, afin que le gain ne l'emporte pas sur les convictions.
2- Instaurer le mandat unique, pour que chaque élu se concentre sur sa tâche et ne soit distrait par rien d'autre.
3- En finir avec les "carrière politiques", qui font que certains (beaucoup ?) ne vivent que de la politique, en font une profession comme une autre, alors qu'elle est une vocation.
4- Limiter les mandats dans le temps, afin que les mêmes ne restent pas indéfiniment au pouvoir, même sous couvert démocratique. C'est le seul moyen, avec le mandat unique, de renouveler le personnel politique.
5- Contrôler les finances des partis politiques. Elles le sont déjà beaucoup, mais c'est encore insuffisant. Un parti doit rendre des comptes, autant que peuvent le faire une association ou une entreprise.

René Dosière, à 75 ans, ne se représentera pas aux élections législatives de juin. Pour la présidentielle, il a donné son parrainage à Emmanuel Macron. Si celui-ci l'emportait, je vois bien René devenir ministre ou secrétaire d'Etat chargé de la moralisation de la vie publique. C'est l'une des préoccupations de Macron et Dosière s'en est fait sa spécialité. De plus, il a tout à fait le profil d'En Marche ! : un progressiste, en délicatesse avec l'appareil socialiste, qui l'a exclu localement mais rattrapé au Parlement. Un rebelle, quoi.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

N'y aurait il pas une contradiction entre "en finir avec les carrières politiques" et le fait que vous proposiez Mr René Dosières, par ailleurs parfaitement respectable, comme ministre?
Ce n'est, en tout cas, ni l'avis de E. Macron ni celui de Mr René Dosières.

Philippe a dit…

La plupart des "lois" françaises sont des "adaptations" des directives européennes.
Les pays de l’Union ont en général un délai précis pour « obéir » à chaque directive en l’adaptant.
Bien entendu les députés nationaux et les partis politiques à l’exception du FN n’évoquent jamais ce tutorat exercé par l’UE … et Dosière, sur ce point précis, est aussi faux jeton que l’ensemble des autres parlementaire.
Pour parler vulgairement le "gros" du boulot n'est pas fait au niveau national français mais au niveau surtout de la Commission Européenne (des non élus) et accessoirement du Parlement Européen(des élus).
Dans cette situation, lorsqu’il s’agit de vulgaires employés l’entreprise privée « dégraisse » sans aucun état d’âme.
Une centaine de députés et 50 sénateurs suffiraient en les payant mieux, en logeant les non parisiens et en sanctionnant financièrement drastiquement les absences … et en pratiquant les recommandations de Dosière.
Mais la politique politicienne n’est pas une activité professionnelle sérieuse mais est plutôt devenue, hélas, une activité sociale parasite.