lundi 14 mars 2016

Difficile autocritique



Ce billet d'aujourd'hui, j'ai failli ne pas le rédiger, ou plutôt choisir un autre sujet. Pourquoi répéter, à chaque scrutin, la même chose, jamais suivie d'effet ? S'il y a un point que je partage avec Anne Ferreira (candidate PS battue hier à l'élection législative partielle), c'est lorsqu'elle dit : "Ce résultat n'est pas une grande surprise pour moi". Hélas oui : la défaite était prévisible. Depuis plusieurs années, la gauche n'accède pas au second tour, qu'il s'agisse des cantonales, des municipales ou des législatives. Un parti de gouvernement, tel que le PS, qui se fait battre dès le premier tour, c'est gravissime. Le pire, c'est que Saint-Quentin, lors des scrutins nationaux, vote à gauche, est sociologiquement une ville de gauche. Pour qui a conscience de ça, il y a de quoi rendre malade. Mais tout le monde en a-t-il une conscience aigüe ?

Je reprends le titre de ce billet à L'Aisne nouvelle de ce jour, car tout le problème est là, constamment répété après chaque élection, chaque défaite : comment changer la situation ? Et rien n'est jamais fait, aucun changement ne se produit. C'est à se demander si les socialistes, écartés depuis 20 ans de toute responsabilité locale, ont envie de retrouver, chez nous, les chemins du pouvoir ! D'abord, il faut être clair dans sa tête : savoir si on soutient le gouvernement ou pas, ne pas afficher un soutien à la carte. Il est déplorable qu'aucune personnalité nationale ne soit venue soutenir Anne Ferreira. Mais à qui la faute ?

Depuis 2008 et ses alliances avec l'extrême gauche, le PS local est sur une ligne plus ou moins radicale, qui se concrétise aujourd'hui par son hostilité au gouvernement. Ce n'est pas une position tenable, il faut faire des choix. Le mien est de défendre le gouvernement, de faire sur ce blog la pédagogie des réformes. C'est la seule ligne claire, cohérente et honnête. A défaut, on cherche à rivaliser avec la gauche radicale, sans y parvenir, sans convaincre, et on va au désastre. L'avenir du PS saint-quentinois est dans le recentrage, pas dans la radicalisation.

Surtout, il y a cette insupportable absence de la vie publique locale, qui enlève au PS tout crédit. Les adhérents ne sont que quelques dizaines, les réseaux sont affaiblis, l'opposition municipale ne brille pas par sa combativité, aucun leader ne se dégage (l'opération Michel Garand, aux dernières municipales, a été un fiasco monumental et prévisible). Même dans le meilleur contexte national, la gauche est incapable de l'emporter, à quelque élection que ce soit.

Pourtant, il n'y a pas à désespérer : tous les points négatifs que je viens d'évoquer ont leur remède, pas si compliqué que ça. Mais quand l'autocritique n'est pas acceptée, quand la force de caractère qu'elle exige est défaillante, c'est l'immobilisme qui l'emporte. On a beau analyser, proposer, ne pas se complaire dans la critique stérile et personnelle, rien n'y fait. Oui, il y a de quoi rendre malade. J'ai tenu à le redire, même si c'est vain, parce qu'il ne faut jamais abandonner aucun espoir, et puis parce que ce qui est écrit est écrit : c'est une forme de témoignage qui reste, qui prend date, et ça, ce n'est jamais vain.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

S'il n'y avait que ces déroutes locales mais elles s'ajoutent à toutes les déroutes électorales enregistrées, depuis l'élection de Hollande en 2012, par la gauche dans son ensemble donc même la gauche dite radicale n'est pas crédible, pas plus que le gouvernement, par ses incohérentes "l'imbroglio" du Front de gauche comme le reconnaissait lui-même Mélenchon sur son blog.
N'oubliez pas la déroute des "sociaux-démocrates" allemands qui n'en finissent pas de payer la politique libérale du gouvernement Schrôder reprise et amplifiée par la droite allemande, de déréglementation du "marché" du travail. Bref comme vos mentors les libéraux Hollande-Valls-Macron. Quelque soit la ligne politique du candidat local il paie le prix de cette politique défavorable au monde du travail. Tout le reste n'est que littérature ou philosophie en chambre d'un enseignant déconnecté de la réalité sociale de sa ville, sa région, son pays.

