lundi 16 octobre 2017

Macron, 4 ruptures



Belle intervention d'Emmanuel Macron hier soir à la télévision, en rupture sur quatre points avec ses prédécesseurs :

1- La parole rare. Le président de la République ne s'était pas exprimé devant des journalistes depuis cinq mois ! C'était donc la toute première fois depuis le début de son quinquennat. Du jamais vu depuis bien longtemps. Sarkozy et Hollande avaient la parole fréquente et bavarde, jusqu'à devenir les propres commentateurs de leur action, se pliant ainsi aux normes médiatiques du moment, qui fonctionnent à l'immédiateté. Macron rompt complètement avec ce type de communication, réactif et finalement délétère. En économisant son propos, il le valorise et le présidentialise. Bravo.

2- Le rejet des effets d'annonce. En matière de communication, une règle d'or prévalait : n'aller à la télé que si on a quelque chose de nouveau à dire. Macron, hier, n'a rien annoncé de neuf. Et tant mieux ! Il s'est concentré sur ce qu'il fait, rappelle ce qu'il a promis, met sa politique en perspective sur le long terme et fait la pédagogie de ses réformes, bref tout ce qui a manqué à Hollande et déjà à Jospin. Pas la peine n'innover à chaque fois, au risque de s'égarer, mais creuser son sillon. Quand Hollande, à la fin de son mandat, annonce une réforme du code du travail, c'est trop tard et ce n'était pas prévu au programme, aussi utile soit cette initiative qui ne pouvait donc qu'échouer.

3- L'argument de l'héritage abandonné. Chaque nouveau président se tourne vers l'ancien et son bilan pour le décrier et expliquer ainsi toutes les peines qu'il a à mener sa propre politique. Macron rompt avec cet argument trop facile. Il ne met pas en cause son prédécesseur pour justifier ses difficultés. Il ne reporte pas les torts sur les autres, en reste à son mandat, à la politique qu'il a inaugurée en arrivant au pouvoir. On ne va pas sans cesse revenir sur le passé !

4- La fin du mea culpa. Notre société est gangrénée par une mentalité insupportable, psycho-morale, qui oblige à faire attention aux mots qu'on emploie, à se soumettre à un langage politiquement correct, à pratiquer ce qu'on appelait autrefois la langue de bois, qui s'est transformée en langue de coton ou de velours. Macron s'en fiche et c'est excellent ! Illettrés, gens de rien, fainéants, bordel et j'en passe, il assume complètement, ne s'excuse pas. Parce qu'il dit ce qu'il pense, c'est-à-dire ce qu'il croit être vrai ; parce qu'il refuse la bien-pensance, le parler bourgeois, tout en pratiquant un français tout à fait correct. Quel bonheur que cette transgression !

Sur le fond, Macron a défendu son projet, qui n'est pas de gérer la société, mais de la transformer en profondeur. Pour aller vers quoi ? Une société du travail. Le PS s'est effondré parce que son candidat a défendu l'idée d'une fin du travail, pour finalement déserter après la bataille. La droite a échoué parce que son candidat, pourtant homme d'Etat doté d'un solide programme, s'est perdu dans le lamentable scandale du travail fictif de son épouse. Si Macron l'a emporté, c'est entre autre parce qu'il a restauré l'idée d'une société du travail, là précisément où les autres candidats ont péché.

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