vendredi 23 janvier 2015

La religion à l'école



Mercredi soir, lors du débat à la suite de la diffusion du documentaire "C'est dur d'être aimé par des cons" (voir billet précédent), une personne a demandé si la solution contre la radicalisation des esprits ne passait pas par un meilleur enseignement des religions à l'école. Il est vrai que l'ignorance est souvent le terreau du fanatisme et que l'islamisme est une interprétation très contestable de la religion musulmane. Mais au risque de décevoir, je répondrais non à la suggestion de cette dame, qui pourtant fait honneur au système scolaire en proposant de lui confier une telle mission.

Non, d'abord parce que l'enseignement des religieux existe depuis très longtemps dans les programmes. En histoire, au collège, les mythologies, grecque et romaine, sont abordées et je ne serais pas étonné qu'on dise quelque chose sur la religion des Pharaons. Ensuite, les trois monothéismes sont étudiés. Certes, le bouddhisme et l'hindouisme passent un peu à l'as. Mais peut-on étudier toutes les religions, sans exception ? Non, c'est impossible. Des choix sont donc nécessaires, et l'on comprend bien que la proximité géographique et culturelle est un critère déterminant.

En fin de scolarité, au lycée, la philosophie affiche parmi ses notions la religion, qui est alors traitée sous l'angle métaphysique. Saint Augustin, saint Anselme, saint Thomas d'Aquin ou Pascal sont des penseurs chrétiens au programme, ainsi que le philosophe musulman Averroès. En ECJS (éducation civique, juridique et social, assurée le plus souvent par les profs de philo ou d'histoire-géo), les enseignants sont libres d'adapter leur travail à l'actualité, répondre aux éventuelles questions des élèves sur la religion.

On constate donc que l'école publique est suffisamment ouverte à la bonne compréhension du phénomène religieux, qu'il n'y a pas besoin d'en rajouter. C'est pourquoi j'approuve entièrement les mesures proposées par la ministre de l'Education nationale, qui vont dans une toute autre direction : éducation aux médias, journée de la laïcité, formation initiale et continue des enseignants, interventions citoyennes dans les établissements, ...

Je n'oublie pas non plus que notre école publique est aussi laïque. Les aumôniers des religions peuvent y intervenir, mais le corps enseignant n'a pas à assumer des cours religieux, qui ne sont pas de son ressort, qui relèvent de la catéchèse et pas de l'enseignement. L'éducation religieuse, si tel est le choix, est de la responsabilité des parents, qui peuvent s'adresser aux divers cultes, mais pas à l'école.

Je voudrais terminer cette petite réflexion par deux anecdotes personnelles : en 1969, mon instituteur Monsieur Soulat, Marcel je crois, m'a appris la Marseillaise en la jouant au violon. Je le revois encore sortant son instrument, posant son menton sur le bois, protégé par une étoffe. Mais c'était une autre époque et la nostalgie n'est pas bonne conseillère. En 1994, je suis mon stage de jeune enseignant à l'IUFM de Reims, et nous avons un module consacré à la laïcité (vous voyez, ce n'est pas nouveau !). Le formateur nous explique qu'un professeur novice a malencontreusement réprimandé un élève à cause de ses mains sales, alors que cet enfant de confession musulmane n'avait fait que se frotter avec du henné, conformément à sa tradition. A méditer.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Religion à l'école , ou l'école de la religion ??

On est parfois très sévère avec les sectes et à juste titre puisque on a assisté à des suicides ou massacres collectifs ....

Mais que fait - on quand une religion dérape par les prédications de ses responsables ou comme en IRLANDE du NORD il n' y a pas si longtemps quand une religion a conduit à enrôler des jeunes pour une guerre civile ....

A priori à ce jour personne n'a la SOLUTION , sinon ça se saurait et le remède : laïcité ; matin , midi et soir , pourrait être pire que le mal .......
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