Anonyme a dit…

Enfin un zeste de lucidité mais encore un (gros) effort, Camarade Mousset. Je pense que vous serez toujours incompris parce que votre ligne politique comme celle de vos inspirateurs le trio Hollande-Valls-Macron n'est qu'un recentrage ... vers la droite et comme l'on dit l'électeur préfère l'original à la copie. Ou du moins il finit comme cela après s'être abstenu, voter à droite, comme vous l'appelez de plus en plus, voire voter Front national. Vous pourrez encore pleurer toutes les larmes de vos yeux, votre manque de lucidité politique en sera la cause.
Quand votre gouvernement défait la dernière loi sociale progressiste des 35 Heures il ne faut pas s'étonner que vos électeurs vous boudent au moins dans un premier temps voire plus dans un second

Anonyme a dit…

Pédagogie des réformes...

Quatre ans de politique gouvermentale ont fait fuir les trois quarts des électeurs qui avaient voté pour la même candidate en 2012!

Le futur a dit…

Anne Ferreira paye son non-soutien à la loi travail. Les Axonnais ont compris la nécessité de réformer le travail. Le résultat du vote est une preuve du soutien à la loi El-Khomri.
Mais ils ont fait erreur de ne pas voter Ferreira, car elle reste au PS et était donc tout de même le meilleur candidat pour soutenir le gouvernement.

Ne rien lâcher sur la loi travail, aller plus loin.

Anonyme a dit…

Espérons que votre "futur" n'est pas un licenciement et les prudhommes...

Ils ne vous lâcheront rien !

FP a dit…

Le balancier politique est parti de manière inexorable vers la droite et le mouvement va continuer jusqu'à ce que la droite aura échoué de manière claire. A droite toute et même sans doute extrême droite. Après le gouvernement vichyssois (survenu moins de cinq après celui du front populaire qui n'aura vécu que le temps d'une rose), soixante-quinze ou quatre-vingts ans plus tard, ce sera un gouvernement frontiste bleu-marine.
Hélas !
Mais la France s'en remettra, elle se remet toujours de tout et après l'échec des marinistes, le balancier repartira dans l'autre sens.
Ainsi va la vie...

Emmanuel Mousset a dit…

Cette vie-là, je m'en passe ...

Philippe a dit…

En complèment de ce que dit FP
On s'étonne de la "dérive" de certains jeunes, qui ont sans doute hérité d'un tempérament porté à la violence. Les uns se tournent vers la vraie extrême droite celle des identitaires, voire au-delà la nébuleuse "white power" (qui n'en ont rien à faire de nos élections dites démocratiques) ... les autres vers Daech et autres produits dérivés (qui n'en ont rien à faire de nos élections dites démocratiques).
Est-ce étonnant quand on sait que l'âge moyen en France pour obtenir un CDI est passé en quelques années de 22 à 28 ans ?
Je vous prie de m'excuser d'être odieusement terre à terre !
Comment louer un logement et donc avoir des projets d'avenir, de couple natuel à cet âge lorsque l'on est en CDD et que l'on a pas la chance d'avoir des garants de la famille argentés pour signer un contrat de location !!!!!!!!!!!!!
Tout cela ne peut que s'aggraver dramatiquement .........

AR a dit…

Dans le début des années 60, âgé de moins de 20 ans (donc même pas majeur à l'époque), j'étais titulaire d'un emploi type CDI en collectivités locales (secrétariat de mairie en milieu rural) et titulaire de la fonction publique (fonctionnaire donc dans l'enseignement). J'ai emprunté sans problème pour me loger (immeuble et meubles) et pour acquérir un véhicule neuf sans aucun problème.
Sans que ma famille ait à cautionner quoi que ce soit.
C'était des acquisitions modestes mais quand même...
Où sont les progrès depuis ce temps ?
Allongement des études pour arriver éventuellement aux mêmes emplois, précarité accrue, infantilisation des jeunes gens...
J'ai pu organiser les élections présidentielles de 1965 dans ma commune sans pouvoir encore m'inscrire sur une liste électorale.
J'en connais un qui est devenu maire à 23 ans et un autre à 24...
En ce temps-là, "on" faisait encore confiance aux jeunes...
Et dire que j'ai voté contre ce que proposait le président de la République par la suite...

yvesgerin a dit…

Étonnant silence enversXBertand anesthésiste de la gauche et Meme de la vie politique locale.L homme est rusé,efficace,redoutable,il met ko ses rares adversaires,il ne reste que sous fifres